Des centaines de jeunes ont manifesté, lundi dernier, dans la ville de Gao pour protester contre les groupes islamistes qui ont décrété l’application de la charia. Avec son cortège d’interdits : interdiction pour les femmes (jeunes comme vieilles) de sortir dans la rue sans être voilées, de porter des robes ou des pantalons ou de se maquiller…
Interdiction, aussi, pour les jeunes d’écouter de la musique, de s’habiller à l’occidental, de fumer de la cigarette, de regarder la télé ou d’écouter la radio…
C’est pour protester contre ces interdits, qu’une centaine de jeunes ont battu le pavet, lundi dernier, dans la « cité des Askia ».
Considérée pacifique, la manifestation a été, violement, réprimée par les islamistes.
Sillonnant la ville à bord de leurs véhicules 4x4, ils ont tiré à bout portant –et à balles réelles –sur les jeunes à mains nues, dont le tort est de réclamer un peu de liberté dans leur ville, abandonnée aux groupes islamistes. Qui y règnent, désormais, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Le bilan est lourd : un mort, trois blessés par balle.
Depuis les groupes islamistes, notamment, Ançar dine et Aqmi, les populations vivent sous le régime de la loi islamique : la charia.
Les jeunes, surpris en train de fumer ou d’écouter la radio… se voient administrer des coups de fouet. Publiquement. Même chose par les jeunes filles ou les femmes qui ne sont pas voilées.
Privées de leurs droits les plus élémentaires, les populations du nord vivent le martyr.
Quotidiennement. Pendant ce temps, l’armée censée assurer leur sécurité continue de divertir le peuple en s’en prenant, soit aux institutions de la transition, soit à la CEDEAO.
Abandonnées, ou presque, aux mains de ces islamistes sans foi ni loi, les jeunesses de Tombouctou et de Gao s’organisent pour résister aux assaillants. Avec l’hypothétique espoir de voir l’armée se déployer dans le nord pour mettre fin au règne des « barbus »
Oumar Babi