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Présence djihadistes au Sud : .« Il faut prendre au sérieux ce langage d’Iyad qui est d’étendre la charia jusqu’à Kolondièba »
Publié le lundi 6 juillet 2015  |  Le Pouce




Aussitôt après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issue des négociations d’Alger, la menace terroriste qui planait sur le sud du pays s’est matérialisée. En témoignent les attaques perpétrées par des djihadistes contre les localités de Nara en deuxième région et de Fakola en troisième région et l’assassinat des 6 casques bleus à Douentza.

Bien avant la signature dudit document par la CMA, des islamistes avaient commis leur forfait criminel à Misseni dans le cercle de Kadiolo. Ces attaques qui constituent des menacent réelles pour la campagne agricole, ne sont pas des surprises pour le doyen Younouss A Dicko, leader du RDS. Natif du nord et fin connaisseur de la crise sécuritaire qui secoue le Mali depuis 1963, il qualifie ces attaques de matérialisation de l’ambition idéologique initiée par d’Iyad Ag Agali depuis 1989.

Nous vous proposons un large extrait de son analyse clairvoyante : « Pour moi, les attaques contre des localités du sud ne sont pas des surprises. C’est quelque chose à laquelle le Mali aurait dû se préparer depuis toujours. En 1989, Iyad Ag Agali a déclenché la rébellion touareg à partir de Ménaka et plus précisément à Tidakmène, un endroit où il ne restait que des gendarmes. Cette zone est située dans le cœur de la puissance touareg traditionnelle où règnent les Illuimedènes à savoir feu Firhoun, Amatou et Bajan, qui est député à l’assemblée nationale. Iyad a déclenché cette rébellion pour montrer qu’il veut secouer toutes les traditions du Mali et dire que la chefferie s’obtient au bout du fusil. En même temps, j’ai été le premier homme à avoir entre les mains la dépêche qui parle de la position d’Iyad quand il déclenchait la rébellion. On m’a donné ce papier pour analyse. Le BEC m’a personnellement impliqué.

Dans ce document, Iyad disait qu’il voulait libérer le Mali de Kidal à Kolondièba pour établir la démocratie au Mali. A l’époque, des cadres, des intellectuels, des simples chefs de fractions et de villages, de la zone ont écouté Iyad. J’ai dit qu’il faut faire attention car Iyad est un homme sérieux. Mon point de vue a été très simple. J’ai précisé que c’est Iyad qui est dangereux et non les autres. Il était difficile pour les intellectuels de balayer d’un revers de main les propos d’Iyad. Nous avions en ce temps une armée qui pouvait répondre. Tous les autres qui s’agitaient n’étaient rien du tout. Iyad avait une idéologie. Quand les choses ont évolué, surtout avec la présence du MUJAO, d’AQMI, qui sont dans la zone, il a alors décidé d’établir la charia. Son erreur a été de dire cela, mais les gens du nord ont pactisé avec le MUJAO. C’est dire que lorsqu’on parle de l’Islam, les gens du nord ne sont pas effarouchés. Ils s’entendent et ils se comprennent. Un musulman ne peut rien faire à un autre. La seule loi est de respecter l’islam. Même celui qui a les armes, lorsqu’ il ne respecte pas les règles, il sera fusillé. Aujourd’hui, Iyad a légèrement changé de fusil d’épaule.

Au lieu de parler de démocratie qui va mobiliser tout le monde, il parle de charia qui va dans son entendement mobiliser tous les musulmans, plus ou moins. En parlant de charia, il y a forcement des adversaires à savoir des Etats, des intellectuels classiques. Je crois que si on ne fait pas attention la situation peut devenir plus dangereuse. Il faut prendre au sérieux ce langage d’Iyad qui est d’étendre la charia jusqu’à Kolondièba. La situation peut être plus dangereuse que ce que nous avons déjà connu. Pour les uns et les autres, des touaregs ont été stigmatisés, mais pour ce qui est en train de se préparer il faut s’attendre au pire. Car ce qui va venir concernera tout le monde.

L’évolution au sein des groupes sociaux va être différente de ce qu’on a connu jusqu’ici. On verra alors des maliens ordinaires qui vont s ‘entredéchirer. La république du Mali doit prendre des dispositions pour étouffer ça dans l’œuf et tout de suite.

Tous les problèmes qu’on a vécus sont des problèmes de négligences avant d’être des problèmes militaires ou politiques. Jusqu’ici, qu’est ce qui se passait ? Un groupe d’hommes tue des militaires dans leur camp. Des camarades d’armes se lèvent, tuent d’autres et s’en fuient avec des armes. Ensuite il y a un lobbying qui vient dire au président du Mali qu’il faut négocier. J’ai vu ça de mes yeux. A l’époque j’ai même dit qu’il faut faire attention. Quand on tue des militaires, on ne négocie pas. On tire d’abord et ensuite on négocie. Si on continue sur cette même trace, c’est le Mali qui va s’affaiblir d’avantage. Il faut régler cette affaire au plus vite. Déjà, la Côte d’Ivoire a pris des dispositions en sécurisant le long de ses frontières avec le Mali dans ces zones. Il est important que le Mali en rajoute ».

Jean GOÏTA
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