Pour sa deuxième rencontre avec la presse, la Minusma a étalé les grandes lignes de son nouveau mandat. L’occasion était toute trouvée pour le représentant adjoint du Secrétaire général des Nations-Unies, Arnauld Akodjénou, et ses collègues responsables de la mission onusienne de traiter en détail sa présence au Mali. C’état hier 7 juillet 2015 à la Maison de la presse.
Arnauld Akodjénou, représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations Unies
Arnauld Akodjénou, représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations Unies
Avec la résolution 2227 du 29 juin 2015, le mandat de la Mission orientera ses activités vers des tâches clefs relatives à la mise en œuvre de l’accord de paix. Considérée comme une particularité de ce nouveau mandat, le Conseil de sécurité des Nations-Unies rappelle sa disposition à envisager la mise en place d’un dispositif de sanctions en cas de violation du cessez-le-feu, d’obstruction de la mise en œuvre de l’accord pour la paix ou d’attaques contre la Minusma.
Profitant de la rencontre avec les journalistes, le Secrétaire général adjoint des Nations-Unies, Arnauld Akodjénou, a indiqué les missions de la Minusma. Avant d’appeler les uns et les autres à corriger un certain regard sur les forces onusiennes. «La Minusma n’est pas un corps étranger au Mali», a-t-il lancé. Car, selon lui, le Mali contribue aussi ailleurs dans les troupes des Nations-Unies.
Membre de l’Organisation des Nations-Unies, le Mali se retrouve forcément dans les actions de ses forces. Expliquant le contexte dans lequel la l’Onu intervient dans notre pays, Arnauld Akodjénou va jusqu’à même comparer la mission du Mali à celle menée en Afghanistan. Mieux, souligne le haut responsable de la Minusma, la Résolution 2227 se justifie amplement, car le Conseil de sécurité des Nations-Unies considère la situation au Mali comme une menace qui va au-delà de ses frontières. Et d’annoncer qu’avec ce mandat, la Minusma, dans la limite des moyens à sa disposition, s’attellera à aider le gouvernement malien à gérer les quatre piliers essentiels que sont la Politique et institutionnel, la Défense et la sécurité, le Développement et enfin, la Réconciliation et la justice.
Répondant aux accusations sur la perception des actions de la Minusma par les populations, Rachida Achouri de la Division communication a précise qu’il y a différentes façons de voir. Car, ce que pensent les populations de Douentza, de Tessalit, n’est pas forcement la mentalité des populations des autres localités du pays.
De son côté, le Colonel Mauris Torens, souligne que là où la police de l’Onu se trouve, il y a moins d’insécurité.
«Nous sommes aux côtés de vos forces de l’ordre, on ne pas se substitue à elles. Tout comme les juges et les policiers», explique l’adjoint de la police onusienne, Jean François Voillot.
Pour sa part Djibril Ly de la Division justice pénitentiaire a axé son intervention sur les efforts de la Minusma dans le cadre de la réhabilitation des tribunaux et des maisons d’arrêt à Tombouctou et à Gao.
Niet sur les lacunes de ses forces
Le 17 juin 2015, lors de la présentation de son rapport d’activités au Mali, le général, commandant en chef des forces onusiennes au Mali a décrié dans de termes clairs les lacunes des forces de la Minusma. «La Minusma aurait pu éviter certaines de ces pertes, si ses soldats avaient été mieux formés et mieux entraînés par leurs pays d’origine avant leur déploiement», avoue-t-il. Et d’ajouter : «Beaucoup de mes soldats ne sont pas assez bons dans les compétences de base requises, comme repérer des mines ou appeler à l’aide des hélicoptères pour évacuer des blessés». Avant de poursuivre : «Nos troupes méritent d’être bien protégées dans leurs camps contre les tirs et les véhicules piégés, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas».
Plus loin, le commandant en chef adjoint des forces onusiennes a déploré les conditions souvent minimales de ses soldats, notamment le recours pour approvisionner la Minusma. «Ça ne marche pas dans un environnement hostile comme au Mali. C’est irresponsable de continuer à aller (dans le Nord du Mali) avec de vieux camions civils fragiles non protégés et conduits par des gens qui ne sont pas des soldats», a lancé le général Danois devant le Conseil de sécurité. Ce qui n’a pas été évoqué ni par les journalistes, ni par les responsables de la Minusma, hier lors de la rencontre avec la presse.
Insolite
Ce qui paraît insolite, c’est bien le fait qu’au moment où nos autorités critiquent la mission onusienne, celle-ci préfère tabler sur les actions qu’elle a menées pour faciliter le déplacement de certaines structures nationales. «La Minusma a transporté 700 officiels, soit au Nord ou dans le reste du pays», a lancé Akodjénou hier face à la presse. Une façon de répondre aux autorités maliennes qui avaient des doutes sur sa mission dans notre pays. En tout cas, sans la Minusma, les autorités maliennes ne pouvaient pas rallier certaines localités du pays, notamment le Nord. Les avions de la Minusma sont devenus leur moyen de transport privilégié.
Harouna COULIBALY