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Mort d’ag Wadoussène : Meurtre ou accident ?
Publié le dimanche 12 juillet 2015  |  Le Prétoire
Mohamed
© Autre presse par dirpa
Mohamed Ali Ag Wadoussène, l’initiateur de l’évasion




En décembre 2014, après avoir froidement abattu un surveillant de prison, permis une évasion collective de la maison d’arrêt centrale de Bamako et occasionné l’assaut sur un immeuble du quartier ACI 2000, au cours duquel une jeune fille a trouvé la mort, le présumé terroriste Mohamed Aly Ag Wadoussène, qu’on dit proche de certains mouvements islamistes jihadistes, et à qui on impute une responsabilité dans l’exécution des deux journalistes français aux portes de Kidal début novembre 2013, est libéré par une décision extrajudiciaire en échange du Français Serge Lazarevic alors détenu en otage par une cellule d’Aqmi.
Critiqué de toutes parts pour avoir remis en liberté un dangereux terroriste, le président Ibrahim Boubacar Kéita avait affirmé que celui-ci serait traqué sans pitié par tous les intervenants dans la lutte antiterroriste à outrance qui se déroule dans le nord malien depuis quelques années. Il semble que c’est désormais chose faite, si l’on en croit de nombreuses informations distillées ça et là par des officiels français, selon lesquelles, ce neveu d’un membre influent d’Aqmi aurait été abattu au cours d’une opération menée par Barkhane, dimanche dernier, au nord de Kidal. Fin de cavale et happy end ?

Zones d’ombre

Les autorités maliennes, en particulier IBK qui avait promis cette issue, s’en réjouissent. Cependant, des zones d’ombre demandent à être vivement éclairées pour répondre aux nombreuses interrogations suscitées. Officiellement, le présumé terroriste serait mort quarante-huit heures avant l’annonce par les autorités militaires françaises. Cependant, dès le courant du week-end précédent, des rumeurs ont circulé sur la capture de Mohamed Aly Ag Wadoussène, à quelques kilomètres de Kidal, sur la route d’Aguel Hoc. Capturé mais pas tué. Pourquoi les forces spéciales françaises ont tué un homme qu’elles auraient capturé vivant auparavant et pouvaient faire parler ? Ne l’ont-elles pas d’ailleurs fait puisque certaines sources indiquent que l’homme aurait été capturé depuis longtemps ? Et si c’est le cas, pourquoi ne l’ont-elles pas remis aux autorités judiciaires maliennes ?

A en croire cette version, les militaires français ne pouvaient pas le garder en vie pendant tout ce temps sans l’interroger, ne serait-ce que sur l’enlèvement de Serge Lazarevic et, surtout, l’assassinat des deux journalistes français auxquels il est rattaché par de ses amis. Dans ce cas, qu’ont appris les Français sur les auteurs véritables de l’enlèvement et de l’exécution de Ghislaine Dupond et de Claude Verlon de RFI ? Bref, qu’est-ce que les autorités maliennes ne devraient pas savoir de la bouche de Mohamed Aly Ag Wadoussène, notamment en ce qui concerne l’intervention des forces françaises au Mali ?

Informations cruciales

On sait que depuis sa libération par le pouvoir malien, Mohamed Aly Ag Wadoussène avait regagné le grand nord malien, son fief naturel, où il est devenu un des chefs opérationnels de la branche malienne d’Aqmi. Selon de sources crédibles, cette promotion lui aurait permis d’apprendre des informations cruciales sur les raisons et les circonstances exactes de l’assassinat des deux journalistes français. La nouvelle version qui aurait été servie au présumé terroriste, c’est que, contrairement à ce qui se dit, Ghislaine Dupond et de Claude Verlon n’auraient jamais été enlevés. De fait, selon la même source, les deux journalistes de RFI étaient volontaires pour être conduits à une source susceptible de leur révéler le contenu d’un accord conclu entre des gradés français et des responsables du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) avant même le début de l’intervention de la force Serval en janvier 2013. La source ne précise pas le contenu de cet accord, mais il est très probable qu’il soit relatif au retour du mouvement indépendantiste dans son fief naturel, Kidal. Une équipe du Mnla aurait alors été mobilisée pour empêcher les journalistes d’entrer en contact avec leur source, mais serait arrivée trop tard au domicile d’Ambery Ag Rhissa (conseiller au gouvernorat et haut cadre de la rébellion) qu’ils venaient de quitter pour embarquer dans un véhicule 4×4 qui s’est dirigé vers la sortie de la ville. Ordre aurait alors été donné de « tout mettre en œuvre » pour empêcher la rencontre.

La suite est connue du grand public : quelques heures après qu’ils soient sortis de la ville, les corps des deux journalistes sont retrouvés sans vie, visiblement exécutés.

Doute et interrogation

A l’époque déjà, le fait avait suscité doute et interrogation : des terroristes seraient-ils capables de tuer leurs otages alors même qu’aucune demande de rançon n’a eu lieu ? La posture dans laquelle les corps ont été retrouvés correspond-elle avec le mode opératoire des jihadistes qui gaspillent rarement des balles quand ils ont l’occasion d’égorger ?

Il y a surtout ce fait étrange : Le véhicule à bord duquel se trouvaient les journalistes étant déjà sorti de la ville de Kidal depuis un bon moment, seuls des moyens logistiques (drones, satellites, hélicos ou avion de reconnaissance, etc.) importants pouvaient permettre de le localiser dans le vaste désert. Ni le Mnla ni les jihadistes opérant dans cette zone, et encore moins les militaires maliens présents n’avaient de tels moyens.

Aujourd’hui, voilà qu’une autre mort suscite doute et interrogation. Les organisations de défense des droits de l’homme qui s’étaient insurgées contre la libération extrajudiciaire d’un présumé terroriste vont-elles demander une enquête sur ce qui apparait aux yeux de certains comme l’exécution extrajudiciaire d’un présumé terroriste désormais muet ?

Cheick TANDINA

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