Selon que vous rechargez votre compteur mensuellement ou non, EDM augmente ou réduit vos unités et vous pénalise alors que rien, dans les contrats d’abonnement, ne prévoit une telle variation. Vaste arnaque d’une entreprise en difficulté qui s’apprête d’ailleurs à rehausser ses tarifs ? Enquête…
Le 10 mai 2011, Ibrahima Sangaré, employé à la « SEMA S-A », signe un protocole d’accord avec EDM pour le branchement de son domicile au réseau électrique. EDM, qui a décidé de ne plus vendre de compteurs conventionnels, lui impose 2 compteurs prépayés. Le premier, qui porte le n°14000131889, est installé au rez-de-chaussée du domicile; le second, portant le n°14000116138, est installé à l’étage.
Sangaré ne veut pas être en rupture de courant électrique ni se voir sans cesse obligé d’acheter une carte de recharge des compteurs. Il décide de charger les compteurs à hauteur de 20 000 FCFA chacun. Le compteur du rez-de-chaussée supportant moins de charge que celui de l’étage, Sangaré n’a pas, en 3 mois, rechargé le premier alors que le second a été régulièrement rechargé chaque mois.
Le 26 novembre 2012, Sangaré décide, d’office, d’approvisionner les compteurs à hauteur de 20 000 FCFA chacun. Sa surprise est grande quand on lui remet les reçus de paiement délivrés par l’opératrice de la caisse n° 8 de l’Agence EDM de Faladié, du nom de Mariam Traoré. Sangaré fait les constats suivants :
- compteur de l’étage: montant du crédit: 20 000 FCFA; total payé: 15 704 FCFA; total en unités: 148, 20 kwh. Donc, surle montant de 20 000 FCFA versé, EDM a prélevé 2 827 FCFA de TVA, 240 FCFA de frais de timbre, 540 FCFA pour entretien-location, 97 FCFA de TVA sur entretien-location, et 592 FCFA pour redevance d’éclairage public.
- Pour le compteur du rez-de-chaussée, sur les 20 000 FCFA payé, il est écrit sur le reçu que le montant du crédit est 20 000 FCFA, le total payé de 1407 FCFA, pour des unités de 13, 30 kwh. La TVA prélevée sur le montant versé s’élève à 253 FCFA, les frais de timbre à 240 FCFA, l’entretien-location à 7 830 FCFA, la TVA sur l’entretien-location à 1409 FCFA et la redevance d’éclairage public à 8860 FCFA.
Sangaré ne comprend pas comment, après une recharge de 20 000 FCFA pour chaque compteur, le nombre d’unités attribuées peut changer. Surtout que l’écart entre les unités est grand (140, 20 kwh pour le compteur du rez-de-chaussée et 13, 30 kwh pour celui de l’étage). 4 jours plus tard, le 30 septembre, Sangaré se rend à la même agence EDM et achète une nouvelle recharge de 20 000 FCFA destinée au compteur du rez-de-chaussée (celui auquel EDM avait attribué 13,30 kwh). Surprise: la nouvelle carte de recharge fait état de 158 kwh!
A l’analyse des faits, Sangaré remarque que le nombre d’unités (kwh) attribuées chute quand le client met du temps sans recharger son compteur; le nombre grandit quand il recharge à intervalles proches. Et cela, à valeur de recharge égale (20 000 FCFA). Pourquoi EDM pratique-t-elle une facturation si étrange ? Veut-elle obliger les clients à recharger le plus souvent possible ? Pourquoi diminuer leurs unités quand ils veulent recharger sur une longue durée ? Sangaré, outré, souligne que nulle part, dans le protocole d’accord signé avecEDM, une telle variation d’unités selon le temps de recharge n’est prévue. « Les compteurs électriques prépayés ont toujours été présentés au public comme suivant le modèle des cartes téléphones prépayées: vous aurez dans votre téléphone le nombre d’unités que vous payez. Si ce modèle simple doit changer, le client doit être averti dès le départ, ce qui n’est pas le cas à EDM qui pille ses abonnés à leur insu! A combien de milliards s’élève ce pillage pour l’ensemble des abonnés d’EDM ? Nul ne le sait; rares sont ceux qui ont le temps ou la capacité de déchiffrer les reçus! », s’insurge Sangaré.
EDM défend sa facturation
Nous avons joint par téléphone Bréhima Théra, responsable du « service clients » d’EDM pour réagir aux griefs d’Ibrahima Sangaré. Selon Théra, tout ce qui est mentionné sur les reçus de paiement de Sangaré est tout à fait normal: « Dès qu’un mois passe sans que le client recharge son compteur, il s’expose à des pénalités, même si son compte est créditeur. Cette méthode de facturation, aux dires de l’agent d’EDM, a été fixée par le Centre de Régulation d’Eau et d’Electricité (CREE) et inscrite dans une loi dûment votée par l’Assemblée Nationale. ».
Loi ou pas, CREE ou non, l’on se demande pourquoi EDM, qui passe son temps à publier des messages à la télévision, ne prend pas le soin d’expliquer à ses clients (tous les Maliens !) qu’ils sont plus ou moins lourdement facturés selon qu’ils rechargent mensuellement ou non. Il serait très curieux que les députés autorisent cette facturation étrange sans obliger EDM à l’annoncer dans les contrats d’abonnement. Il est vrai qu’une bonne partie des députés sont analphabètes et qu’une autre frange vote en dormant toutes les lois proposées par le gouvernement ! En tout état de cause, la méthode facturation d’EDM est une bonne matière pour le Renacotem, le très actif réseau des commateurs du Mali qui en fait souvent baver les grandes entreprises publiques ou privées. D’autant qu’EDM s’apprête, dans les prochains mois, à augmenter ses tarifs !