Aujourd’hui permettez-moi d’aborder le thème de la mendicité qui devient de plus en plus un fléau dans notre pays.
Fisabiliya ! Ce mot aurait posé mille questionnements s’il n’était pas connu de tous les maliens. Fisabililayi dans les rues, fisabililayi au marché, fisabililayi en circulation. Bref, partout fisabillilayi et la voix qui fait entendre ces mots est celle des mendiants. Ils sont si nombreux qu’on ne sait plus vraiment qui est le vrai ou le faux mendiant. Mais chacun mendie et au nom de Dieu puisque fisabililayi veut tout simplement dire « donner à Dieu ». Dans les rues de Bamako, on peut facilement les identifier, soit tirés par une femme ou un enfant parlant des aveugles, ou exposant une plaie, une jambe amputée ou encore d’autres formes d’infirmité parlant des infortunes. C’est une scène pittoresque et vous donne même souvent la chair de poule. J’ai une fois constaté un monsieur juste au niveau du feu tricolore qui se trouve à coté du ministère de la communication avec un plâtre au bras plus de 3 mois sans être changé et je ne vous parle pas de la couleur que le plâtre avait prise en fin de compte.
L’accroissement de la mendicité pourrait s’expliquer par l’indifférence des autorités et leur impertinence décisionnelle. La forme qu’elle prend dans notre pays est une honte pour l’ensemble de la population. C’est aussi la preuve que la dynamique religieuse est un simple discours. Ils sont des milliers de croyants qui voient ces hommes, femmes et enfants dans les coins de rue, dans les carrefours. Sont-ils moins aimés par Dieu que nous autres bien-portants ? Mais il convient de souligner la perversité, l’inhumanité de certaines de ces personnes qui font de cette pratique une opportunité de s’enrichir et d’exploiter des enfants innocents. Après des enquêtes menées nous avons compris que tous ceux qui crient « mendiant » ne sont souvent pas ceux qu’on croit les plus démunis. Beaucoup de mendiants parviennent à se prendre en charge et prendre en charge d’autres personnes. Proposez si vous en avez l’occasion à l’un d’entre eux de quitter les rues et que vous leur prendrez en charge vous verrez leur réaction. Je ne pense pas qu’il soit concevable de voir un vieillard se faire tirer par une fille de 20 ans ou encore une femme qui porte même un bébé au dos. Ne pourrait-elle pas travailler, ne serait-ce qu’être aide-ménagère (servante) dans une famille pour pourvoir aux besoins ? A moins que les rues payent plus ! Il y a des vieillards qui sont issus de bonne famille, leurs enfants mettent tout à leur disposition, mais ils trouvent toujours une occasion pour se trouver dans les rues. Beaucoup sont ceux qui profitent de cette situation pour mener des commerces illicites : je veux parler du trafic de drogue et plusieurs stupéfiants du même ordre.
Mes amis talibés, ah ! Comme je les plains ! Les voir chanter comme des orchestres me fait plutôt réfléchir. Au lieu d’être à l’école ou chez le maître coranique, ils sont dans les rues à quémander, vadrouiller, dormir en pleine lune… que voulez-vous qu’ils deviennent sinon des délinquants ? Tout ça au nom du grand fisabililayi.
Voir les pauvres enfants traînés dans les rues et sous le soleil accablant me donne du chagrin et je me demande où se trouve le militant du droit de l’enfant, voici les causes pour lesquelles ils doivent lutter. Priver un enfant toute la journée de ses parents biologiques sous prétexte qu’ils ont été loués est un crime et une atteinte à la dignité humaine.
Juste attirer notre attention sur ce phénomène de la mendicité qui devient aujourd’hui un fléau dans notre pays.
Mais Attention ! Il n’est nullement question-là de refuser d’aider ceux qui ont besoin de notre secours, nous sommes un pays croyant et nos «Fois» nous invitent à cela, et c’est ça que les mendiants ont compris et s’en servent allègrement, mais seulement faites attention, oui attention sinon…
Ces « mendiants » qui construisent des maisons
Cela vaut la peine d’en parler.
