Après des mois de négociations, un accord de paix a finalement été signé le 20 juin. Encore faut-il le faire appliquer dans des régions où beaucoup de gens craignent de voir leurs affaires menacées.
À ses confidents, il glisse que ses larmes ont coulé. Lorsque les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ont signé, le 20 juin à Bamako, l’accord de paix négocié depuis des mois à Alger, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) s’est senti soulagé. À tel point qu’après la cérémonie le président malien est tombé dans les bras de Mahamadou Djeri Maïga, puissant chef militaire de la rébellion peu réputé pour ses élans de tendresse envers le pouvoir central. Les deux hommes se sont chaleureusement embrassés avant de partager ensemble, comme des « frères », l’iftar, le repas de rupture du jeûne en ce mois de ramadan.
IBK est passé à la vitesse supérieure
Il faut dire que l’accord de paix, signé une première fois par le gouvernement et les groupes armés loyalistes le 15 mai, a été difficile à décrocher. Longtemps accusé de ne rien faire pour régler la situation dans le Nord, durement critiqué en coulisses par ses partenaires régionaux et internationaux, IBK a fini par passer la vitesse supérieure. « Il s’est enfin bougé et a réactivé, en début d’année, son dispositif de négociations, glisse une source ministérielle occidentale. La signature de cet accord ne se serait pas faite s’il n’avait pas été à la manœuvre. »
S’il se dit déterminé à aller au bout de ses engagements et à réaliser ce pour quoi il a été élu (restaurer l’intégrité territoriale du Mali), le chef de l’État est encore loin d’avoir atteint ses objectifs. « La signature de ce texte est une étape nécessaire mais pas suffisante, qui marque le début du règlement de la crise. Sur le terrain, tout reste à faire », affirme un haut gradé français de l’opération Barkhane.
Le chantier du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration
La première et principale difficulté sera le vaste chantier du DDR (désarmement, démobilisation et réintégration), dont le calendrier s’annonce extrêmement serré. D’ici à quatre mois, il faudra déterminer les effectifs exacts des groupes armés signataires du texte (une fourchette de 3 000 à 5 000 combattants est avancée, mais personne ne dispose d’estimation précise), établir des points de cantonnement et de démobilisation, et enfin organiser l’intégration progressive de ces hommes au sein de l’armée. « Cela va prendre du temps. Nous voulons faire les choses correctement, en tenant compte des réalités du terrain », affirme Tieman Hubert Coulibaly, ministre malien de la Défense. De leur côté, les membres de la médiation internationale insistent sur la nécessité d’agir rapidement afin de profiter du climat de confiance ambiant.
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