Dans une lettre adressée aux présidents des différentes institutions de la République, le Collectif des Maliens de France pour la paix (CMFPaix) exprime leur désarroi devant l’amateurisme, le manque de sérieux, la lenteur et la cacophonie avec lesquels l’Etat traite la situation du Mali depuis bientôt un an. Aussi, il exige qu’aucune circonstance atténuante ne soit accordée aux bandits armés qui doivent être traités comme des criminels de grand chemin. Enfin, les Maliens de France souhaitent que la religion soit reste dans sa sphère et ne se mêle pas de la vie de l’Etat. Nous vous proposons l’intégralité de la lettre.
Lettre ouverte
Au président de la République par intérim du Mali, au Premier ministre et aux ministres, au président par intérim de l’Assemblée nationale et aux députés, ainsi qu’à tous les présidents des institutions de la République,
Nous, Collectif des Maliens de France pour la paix (CMFPaix), comprenant des citoyennes et citoyens de la République du Mali, - conscients de la situation gravissime, périlleuse et difficile de notre pays, - conscients de nos droits et surtout de nos devoirs (articles 16, 22 et 24 de la Constitution) envers notre pays, soulignons avec force notre écœurement et notre désarroi devant l’amateurisme, le manque de sérieux, la lenteur et la cacophonie avec lesquels l’Etat traite la situation du Mali depuis bientôt un an. Notre impatience est aujourd’hui grande de voir notre pays retrouver son intégrité territoriale et sa sécurité à l’intérieur de nos frontières internationalement reconnues. La situation du pays est telle que nous doutons sérieusement de la capacité de l’équipe dirigeante au sommet de l’Etat à créer les conditions de rassemblement, de préparation efficace et de motivation du peuple malien afin qu’il puisse résoudre de manière définitive et pérenne cette crise qui n’a que trop duré, avec son lot quotidien de crimes abominables.
Face à ce désastre national et au nom des intérêts supérieurs du Mali, nous, signataires de la présente lettre ouverte, exigeons sans délai : - la libération des régions sous occupation sans condition, - la justice pour toutes les victimes et que la loi s’applique dans toute sa rigueur, - qu’aucune grâce présidentielle ne soit accordée aux auteurs des crimes commis contre notre peuple, notre pays et notre histoire depuis le 17 janvier dernier, - qu’aucune amnistie ne soit votée en faveur des auteurs de ces crimes, - que tous les combattants et responsables des organisations criminelles qui occupent une partie du territoire national (MNLA, Ançar Eddine, Mujao et Aqmi) soient poursuivis par les justices nationale et internationale, – que tous les fonctionnaires, civils et militaires qui ont rejoint ces organisations criminelles, soient radiés et poursuivis conformément à la loi, - que soit sanctionnée par un refus catégorique et immédiat du Mali, toute demande de négociation de quelle que organisation criminelle que ce soit, qui opère sur notre territoire et que soit exigée d’eux une reddition sans conditions en bonne et due forme, - le fonctionnement correct de chacune de nos institutions soit assuré de manière pérenne et rigoureuse, – la laïcité soit appliquée dans la forme et dans le fond, conformément à notre Constitution, - au nom de la laïcité, que la religion quitte le domaine public pour rejoindre définitivement son domaine de prédilection qu’est la sphère privée. La représentation de toute tendance religieuse dans tout ce qui relève du domaine de l’Etat est une violation flagrante de la Constitution du Mali et doit être sanctionnée, – chaque responsable d’institution prenne ses responsabilités et assume pleinement son rôle, à défaut, qu’il se démette ou soit sanctionné.
Par ailleurs, le Collectif des Maliens de France pour la paix dénonce et condamne avec vigueur : - toutes les exactions extrajudiciaires perpétrées contre des citoyens ou des autorités à Bamako ou ailleurs au Mali par des groupes armés illégaux. Nous exigeons que les auteurs soient démasqués et sévèrement punis conformément à la loi. Enfin le collectif interpelle avec insistance le Conseil de sécurité des Nations unies afin qu’il adopte le plutôt possible, les résolutions autorisant l’ultime recours nécessaire à une intervention militaire dans notre pays pour abréger la souffrance de nos populations.