En toi la vie a précédé la mort voilà pourquoi tu ne pourras plus disparaitre totalement des cœurs et des esprits des hommes et des femmes qui t’ont connue au triple plan comme maman ou grand-mère, comme griotte ou femme de culture et comme patriote.
En toi la vie a précédé la mort voilà pourquoi tu es devenue mère et grand-mère dans une nation qui ne pourra jamais t’oublier car tu as définitivement gagné la guerre contre la mort biologique.
En toi la vie a précédé la mort voilà pourquoi, griotte par héritage, tu es devenue une grande femme de culture aux qualités humaines de modestie, d’humilité, de fidélité et de sociabilité sans pareil.
Mandinka de naissance, de vie, d’inspiration, de physique, de beauté et de voix, maman BAKO, qui, mieux que toi, a intégré la mort dans son schéma de vie? Qui, mieux que toi, a vite été habité par la certitude de l’humaine condition : la finitude?
Chantant Simbo, Soundjata KEITA, tu nous rappelais sans cesse que les braves hommes sont au cimetière et que tout existant est invité infailliblement à gouter à la sauce de l’inexistence. Ton rappel de la finitude humaine fait partie désormais des nombreux et précieux souvenirs que nous gardons du gigantesque et valeureux patrimoine folklorique manding que tu nous as légués maman Bako DAGNON.
En toi la vie a précédé la mort voilà pourquoi tu as mené une vie pleine et nourrie essentiellement d’engagement patriotique sans réserve pour ta Kita natale. Présente à tous les événements socio-politiques, artistiques et culturels de Kita, maman Bako, tu as su donner un sens hautement humain à ton existence par ton engagement patriotique exemplaire pour le rayonnement économique et culturel de ta ville natale et par extrapolation de ton pays le Mali. Tel un baobab bien ancré dans le sol et les branches ouvertes à l’univers, maman Bako, de même fortement enracinée dans ta culture, tu as ouvert au monde entier les portes invisibles du folklore manding à travers ton titre fétiche Tita-Ti dans les années quatre vingt.
Que sais-je encore et que dois-je dire de plus de maman Bako qui, du haut de ses soixante huit ans et au point d’inflexion de son art et de son engagement patriotique, dégusta la sauce de la finitude?
Que maman Bako, tu n’as ni été surprise, ni été brutalisée par la mort car tu t’y étais déjà préparée. Grâce à ta grande et quotidienne préparation tu as affronté la mort la tête haute pour ainsi devenir, à jamais, immortelle au triple plan biologique, artistique et culturel. Maman Bako, tu as conçu et réalisé ta propre sépulture dans le Panthéon immatériel de la nation malienne c’est-à-dire dans la conscience collective des Maliens.
Sortie victorieuse de ta rencontre avec la mort, ta famille, la nation malienne et l’humanité tout entière te chantent le Janjo pour ta bravoure et elles continueront surtout à écouter ta belle et mandingue voix qui chante l’usine d’arachide de Kita, Simbo, Tita-Ti car tu es et restera désormais vivante parmi les vivants et vivante parmi les morts.
Dors en paix et adieu maman Bako…….. !
M. Seydou CISSE, Prof. Assistant de Philosophie à l’ENSUP / FSHSE
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