C’est dans le souci de faire toute la lumière sur la qualité de l’engrais qui, manifestement, continue de susciter tant de tollé dans les sphères politiques et les milieux paysans que le Parti pour la renaissance nationale (Parena) a organisé une conférence-débat autour dudit sujet avec tous les acteurs intervenant dans la chaîne. C’était le samedi dernier au Cicb.
Ont pris part à cette conférence-débat, Tiébilé Dramé , président du Parena, Bakary Togola, président de l’Apcam, des paysans, des députés et plusieurs autres personnalitéds. Dans son intervention, Tiébilé Dramé est revenu sur le flou artistique maintenu par les autorités en charge de l’approvisionnement du secteur agricole en intrant. Il s’agit du Ministre du développement rural, Bocary Tréta, et du président de l’Apcam, Bakary Togola. Ainsi, il a fait savoir que le 4 octobre 2014, le Gie dirigé par Bakary Togola a délibéré et attribué les marchés d’importation de l’engrais de la campagne agricole 2015-2016 à 16 opérateurs pour les 210 000 tonnes du secteur coton et à 8 opérateurs pour les 37 000 tonnes destinées au secteur céréales pour des prix unitaires oscillant entre 317 000F. Ainsi, l’un des adjudicataires, Toguna, a saisi officiellement le gouvernement en novembre de la qualité douteuse des engrais fournis par la société Somadeco. Les échantillons prélevés chez tous les fournisseurs sur un total de 9000 tonnes ont démontré que 37% ne correspondent pas aux normes de la Cedeao, car déficitaire en phosphate, azote, potasse et autres éléments nutritifs. « Il est inconcevable qu’un fournisseur malien vende la tonne d’engrais plus cher au Mali qu’en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en plus des facilités douanières qui lui sont accordées ». Selon M.Dramé, l’ampleur des dégâts engendrés par cette affaire devrait amener Bocary Tréta et Bakary Togola à rendre le tablier pour le bien-être d’eux-mêmes et des Maliens. Il a précisé que la période de reconstruction de notre démocratie devrait être mise à profit pour respecter strictement les règles en sanctionnant les fautifs. De surcroit, il a rappelé que le ministre de l’agriculture de la Côte d’Ivoire, Mamadou Sanangofry Coulibaly, après constat de la mauvaise qualité de l’engrais en provenance du Mali, a informé son homologue Bocary Tréta. Prenant la parole, Bakary Tog0la, président d’Apcam, a estimé que cette affaire relève d’une rivalité entre les fournisseurs. « A mon avis, j’ai fait mon devoir », a-t-il affirmé. Et de préciser qu’au Mali, ce n’est pas seulement l’engrais qui doit être indexé de mauvaise qualité. «Il y a beaucoup de produits qui entrent au Mali qui ne répondent pas aux normes », s’est-il défendu. Toutefois, il indiquera que l’engrais a été analysé au laboratoire de la direction nationale de l’agriculture : « La composition n’était pas complète mais elle n’est pas de mauvaise qualité ». Et d’ajouter qu’il a intimé l’ordre de retirer ceux dont les qualités sont remises en cause sans pouvoir vérifier tous les magasins. « Je ne démissionnerai pas, ce n’est pas le Parena qui m’a élu à ce poste, mais les paysans », a-t-il affirmé. Bakary Dembélé, délégué à la production de qualité de coton, a ajouté que les premiers résultats communiqués du laboratoire soutenaient que l’engrais n’était pas frelaté, mais d’autres échantillons ont été prélevés et analysés dans d’autres laboratoires, le contraire a été dit : « Je croyais que tout ce qui provient des machines est la pure vérité. Mais aujourd’hui, nous doutons des résultats du laboratoire. Il faut que les données des laboratoires concordent pour que nous puissions croire que l’engrais fournis n’est pas de la bonne qualité ». Bakary Koné, député élu dans la circonscription de Koutiala, est revenu sur les questions qu’il a eu à poser au ministre de l’agriculture avec les preuves à l’appui. Il s’est dit étonné que le ministre n’ait pu répondre à une seule question. Ainsi, d’autres acteurs, les paysans, se sont succédé au micro, la plupart d’entre eux ont soutenu la thèse de Bakary Togola. Mais, contre toute attente, Drissa Camara, paysan dans le cercle de Koutiala, possédant 20 hectares de coton, a dit le contraire. Selon lui, il ne faut pas voiler la face, l’engrais sur le marché n’est pas de bonne qualité, qu’il est différent des autres engrais qu’il utilisait auparavant. A l’issue d’intenses débats, aucune conclusion n’a pu être retenue.
Boubacar SIDIBE