NOUAKCHOTT, 09 déc 2012 (AFP) - L'autorité mauritanienne de régulation des
médias a sommé dimanche une radio privée de s'expliquer sur la diffusion d'un
message de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, un ancien chef d'Al-Qaïda au Maghreb
islamique (Aqmi) appelant les Mauritaniens à intégrer sa nouvelle organisation.
La radio, Sahara Médias FM, récemment inaugurée dans le cadre de la
libéralisation de l'audiovisuel dans le pays, avait diffusé le 5 décembre le
son d'une vidéo de Mokhtar Belmokhtar qui annonçait la mise en place de sa
propre "katiba" (brigade), les "Signataires par le sang", après sa démission
d'Aqmi courant octobre.
Dans cet enregistrement, souligne la Haute autorité de l'audiovisuel et de
la Presse (Hapa), le jihadiste "incitait les Mauritaniens à intégrer le
terrorisme à l'extérieur et à l'intérieur de notre pays".
"Ceci étant en contradiction explicite avec les dispositions de la loi sur
la presse et du cahier des charges" signé par les médias, "la Hapa vous
accorde 24 heures pour vous expliquer à ce sujet", écrit la Haute autorité.
La Hapa rappelle que Mokhtar Belmokhtar, dit "Bellawar" (le borgne), a été
condamné par les tribunaux mauritaniens et fait l'objet d'un mandat d'arrêt
international lancé par la justice mauritanienne pour sa participation à des
attaques et enlèvements perpétrés sur le territoire mauritanien.
Le groupe Sahara Médias, propriétaire de la radio, se défend en expliquant
avoir "diffusé une partie de la vidéo avec le professionnalisme requis, comme
le fait toute la presse dans le monde et n'a nullement cherché à faire la
publicité pour qui que ce soit".
Mokhtar Belmokhtar, récemment destitué d'Aqmi, a quitté cette organisation
jihadiste qui contrôle depuis huit mois le nord du Mali avec deux autres
groupes islamistes armés, et fondé sa propre unité combattante.
Dans cet enregistrement, l'ancien chef de la katiba des "
Moulathamines"(Les enturbannés) appelle tous les musulmans à venir combattre
pour "la cause juste de lAzawad", estimant que ces territoires nord-maliens
font face à une "tentative détrangler le projet islamique", menée par les pays
de la sous-région, "appuyés par les puissances occidentales croisées,
notamment la France".
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