Des bergers maliens retrouvent en Guinée, leurs bœufs volés en Côte d’Ivoire. Le phénomène est devenu récurrent, des animaux en pâturage dans le pays frontière sont retrouvés en territoire guinéen. Mais les propriétaires rencontrent toutes les difficultés à convaincre sur leur appartenance.
Le dernier en date ne fait pas exception. Portés disparus depuis plusieurs semaines à la frontière entre la Côte d’Ivoire et la Guinée, un troupeau de bœufs composé de 22 têtes appartenant à deux éleveurs maliens de la région du Bafing à l’Ouest de la Côte d’Ivoire, vient d’être repéré dans un village frontalier de la République de Guinée.
Mais malgré tous les efforts fournis, avec l’implication du Conseil des Maliens de Côte d’Ivoire, les bœufs des bergers maliens restent toujours en possession du Colonel Guimolo et son acolyte en territoire Guinée. Vivement que les autorités Maliennes qui se soucient de la défense des intérêts des Maliens de l’extérieur, s’impliquent auprès des autorités Guinéennes afin que nos deux compatriotes retrouvent leurs biens.
Chaque saison sèche, ce sont des centaines voir des milliers de troupeaux maliens qui traversent la frontière pour chercher un meilleur pâturage pendant la saison sèche de l’autre coté de la frontière chez notre grand voisin du Sud, la Cote d’Ivoire. Depuis un certain temps, ce grand flux traditionnel des animaux vers la Côte d’Ivoire devient un vrai casse tête pour les autorités des deux pays.
Pour cause, l’insécurité grandissante, la divagation des animaux qui saccagent par moment les cultures et plantations sur leur passage avec pour corollaire des accrochages entre bergers et planteurs, occasionnant même des pertes en vies humaines. Le vol de bétail qui s’est de tout temps greffé à cette grande transhumance transfrontalière devient un grand fléau très difficile à cerner par nos autorités politiques et militaires aux frontières entre le Mali, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Burkina Faso.
Dans le cas d’espèce (22 têtes de bœufs disparus des troupeaux de deux éleveurs maliens de la région de Touba) suite à une plainte de Konimba Diakité, un des bergers victimes, auprès du chef de la communauté malienne de Touba, le Conseil des Maliens de Côte d’Ivoire dépêcha sur les lieux deux émissaires pour porter assistance à ces compatriotes.
La mission composée de Django Goundo Mady, Conseiller du Président Hamet Diawara, Président du Conseil de Base de Côte d’Ivoire et de Sagara Amadou, Secrétaire Adjoint aux Affaires Sociales envoyée par le Conseil des Maliens de Côte d’Ivoire a, quatre jours durant sillonné la région du Bafing auprès des autorités préfectorales de Touba, Borotou, Koro et Booko où les bêtes ont été volées. Partout elle a rencontré l’appui total de l’Administration Ivoirienne qui s’engage résolument dans la sécurisation du cheptel en transhumance venant des pays voisins (Mali et Burkina Faso).
Dans le cas de ces 22 têtes de bœufs qui ont disparu des troupeaux de deux éleveurs maliens de la région de Touba, chef lieu de la région du Bafing, toutes les recherches effectuées dans la région furent vaines, jusqu’au moment où les recherches menées de l’autre coté de la frontière en République de Guinée, se soldent par la découverte des bêtes volées dans un village frontalier de la Guinée nommé Bèsoba. Mais leur soulagement ne fut que de coute durée, quant un habitant du Village se présente à eux comme étant le vrai propriétaire de ces bœufs. Il les aurait achetés en déboursant la somme de 3.250.000Fcfa à des vendeurs. Vrai ou faux ?
Pour récupérer leurs bêtes, les bergers eurent recours aux gendarmes guinéens en poste à la frontière. Après constat des faits, les gendarmes avaient décidé de rendre les bêtes à leurs propriétaires maliens, mais ils étaient tenus de faire leur rapport à leur chef hiérarchique, un certain Colonel Guimolo basé dans la ville de Béla, Chef lieu de Préfecture. Le Colonel se serait opposé à la restitution des bêtes aux Maliens, selon le berger Konimba Diakité et son ami. Ils décidèrent d’aller à Béla, pour trancher la question. A leur grande surprise, le présumé voleur des bœufs était déjà là, à dévisser avec ce dernier.
Ce qui confirma leur soupçon sur la complicité de cet officier de la Gendarmerie dans le vol des bêtes. Cependant, les gendarmes Guinéens au poste frontière qui étaient sûr que les bœufs appartenaient aux bergers maliens, auraient répondu à leur supérieur que les deux bergers sont bel et bien les propriétaires des bêtes volés.
Ils auraient aussi mit en garde leur chef hiérarchique contre son refus de remettre les bêtes à leurs propriétaires. Selon Konimba Diakité, le Colonel très sûr de son coup aurait répondu à ses subalternes qu’il n’y aura rien parce qu’ils sont en Guinée. Toujours selon ce dernier, le Colonel en les voyants, posa la question de savoir si les bêtes étaient à eux ? Ils répondirent que les 22 Bœufs sont bel et bien à eux.
C’est alors qu’il leur demanda de fournir des preuves. Les bergers répondirent qu’il y a des vaches dont les veaux sont restés en Côte d’Ivoire et vice versa. Le colonel demanda une fois de plus aux bergers maliens de lui fournir l’instrument qui avait servi à marquer les bœufs sur le flanc gauche de la lettre « T ».
Les bergers ont apporté cet instrument qui a servi à marquer les bêtes. Il demanda ensuite que le Sous Préfet de Booko (dernière ville frontalière de la Cote d’Ivoire) l’appelle en personne pour attester que les 22 Bêtes ont quitté la Côte d’Ivoire. Ce qui fut fait. C’est alors que le Colonel demanda au Sous Préfet de dire aux Maliens de revenir récupérer leurs bêtes. Mais dès qu’ils sont arrivés le Colonel les fait arrêter en les accusant de l’avoir traité de voleur. Les bergers ont donc présenté leurs excuses pour se libérer des griffes du Colonel Guimolo.
Ce dernier accepta le pardon mais leur demanda de payer la modique somme de 125.00Fcfa. Pour se soustraire des mains de ce Colonel, ils ont dû payer la somme de 100.000Fcfa au Colonel Guimolo. Dès leur libération, pris de peur, l’un des bergers est directement rentré au Mali abandonnant ses bêtes en Guinée, tandis que l’autre nommé Konimba Diakité se refugia à Touba auprès du Chef de la Communauté malienne Seydou Diakité à qui il demanda de l’aide pour retrouver ses bêtes. Affaire à suivre !
Une Correspondance particulière de Djouldé Diallo depuis Abidjan