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Résolution de la crise malienne : L’Ambassadeur français dit haut ce que les autorités pensent bas
Publié le mercredi 12 decembre 2012  |  Le Guido


L`Ambassadeur
© aBamako.com par as
L`Ambassadeur de la France Christian Rouyer reçu en audience par le président par interim Dioncounda Traore.
Jeudi 11 octobre 2012. Bamako. Résidence du président par interim Dioncounda Traore.


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L’Amicale des Anciens Militants et Sympathisants de l’Union Nationale des Elèves et Etudiants du Mali (AMS-UNEEM) a organisé un déjeuner de presse le vendredi, 7 décembre 2012, à la Pyramide du Souvenir sur le thème : «La politique de la France au Sahel: le cas du Mali». La conférence était animée par Christian Rouyer, Ambassadeur de France au Mali. Outre le Secrétaire général de l’AMS-UNEEM, Oumar A. Maïga, on notait la présence de nombreuses personnalités dont Seydou Badian Kouyaté, Aly Nouhoum Diallo, l’ancien Premier Ministre Soumana Sacko et Tiébilé Dramé.

A l’entame de ses propos, Christian Rouyer, Ambassadeur de France au Mali, a rappelé que son pays n’a pas déserté le nôtre. Depuis 8 mois, dit-il, la France est restée aux côtés du Mali. «Certes, comme tous ses partenaires techniques et financiers, nous avons suspendu notre aide. Je dirais que c’est automatique, en présence d’une interruption d’un processus démocratique dans un pays quel qu’il soit. Nous ne pouvions pas maintenir notre coopération avec un Gouvernement issu d’un coup d’Etat», a-t-il précisé.

Mais, malgré la suspension des aides françaises, le pays a maintenu tous ses services diplomatiques et consulaires en activité. Le lycée liberté est resté ouvert et les experts techniques ont continué à travailler dans les administrations. A cela, il a ajouté que toutes les entreprises françaises sont restées, sauf celles qui ont leurs chantiers au Nord. «Nous avons développé notre aide humanitaire. Nous apportons entièrement notre soutien à l’action internationale en matière de droits de l’homme et de préservation du patrimoine», a-t-il affirmé. Et de rassurer que le Mali peut compter sur la France pour condamner tous les excès qui ont pu avoir lieu au Nord et condamner les excès qui ont eu lieu au Sud. «La France n’a, en aucun moment, envisagé d’abandonner le Mali dans l’adversité», a indiqué l’Ambassadeur. Puis de poursuivre : «Nos destins sont liés, parce que ce qui vous arrive, nous touche et nous concerne. Nos préoccupions, c’est d’avoir un Mali fort et uni, parce que c’est un partenaire traditionnel. Nos préoccupations, c’est de ne pas voir une zone d’instabilité au cœur du Sahel, qui soit une zone de non droit, une zone propice à tous les trafics, à tous les actes et menaces terroristes en direction de l’Europe».

Malheureusement, reconnaît l’Ambassadeur, cette zone de non droit ne date pas du 17 janvier 2012, mais bien avant. Il souhaite que les Etats dits du champ (Algérie, Mauritanie…) qui sont les premiers concernés, se mobilisent et coopèrent efficacement entre eux avec l’appui de la Communauté internationale.

Le dialogue, le mot qui dérange les Maliens

«Le dialogue est chez vous un point assez douloureux sur lequel vous vous interrogez. C’est difficile à dire, les conseillers ne sont pas les payeurs, mais le conseil que je peux donner, c’est de ne pas laisser la passion envahir et de faire prévaloir parfois, quand il ya une situation de crise, la raison», a martelé l’Ambassadeur. Et d’ajouter : «On ne peut pas admettre qu’un pays soit amputé ; on ne peut pas admettre qu’un Etat voit échapper une partie de son territoire. Dans la phase douloureuse actuelle, si on rajoute la passion, on ne trouvera pas de solution. Le dialogue qui s’esquisse, n’est pas un but en soi. Je rappellerais simplement qu’il est formellement prévu par la Résolution des Nations Unies. En nouant le dialogue, les autorités maliennes ne trahissent personne, elles appliquent la Résolution des Nations Unies qui précise et invite les groupes rebelles maliens à rompre tout lien avec les organisations terroristes. Elle exhorte les autorités de la transition malienne, les groupes rebelles maliens et les représentants légitimes de la population locale du Nord du Mali à entamer, dès que possible, un processus de négociation crédible, en vue d’une solution politique viable».

Par ailleurs, il a souligné qu’il y a deux démarches complémentaires pour la sortie de crise : une phase de négociation et une phase militaire. Pour l’Ambassadeur français, dès lors que les autorités parviendront à un accord avec certains groupes armés, c’est un élément de solution. Il n’aura pas de solution au problème du Nord, si toutes les communautés du Nord ne se retrouvent pas autour d’une table et discutent, car aucune d’entre elles ne peut prétendre parler au nom des autres.