Au Mali, il y a plusieurs sortes de mendiants : ceux qui utilisent leur infirmité pour mendier, les talibés qui mendient au nom de Dieu et celles qui promènent les jumeaux…
Pour ceux qui aiment se promener dans les rues de Bamako, inutile de leur dire qu’en arrivant aux feux tricolores, aux carrefours ou dans un flot d’embouteillage, la seule voix qui se mêle à celui des klaxons et du bruit des moteurs est le fameux « Fissabillayi » qui veut dire tout simplement donner à Dieu. Cette voix est celle des mendiants. Ici au Mali, il y a plusieurs sortes de mendiants : il y a ceux qui utilisent leur infirmité pour mendier, il y’a les talibés qui mendient au nom de Dieu et celles qui promènent les jumeaux. Mais tout compte fait, la pratique s’avère lucrative à tout ce groupe. Aider les pauvres est une recommandation de Dieu et de toutes les religions monothéistes. Malheureusement de nos jours, on ne sait plus qui est pauvre et qui ne l’est pas, qui mendie par nécessité et qui le fait pour s’enrichir facilement.
A première vue, les mendiants, puisqu’il faut les appeler ainsi, sont très pauvres et si vous n’avez pas le cœur en béton, vous risquez de sombrer dans un grand chagrin à défaut de ne pouvoir les aider, mais si vous les suivez de près, vous verrez qu’ils sont deux fois plus riches que vous et pire, vous pourrez trouver parmi eux des trafiquants de drogue.
Les mendiants construisent des maisons : un paradoxe
Les mendiants construisent bien et bel des maisons et beaucoup d’entre eux auraient même des Sotrama (car de transport public bamakois) en location. Un jeune d’une trentaine d’année dont nous taisons le nom, résident à Baco-djicoroni raconte : « La mendicité est devenue un métier, je dirai même un commerce bénéfique dans la circulation. La sincérité est une ouverture du cœur et on la trouve chez peu de gens et ce que l’on voit comme ordinaire, n’est que dissimulation pour gagner la confiance des autres. Je connais des jumeaux mendiants qui sont parvenus à construire deux villas à Bacodjicironi et qui possèdent deux SOTRAMA en circulation mais continuent quand même de mendier. Soyons sincères, où est l’éthique ? Il faudrait plutôt les appeler des entrepreneurs au lieu de mendiants. Moi je n’ai même pas une chambre où poser ma tête mais je travaille dure hein ! Que dire de ceux qui en profitent pour faire du trafic de drogue avec l’argent de la mendicité ? Mendiant, mendiant… laissez-nous passer ouais ! ».
Les talibés ne sont pas en marge
Les « talibés » ne sont pas en marge de cette pratique, les maîtres coraniques profitent de leur innocence pour faire fortune. Les enfants sont obligés de rentrer le soir avec une somme fixée d’avance par certains maîtres sans scrupule. « Un enfant de 10 ans à l’habitude de passer la moitié de la nuit devant notre portail, raconte un enseignant. Après quelques questions, je compris qu’il ne veut pas rentrer parce qu’il n’a pas pu rassembler les deux mille francs (2000F CFA) que son maître lui avait exigés. Je l’invitai à passer la nuit chez moi et ensuite, je lui remis la somme et il s’en alla. »
Les mères de jumeaux
Quant aux femmes qui promènent les jumeaux, le sujet est encore plus délicat, car profitant de la passivité d’une certaine religiosité, elles ont dépassé les bornes. L’islam atteste qu’il est bon d’aider les jumeaux car le prophète PSL serait issu des jumeaux. Malheureusement là aussi, les gens en ont fait un commerce. Aujourd’hui les femmes font promener ces créatures innocentes sous un soleil sans merci, accablées de faim et de fatigue sans parler des maladies qu’ils contractent sur les lieux publics. Force est de reconnaître que tous ces jumeaux ne sont pas de vrais jumeaux. Certaines femmes vont jusqu’ à louer des enfants de mère différentes et le coût de la location s’élèverait à 2000F Cfa la journée. Grâce à ces jumeaux, certaines femmes seraient parvenues à faire fortune.
Vrai ou faux, les mendiants ne se plaignent pas de leur sort ! Quant à la population, beaucoup sont ceux qui pensent que c’est en donnant aux mendiants qu’ils se feront une place au paradis. Mais les mendiants eux se servent allègrement de l’intelligence de la population. Vigilance, vigilance !
Amadingué Sagara