La question des engrais hors normes défraie la chronique. Pour exprimer sa solidarité à l’endroit du monde rural, le Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA) a organisé le samedi 04 juillet 2015 une conférence débats sur le scandale de « l’engrais frelaté » et la crise au sein des organisations de producteurs de Coton.
Djiguiba Keita, PPR
Djiguiba Keita, PPR
Il s’agissait pour le parti du bélier, à travers ce cadre d’échanges, d’éclairer davantage la lanterne de l’opinion nationale sur cette affaire qui ne dit pas toujours son nom. C’était au Centre International de Conférences de Bamako sous la présidence du président du PARENA, Tiébilé Dramé. La conférence s’est déroulée en présence du président de l’Union Nationale des Sociétés Coopératives de Producteurs de Coton (UNSCPC), Bakary Togola, non moins président de l’APCAM et du GIE, chargé de l’Attribution des marchés d’importation de l’engrais et des matériels de traitement, des représentants des partis politiques, , des membres de la société civile, des parlementaires et des leaders d’ organisations paysannes.
Durant trois heures, les uns et les autres ont essentiellement axé le débat sur la véracité de la mauvaise qualité des engrais et leur impact non seulement sur la production agricole, mais aussi sur la santé des gens. La maladresse des propos et l’incompréhension aidant, la rencontre a, à des moments, été interrompue suite au réchauffement des esprits. Mais l’objectif recherché a été atteint puisque les différents acteurs ont pu se maîtriser et partager les préoccupations.
Le président du PARENA, Tiébilé Dramé, a fait savoir que cette initiative du parti s’inscrit dans le cadre de la bonne gouvernance au sein de secteur agricole qui concerne toute la nation malienne. Selon lui, au Mali, le marché de l’engrais et des pesticides, c’est la poule aux œufs d’or. Pour lui, cette affaire d’engrais frelatés met à nu un mécanisme éhonté d’exploitation, de paupérisation et d’enchaînement du paysan malien dont le sang et la sueur sont bus par des opérateurs économiques véreux disposant d’un large réseau de complicités au sein du pouvoir d’Etat.
Il a accusé le ministre du Développement Rural, Bocari Tréta et le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita d’avoir laisser faire sans prendre des mesures et punir les coupables de ce scandale.
Abordant la crise au sein des coopératives de Producteurs de Coton et le parti pris flagrant des autorités, Tiébilé Dramé a mis l’accent sur la mise en garde du ministre Tréta à ceux qui contestent l’autorité du président sortant, Bakary Togola dont le mandat à la tête de l’organisation a pris fin depuis 2013.
Selon lui, il ressort de lettre 00019 du 08 janvier 2015 du ministre que « .. . Toutes les personnes qui se rendraient coupables de pareils actes pourraient s’exposer à la rigueur de la loi ».
Somme toute, le président du PARENA a déploré la fuite en avant du ministre Tréta et l’incapacité de sanctionner les coupables comme dans l’affaire de l’avion présidentiel, celle des commandes de fournitures destinées à l’armée et de nombreuses autres dérives.
Au regard de tout ce qui précède, Tiébilé Dramé a demandé la démission du ministre Bocari Tréta et de Bakary de leur poste pour permettre à ce que toute la lumière soit faite sut cette affaire.
Choqués par cette déclaration du président de PARENA, les partisans de Bakary Togola ont immédiatement réagi en contestant vigoureusement la demande de démission de leur mentor. A comprendre que cela a failli tourner en une partie de combat acharné. Heureusement que les uns et les autres sont revenus à de meilleurs sentiments. Lorsque les esprits se sont un peu calmés, la parole a été donnée à l’assistance pour l’ouverture des débats. Plusieurs intervenants se sont succédé au « perchoir » pour donner leur opinion.
La première personnalité à donner sa version des faits a été le président de l’UNSCPC, Bakary Togola. Il a pour sa part, déclaré qu’il n’a rien à se reprocher. Pour Lui, tout ce qui se dit autour de cette question d’engrais vise à déstabiliser les producteurs de Coton et leur Union. Il a conclu que les résultats de l’analyse n’ont jamais dit que les engrais dits hors normes tuent.
A sa suite, l’honorable Tiassé Coulibaly député élu à Kati, non moins président de l’Association des Organisations professionnelles paysannes du Mali a fait comprendre que l’engrais en question manque des substances, mais il n’est pas mauvais. Il a invité les paysans à aller faire les tests dans leur champ au lieu de se laisser intimider par des paroles politiciennes.
Prenant la parole, au nom de l’URD, le député de Yélimané Mamadou Hawa Gassama, a souligné que même les morts savent qu’il y a de l’engrais hors normes au Mali. Mais, selon lui, tout ce scandale incombe aux autorités. Pour lui, tout le problème des maliens est lié à leur négligence.
Quand à l’honorable Bakary Koné, député élu à Koutiala, celui là même qui a interpellé le ministre Tréta à l’Assemblée Nationale, il a déclaré ceci « En tant que député de la majorité, je dois défendre le gouvernement contre les critiques de l’opposition. Mais, je dois dire la vérité, car je suis paysan. Ma démarche vise à ce que les paysans soit dans de bonne condition de travail. Avant le parti, c’est le pays qui compte d’abord. Je ne suis contre personne. Si le ministre est fautif, il doit être chassé au même titre que tous les complices ».
Pour le président de coopérative des Cotonculteurs de Kimparana, Bakary Klèdjomo Dembélé, Tiébilé Dramé doit aider les paysans à savoir la vérité. Selon lui, tout ce problème n’est que des querelles de postes et non de l’engrais. A ses dires, la Direction Nationale de l’agriculture, seule habilitée à faire les analyses n’a pas dit que l’engrais est nuisible pour la santé.
Le président du PS Yéelen Coura Amadou Koïta a déploré l’absence des fournisseurs. A ses dires, ces fournisseurs doivent s’expliquer sur la qualité de l’engrais. A la fin de la rencontre, le président de PARENA a invité les paysans de s’unir pour assainir le secteur agricole. Il leur a rassuré de l’accompagnement du PARENA.
Jean Goïta