L’ancien dictateur, le général Moussa Traoré a plus que jamais eu de la cote avec le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéïta. Depuis l’insurrection populaire suivie du coup d’Etat de mars 91 qui l’a chassé du pouvoir, Moussa Traoré a fait une traversée de désert avec son double jugement pour : crime de sang et crime économique, puis son emprisonnement.
Gracié par Alpha Oumar Konaré à la fin de son mandat en 2002, l’ancien dictateur vivait une vie paisible à Djicoroni para, son quartier de toujours, jusqu’au jour où le président Amadou Toumani Touré l’invite à la grandiose cérémonie de la fête du cinquantenaire en 2010.
Puis maintenant c’est le président de la République IBK qui l’invite ; d’abord à sa cérémonie d’investiture au cours de laquelle il déclare à la surprise générale que Moussa Traoré était un républicain. IBK remet ça avec les signatures de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger signé le 15 mai puis le 20 juin 2015.
Le président de la République affiche de plus en plus sa sympathie pour un homme banni et honni par les « démocrates » et à qui on a fait porter le chapeau de la mort de Modibo Kéïta dont IBK aimait rappeler le mérite, s’offusque Amadou Doumbia, un nostalgique de Modibo Kéïta. Ce dernier croit dur comme fer que toute la vérité n’a pas été dite sur la mort du premier président et que le principal suspect (Moussa Traoré) doit être entendu sur cette affaire.
La proximité du président IBK avec l’ancien dictateur n’est-elle pas aussi de nature à altérer davantage ses relations tumultueuses avec Alpha Oumar Konaré ? Ce dernier ayant toujours gardé ses distances avec Moussa Traoré. C’est justement cette constance de Konaré qui l’oppose à nombre de partisans de l’ancien dictateur.
Certains pensent que le rapprochement des deux hommes compense l’amertume qu’IBK nourrit de son clash avec Alpha Oumar Konaré. Or, cela n’est pas pour arranger les choses.
Mais pour les partisans du président de la République, ce rapprochement s’explique par la volonté du président IBK de réconcilier tous les Maliens.
Considéré, par la force des choses, comme un sage, Moussa Traoré est consulté. Ses déplacements drainent encore du monde. Mais pour beaucoup d’observateurs avertis, il y’a des Maliens qui ont la mémoire courte. Moussa Traoré a dirigé le Mali pendant 23 ans avec une main de fer et le résultat est désastreux.
A. H. Maïga