Le président du Groupement d’intérêt économique (GIE) d’adjudication des marchés des intrants, Bakary Togola, s’est justifié dans l’affaire dite de "l’engrais frelaté" samedi dernier à la tribune du Parena. Il nie toute affaire qui l’incrimine au deuxième plan après le ministre de la tutelle, Bocary Tréta, qui n’a pu convaincre depuis le déclenchement du scandale.
Bakary Togola : Un paysan modèle qui a fait ses preuves, victime d’une cabale
Bakary Togola dans son champ de coton
Après son mémorandum médiatisé sur l’affaire de l’engrais hors norme qui éclabousse le Mali, le Parti pour la renaissance nationale (Parena) a offert le 4 juin une tribune d’expression aux acteurs impliqués et concernés par l’affaire. Le président du GIE, l’invité le plus attendu, a répondu à l’appel du parti de Tiébilé Dramé avec une forte délégation des deux grandes organisations paysannes qu’il dirige, c’est-à-dire le GIE et l’Assemblée permanente des chambres de l’agriculture du Mali (Apcam).
Tiébilé Dramé, dans son mot de bienvenue et dans son mémorandum traduit en langue nationale, a expliqué tout ce qu’il sait du scandale de l’engrais frelaté qu’il a appris du ministre du Développement rural, Bocary Tréta, qui disait en avril 2015 que 40 % des engrais pour cette campagne sont hors normes.
Il s’est indigné de sa négligence face à l’alerte de son homologue de la Côte d’Ivoire un an avant dans une correspondance confidentielle et sa fuite de responsabilité devant l’Assemblée nationale pendant ses interpellations, en refusant de répondre aux questions des parlementaires.
Le président Dramé a confirmé que ni Tréta ni le président de la République ne peut se blanchir dans cette affaire parce qu’ils ont été avisés et ont paradoxalement approuvé les décisions du GIE qui ont abouti à ce scandale.
Rappelant les conséquences des engrais frelatés sur la production agricole, le président du Parena a jugé que Tréta et Togola sont les principaux coupables de ce scandale et exigé leur démission ou révocation, la dissolution du GIE et le renouvellement des instances de l’Union nationale des coopératives des sociétés de production du coton (UN-CSPC) dont le mandat du bureau est arrivé à terme et aussi le bureau de l’Apcam dont le mandat du bureau prendra fin ce 20 juillet.
Sous l’émotion des propos de Tiébilé Dramé, qui l’incriminent et le discréditent, Bakary Togola a été invité au micro pour se justifier. D’abord, il a calmé la tension de ses partisans qui bouillonnaient intensément.
Le président du GIE a reconnu l’existence d’engrais frelaté dans les magasins des paysans. Selon Togola, cette découverte est survenue suite des analyses laboratoires que sa structure a bien voulu pour lutter contre la tromperie des fournisseurs qui réduisent considérablement les rendement agricoles depuis des années.
Il a expliqué que le GIE n’ayant l’autorisation d’effectuer les analyses, il a confié la tâche à la direction nationale de l’agriculture (DNA) en s’engageant à payer tous les frais. Contrairement aux chiffres communiqués par Bocary Tréta à l’Assemblée nationale le 2 juillet, « 4200 tonnes » d’engrais frelatés, Bakary Togola a précisé que les analyses ont prouvé 3404 tonnes sont hors normes.
« Dès lors, nous avons exécuté toutes les sanctions prévues pour la cause. Nous avons exigé des fournisseurs d’enlever et de remplacer leurs produits déficients. C’est la seule responsabilité qui nous est exigée dans cette affaire et nous l’avons déjà fait », a-t-il expliqué. M. Togola a regretté que leur bonne intension soit tournée contre eux aujourd’hui.
Le président du GIE a témoigné que tous les produits importés au Mali ne sont pas de bonne qualité et que les intrants ne font pas exception.
Répondant Tiébilé de sur sa démission à la tête des différentes organisations paysannes, Bakary Togola a dit qu’il ne démissionnera. « C’est les paysans qui m’ont élu et non vous. Je quitterai immédiatement s’ils me le demandent, vous ne pourrez pas me faire partir », a-t-il répliqué.
Au cours de son intervention, Bakary Togola a invité Tiébilé Dramé à visiter les champs où les engrais sont en train d’utilisés pour se rassurer qu’ils ne sont pas toxiques pour les cultures, avant de le remercier pour l’initiation cette tribune pour qu’il puisse se justifier. Mais le hic a été que le président du GIE n’a pas répondu à la question de savoir si les fournisseurs ont retiré ou pas leurs engrais frelatés des magasins.
Maliki Diallo