Depuis son élection comme député, Oumar Mariko est considéré comme étant la bête noire des ministres. Aucun ministre au cours de son séjour dans le gouvernement ne souhaite le croiser, du moins lors d’une quelconque séance d’interpellation. Malheureux sont les membres du gouvernement qui croisent ce Mariko à l’Assemblée nationale. C’est ce que les Maliens semblent attendre de leurs députés.
Connu pour ses frasques lors des débats à l’Assemblée nationale, Oumar Mariko, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a encore fait parler de lui, jeudi dernier lors d’une séance plénière. Ce jour-là, il a encore coincé deux ministres (le ministre du Développement rural et celui de la Sécurité) à qui il avait adressé des questions orales sur les préoccupations touchant directement les populations : l’insécurité qui a pris du galon sur l’ensemble du territoire nationale, les engrais ‘’frelatés’’, l’accaparement des terres, la crise des passeports et des
cartes d’identité et autres problèmes au sein de la police nationale.Depuis l’arrivée de Mariko à l’Assemblée nationale, les membres du gouvernement qui ont accepté de se soumettre à ses questions orales ont vécu l’amère expérience de se voir maltraiter par celui-ci. Les ministres Bocari Tréta du Développement rural et Sada Samaké de la Sécurité interpellés par lui, la semaine dernière, ne nous diront pas le contraire. Au cours des débats tendus et houleux, émaillés parfois d’injures, Mariko a prouvé aux Maliens que les deux ministres ne sont pas à la hauteur des missions qui leur sont confiées.
A noter que ces débats de la semaine dernière ont valu à Mariko une popularité éphémère. Car nombreux sont ceux qui ont applaudi le député élu à Kolondièba pour avoir parlé avec le cœur de l’écrasante majorité des Maliens en touchant du doigt certaines de leurs préoccupations.
Cette sortie de Mariko divise la majorité présidentielle dont il est membre. Pour certains députés de la majorité, en interpellant sans cesse les membres du gouvernement sur des questions brûlantes, le président du parti Sadi, ne fait que le jeu de l’opposition, laquelle est devenue inaudible depuis quelques mois. D’aucuns voient en Mariko, un opposant au sein de la majoritaire présidentielle. Mariko lui-même n’a-t-il pas souvent laissé entendre qu’il ne compte pas sur un quelconque soutien de cette majorité ? Mes soutiens, a-t-ildit, demeurent «Dieu et le peuple».
D’autres membres de la majorité apprécie positivement la démarche d’Oumar Mariko lequel, selon eux, fait bien son boulot de député.
«On peut ne peut pas aimer ce monsieur, mais dire qu’il ne fait pas bien son boulot de député, est faux. La majorité des questions évoquées par cet homme sont légitimes car elles touchent directement l’intérêt de la nation et des populations. Contrairement à ceux qui pensent qu’il défend des intérêts personnels. Si nous prenons au sérieux les questions soulevées par Mariko, nous aurons avec nous le peuple. Dans le cas contraire, nous aurons le peuple contre nous», nous a confié un député du RPM.
Comme on peut le constater, du côté de Bagadadji comme au sein du bas peuple, des voix s’accordent à dire que le Mali a besoin des députés du calibre de l’honorable Oumar Mariko pour l’émergence du débat politique et démocratique qui n’existe plus dans notre pays.
Aboubacar Berthé