Invité par le Parena à venir s’expliquer sur ses responsabilités dans l’importation et la distribution d’engrais de mauvaise qualité dans notre pays, le président de l’Apcam et du Gie d’attribution des marchés d’engrais, Bakary Togola a cru bon se faire accompagner par certains cotonculteurs. C’est lui qui les a choisi, donc des individus bien triés qui lui sont plutôt favorables. Invité à démissionner pour avoir été responsable de l’importation de mauvais engrais, Bakary Togola soutient qu’il n’y a pas que l’engrais seul qui est mauvais au Mali, mais plutôt tout ce qui est importé : sucre, lait en poudre, engrais et même les batteries de véhicule … Il souligne donc l’état général du pays, où rien ne semble se faire avec la rigueur requise. Alors pourquoi le Parena fait-il de la fixation sur le seul engrais ?
La problématique d’engrais de mauvaise qualité est une préoccupation majeure des maliens dont 80% de la population vit de l’agriculture. Face à cette question d’intérêt national, le Parti pour la renaissance nationale (Parena) a pris le taureau par les cornes en inscrivant le sujet au centre d’une conférence-débat. Ainsi, après un Mémorandum implacable sur le scandale de « l’engrais frelaté » et la crise au sein des organisations de producteurs (adopté par le comité directeur du parti le 27 juin 2015), le Parena, dans le cadre de ses activités d’animation politique a organisé le samedi 4 juillet 2015 au Cicb, une conférence débat sur le thème « la question de l’engrais et la crise au sein des organisations de producteurs de cotons ».
Cette conférence débat était animée par le premier responsable du parti, Tiébilé Dramé, non moins ancien ministre en présence de nombreuses autres personnalités. Dans sa déclaration liminaire, le président Tiébilé Dramé a évoqué l’existence au Mali d’engrais hors norme et a demandé la démission du ministre du Développement rural Bocary Tréta et celle du président de l’Apcam et du Gie Bakary Togola. Si le ministre n’était pas là, le président de l’Apcam lui était là en chair et en os, lorsque Tiebilé Dramé lui a demandé en face de démissionner.
La salle de Banquet du centre internationale de conférence de Bamako (Cicb) a servi de cadre le week dernier pour la tenue d’une conférence débat de plus de trois heures d’horloge sur l’engrais hors norme au Mali. Sur les banderoles exhibées dans la salle où se tenait ladite conférence, on pouvait lire : « Le Parena avec les paysans pour les engrais conformes aux normes de la Cedeao », « Le Parena solidaire des producteurs de coton pour la gouvernance au sein de l’Un-Scpc ».
Parmi les personnalités présentes, on peut citer, les anciens ministres, Younouss Hamey Dicko, Salikou Sanogo, Amidou Diabaté, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ali N Diallo, les honorables députés, Mamadou Hawa Gassama, Bakary Koné, Tiassé Coulibaly, le président du Ps Yeelen Coura Amadou Koïta, le président de l’Apcam Bakary Togola, qui avait mobilisé certains cotonculteurs pour défendre sa cause.
Dans son allocution, le président du Parena, Tiébilé Dramé a fait savoir que ce n’est pas la première fois que son parti fait des débats allant dans le sens de l’intérêt général tels que les débats sur le nord, sur l’éducation etc. Faisant le point sur l’évolution de la question d’engrais frelaté, le président du Parena indique : « le 21 mai 2015, le président du GIE s’est vu obligé d’écrire à une vingtaine de fournisseurs pour les inviter à prendre les dispositions utiles pour le retrait et le remplacement des quantités d’engrais hors normes… Lors du Conseil supérieur de l’agriculture tenu le 26 mai 2015, le président de la République a dénoncé le scandale de l’engrais frelaté. Il a exprimé son indignation, a parlé d’éthique et de morale et a promis qu’il n’y aurait pas d’impunité…
Le 14 janvier 2014, le ministre ivoirien de l’agriculture, M. Mamadou Sangafori Coulibaly, a prévenu son homologue malien : Il nous revient de manière récurrente, que des engrais non conformes aux normes de qualité, telles que définies dans le manuel de procédure de contrôle des engrais de la CEDEAO, sont importés et commercialisés en Côte d’Ivoire et dans la sous-région. Les sociétés importatrices sont, pour la plupart, installées en Côte d’Ivoire et au Mali…Entretemps, notre ministre du développement rural n’avait même pas daigné répondre au courrier du chef du gouvernement prévenu, le 2 décembre 2014, par le ministre de l’industrie d’alors ».
A l’en croire, le 4 octobre 2014, le GIE dirigé par Bakary Togola, a délibéré et attribué les marchés d’importation de l’engrais de la campagne agricole 2015-16 à seize opérateurs pour les 210.000 tonnes du secteur coton et à huit opérateurs pour les 37.000 tonnes destinées au secteur céréales pour des prix unitaires oscillant entre 317.000 F et 245.000F la tonne. Tiebilé Dramé a invité tous ceux qui disent qu’il n’y a pas d’engrais frelaté au Mali, d’arrêter ces allégations, car « on ne peut pas dire que l’existence d’engrais hors normes n’est pas vrai », a-t-il dit.
Acculé par les questions interpellatives de Dramé, Bakary Togola de l’Apcam et du GIE a fait savoir qu’au délà de l’engrais, tous les produits importés au Mali sont de mauvaise qualité. « Ce n’est pas seulement l’engrais, tout ce qui est importé aujourd’hui au Mali est de mauvaise qualité. Au marché, le sachet du sucre n’atteint pas le kilogramme, le lait en poudre n’est pas de bonne qualité, même la batterie pour les véhicules n’est pas de bonne qualité. Je pense qu’on doit se comprendre et se faire confiance», a dit Bakary Togola. A l’en croire, l’engrais hors norme a été retiré des magasins.
L’honorable Mamadou Hawa Gassama a remercié le Parena pour cette initiative tout en faisant savoir que Tiébilé Dramé est entrain de faire la lutte pour les paysans. Quant à la présidente des femmes du Parena, Mah Keïta, le problème d’engrais concerne tout le monde. La subvention faite par IBK est effectué sur la base des impôts payés par les Maliens, a-t-elle dit. Selon Amadou Koïta du Ps Yéelen Coura, le problème d’engrais frelaté est plus grave que la crise du nord du Mali.
En conclusion, le président Tiébilé a fait savoir que le ministre Tréta a été le premier à parler 40 000 tonnes d’engrais frelatés. Selon lui, le président et le premier ministre ont tous eu à reconnaitre l’existence d’engrais hors norme au Mali. « Si l’engrais n’est pas complet, la production ne le sera pas et ça va se répercuter sur les paysans et amener la pauvreté. On doit se donner la main pour lutter contre l’importation des produits de mauvaise qualité au pays. Nous souhaitons la paix et l’entente au Mali », a conclu Dramé.
Aguibou Sogodogo