Pour sortir le Mali du mauvais pas dans lequel il se trouve, chacun y va de sa solution. Pendant que certains prônent le dialogue pour que les djihadistes qui occupent la partie septentrionale du pays la quittent gentiment, certains ne jurent que par une intervention militaire pour les bouter hors du pays.
Et chacun œuvre de son côté pour faire aboutir voire imposer son option. Les initiatives et les démarches se contredisent à tel point qu’on se perd souvent en cherchant à voir de près la situation. Le président tchadien, Idriss Déby Itno, est même perdu par ce qu’il voit et entend sur le Mali. Il l’a dit le 5 décembre dernier en France. En effet, à l’issue d’une audience à l’Elysée avec son homologue français, il a fait état de « confusion totale » concernant la situation au Mali. Pour illustrer son propos, il a pris l’exemple de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui est pour une intervention militaire pour libérer la partie occupée et celui de Ban Ki-Moon, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), qui a récemment mis en garde contre les risques d’une opération armée dans le septentrion malien. Il a conclu en faisant savoir qu’il ne se retrouvait pas dans une telle cacophonie. S’il devrait multiplier les exemples, Déby Itno ne manquerait pas de prendre ceux de ses homologues nigérien, béninois et ivoirien qui martèlent qu’il faut une intervention au Nord-Mali.
Et ce, pour les opposer à celui du médiateur mandaté par la CEDEAO qui, dans sa logique du dialogue, met tout en œuvre actuellement pour réunir autour d’une table les protagonistes à savoir le gouvernement malien, Ansar Dine et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Le principe de ce dialogue a même été accepté malgré les réserves de ceux qui prônent l’usage de la force. Les options diplomatique et militaire sont menées de front et il est difficile de voir clair. Le président tchadien a dit tout haut ce que beaucoup d’Africains pensent bas. Au regard du rôle qu’il entend jouer, il y a lieu de l’aider à voir clair dans cette situation. La raison est toute simple : il est disposé à apporter un soutien en hommes en cas d’intervention. Il faut donc faire savoir nettement ce que l’on veut : le dialogue ou la guerre. Ce serait utopique de vouloir à la fois les deux. Il va falloir choisir à un moment donné. Plus le temps passe, plus les occupants s’incrustent au grand désarroi des populations soumises à leur joug. La ministre de l’Intégration malienne croyait si bien dire en parlant cette semaine, à la tribune de l’ONU, de l’urgence pour le Conseil de sécurité d’autoriser une intervention militaire pour « soulager les populations et éviter que le Nord du Mali ne devienne un sanctuaire permanent ».
Le cénacle onusien entendra-t-il sa supplication ? Réponse, quand le Conseil de sécurité se penchera sur la requête de la CEDEAO. En attendant le feu vert tant attendu par les va-t-en-guerre, c’est toujours la cacophonie dont parle le numéro un tchadien qu’il a fallu pourtant courtiser pour qu’il décide d’engager des troupes. Lesquelles troupes sont réputées être expérimentées pour mener des combats dans le désert. Cette cour serait vaine si, las d’attendre que sa lanterne soit éclairée, il y renonce finalement. Il faut éviter de lui donner l’impression que l’aide qu’il propose n’est plus utile.