Usant de leur devoir de veille sur les acquis démocratiques, et d’alerte en émettant des signaux sur des menaces qui planent sur l’ordre constitutionnel, les organisations de la société civile malienne, d’une seule voix ont demandé le report des concertations nationales qui étaient prévues du 11 au 13 décembre 2012. Comme un seul homme cette société civile consciente se porte en garante de la Constitution du 25 février 1995.
Si l’organisation des concertations nationales a été la volonté exprimée par la majorité des forces vives à Ouagadougou, chez le médiateur, pour permettre à notre pays de sortir de la crise, aujourd’hui, force est de constater que la manière d’organiser lesdites assises divisent les acteurs. De nos jours, de nombreux acteurs parmi les forces vives de la nation élèvent la voix en faveurs d’un nouveau report. C’est le cas des organisations de la société civiles qui viennent de demander le report des assises prévues les 11, 12 et 13 décembre à une date ultérieure. L’information a été donnée hier 10 décembre 2012 au CICB, au cours d’une conférence de presse animée par : Mamadou Diabaté, président du forum des organisations de la société civile, Bréhima Allaye Touré, président du Conseil national de la société civile, Amadou Boubacar Tékété de l’association des droits de l’homme au Mali (AMDH), Mme Traoré Oumou Touré, présidente de la Cafo. A l’origine de cette volonté, les membres de la société civile du Mali évoquent le manque de consensus autour de plusieurs points. Il s’agit notamment de l’impréparation qui caractérise la tenue de ces assises, le manque de consensus autour des termes de références mais aussi de la liste des participants. Il y a aussi le constat que certains membres des forces vives de la nation ont été délibérément exclus ou ayant renoncé à participer aux assises. Selon Mamadou Diabaté, président du Forum des organisations de la société civile, cette demande de report fait suite à une série de rencontres que les membres de la société civile ont entrepris auprès des plus hautes autorités et de certaines forces vives de la nation. Mais aussi, l’analyse des conclusions des assises qu’elles ont tenu les 24 et 25 novembre à Bamako. Les inquiétudes formulées par les différents acteurs et certains regroupements, l’analyse de l’environnement institutionnel caractérisé par un climat de méfiance, suspicion etc. montrent, selon eux, que l’organisation des concertations nationales dans le contexte actuel est de nature à créer plus de problèmes que de solutions pour la sortie de crise. C’est de cette démarche et des arguments pointus que les organisations de la société civile du Mali ont demandé, en toute responsabilité le report des assises des 11, 12 et 13 décembre 2012. Car selon, elles, ces concertations ne répondraient pas, visiblement, aux attentes du peuple sur ses objectifs, à savoir : l’élaboration d’une feuille de route de la transition, la détermination des organes complémentaires de la transition que vit notre pays depuis le mois d’avril 2012. Mieux encore, la commission nationale d’organisation, elle-même, ne fait pas l’unanimité au sein des forces vives dont certaines évoquent le caractère partisan de certains membres. Ce qui fait dire à Mme Traoré Oumou Touré de la Cafo que «Personne n’a le droit de nous prendre en otage au Mali, il faut rendre compte», s’est-elle insurgée. Selon elle, cette décision de la société civile n’est pas contraignante, mais elle se veut juste une alerte aux plus hautes autorités du pays sur cette question. De son avis, les organisations de la société civile ont pour fonction un rôle de veille et de baromètre des actions des autorités publiques. Selon les conférenciers du jour, un report des concertations permettra, aujourd’hui avec le temps, de rapprocher les positions.