Cette fois-ci, il le voulait d'un genre différent, inclassable parmi ses classiques. Et c'est pour cette raison qu'il a fait appel au spécialiste de l'électro, le producteur Philippe Cohen Solal.
Talé, le nouvel opus de Salif Keita, inaugure des sonorités inhabituelles, tout en gardant cette identité mandingue que son public lui connaît bien. Destiné à faire danser de Paris à Bamako, cet album, Salif Keita jure que ce sera le dernier.
Jeune Afrique : Que signifie le titre de votre nouvel album ?
Salif Keita : « Talé » désigne l'appartenance personnelle, la propriété privée. Ce terme évoque l'intérêt pour l'argent et le fait que ce dernier s'est immiscé partout, même jusqu'au sein de la famille. Dans cet album, je parle de cet argent que l'on a créé et qui veut nous commander, nous rendre esclaves.
De quel genre musical relève cet album : jazz, afro pop, électro ou tout simplement world music ?
Quelle musique n'appartient pas au monde ? La musique des Beatles n'est-elle pas une musique du monde ? La world music n'est qu'une appellation créée par le show-business afin de mettre la musique africaine dans un tiroir. Pourquoi vouloir enfermer la musique dans des cases ?
Vous avez annoncé que Talé serait votre dernier album, pourquoi ?
Ça fait déjà longtemps que je joue. Aujourd'hui, la musique ne nourrit plus son homme à cause du téléchargement illégal et du piratage. À peine un disque est-il mixé qu'il est recopié ! Et puis notre culture n'admet pas qu'un homme pratique ce métier jusqu'à sa mort. Je vis dans un pays musulman où l'on croit encore que mourir musicien c'est périr dans une situation satanique. Une fois mort, on peut jeter votre corps. Personne ne viendra vous enterrer, sauf peut-être votre famille, car l'on considère qu'un musicien n'a aucun mérite.
L'islam et la musique ne sont donc pas compatibles ?... suite de l'article sur Jeune Afrique