Dans cette optique, il trouve que la réunion de Ouagadougou entre le Gouvernement du Mali et les groupes armés va dans le sens de la Résolution des Nations Unies. Cependant, Christian Rouyer précise que la négociation entre le Mali et les groupes armés ne doit en aucun cas freiner le calendrier de la préparation de l’intervention militaire. «C’est pourquoi, la France avec ses partenaires, a décidé dès le 12 octobre 2012, de reprendre sa coopération militaire avec le Mali. Mais, rien ne se fera tant que l’armée malienne n’aura pas été reconstruite. Pour cela, la France insiste pour que le calendrier onusien soit tenu. Il y a une première Résolution le 5 juillet 2012 ; une deuxième le 12 octobre passé.

Maintenant, nous attendons une troisième Résolution d’ici la fin décembre. Ce ne sera pas la dernière parce que c’est un processus évolutif, beaucoup plus complexe qu’on ne le pense. De toutes les façons, l’armée malienne n’est pas prête, les forces internationales ne sont pas prêtes», a-t-il précisé.

Ne pas se focaliser sur les dates

Sur la date précise de l’opération militaire, Christian Rouyer ne va pas par le dos de la cuillère. «Continuons ce processus, c’est la détermination qui est celle de la France, des partenaires africains, afin d’obtenir cette Résolution des Nations Unies pour permettre le déploiement de la MISMA (Mission de Soutien au Mali). Le calendrier sera tenu. Ne nous focalisons pas sur les dates, il faut être lucide. Ceux qui avancent des dates lointaines veulent s’entourer d’un maximum de garantie d’opérationnalité des forces sur le terrain.

Ceux qui avancent des dates trop rapprochées, c’est peut-être un peu démagogique, car aujourd’hui, cela me paraîtrait vain. Je ne connais aucun chef de guerre, quel que soit le pays, quelle que soit l’époque, qui va dire que je vais frapper à cette date et à tel endroit, dans telle circonstance. Laissons le doute, préparons-nous sans perdre de temps pour être prêts, le moment venu. C’est dans ce sens que récemment une mission militaire française est venue. C’’est à cela que nous travaillons avec les partenaires maliens, de la CEDEAO et de l’Union Africaine», a révélé l’Ambassadeur de France au Mali.

Le MNLA en France

Pour l’Ambassadeur Christian Rouyer, la France a certaines radios, parce que c’est peut-être une faiblesse, qui sont libres de donner la parole à tel ou tel représentant de groupe armé. Il a rappelé et regretté, le silence des autorités maliennes aux mois de janvier et février 2012. Alors que les micros leur étaient ouverts, elles ne se sont pas exprimées.

Il a aussi ajouté que parmi toutes les personnes qui ont été accueillies sur le sol français, aucune d’entre d’elles n’était visée par un mandat d’arrêt international. «Là, nous sommes solidaires. Tant qu’il n’y a pas de mandat d’arrêt international, on ne peut pas empêcher quelqu’un de venir sur le sol français. Sauf si nous-mêmes, avons de griefs contre cette personne», a souligné Christian Rouyer.

Par rapport aux crimes de guerre, l’Ambassadeur reconnaît que la France a dénoncé. Il a révélé ceci : «Les autorités maliennes, du moment qu’elles ont annoncé qu’elles diligenteraient une commission d’enquête sur Aguel Hoc, j’ai dit de faire attention. Si elles veulent que ce soit opposable sur le plan international, voila à quel critère la commission d’enquête doit répondre. Mon conseil d’ami n’a pas été pris en compte. La commission d’enquête a été ce qu’elle est, uniquement faite d’officiers qui ont recueilli des témoignages. Une commission d’enquête internationale comprend, par définition, des légistes, des spécialistes des droits de l’homme, etc. Nous soutenons devant les instances internationales l’idée que ces crimes devraient être poursuivis».

Concernant la visite du MNLA en France, Christian Rouyer a été on ne peut plus clair : «Quant le MNLA a souhaité venir à Paris s’expliquer, nous avons informé au préalable toutes les autorités du Mali, en disant que nous avons cette demande et que s’il n’y a pas d’inconvénients, on va lui délivrer le visa, parce que nous avons aussi certains messages à faire passer. Le message était sans ambigüité : il faut absolument renoncer officiellement à l’indépendance et à l’autodétermination. C’est un préalable et la Communauté internationale a adhéré à ce préalable. Nous soutenons les autorités maliennes à ce point. Si on ne reçoit pas les gens, on ne peut pas leur faire passer le message. Moi-même, j’ai rendu compte aux autorités maliennes des conditions dans lesquelles le MNLA a été reçu à Paris».

Ahmadou MAÏGA

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