L’opération éclair qui a été menée avec beaucoup de professionnalisme a surpris le propriétaire et le voisinage, qui ne se sont doutés de rien. Nonobstant la présence d’un poste de Police, relevant du Commissariat du 10ème arrondissement à côté, d’un peloton de la Garde nationale devant l’agence de la Banque de l’habitat du Mali (BHM-SA) et à quelques marches du 7ème arrondissement à côté de la Mairie de Sogoniko et du poste de Police de la Gare routière du même quartier.
Le banditisme à Bamako ne cesse de surprendre par la perfection de son mode opératoire. C’est le cas du braquage d’un bureau de change manuel aux Halles Houphouët Boigny, le jeudi dernier aux environs de 17 heures. Les malfrats, au nombre de quatre ont séquestré le personnel de l’établissement à l’intérieur pendant des dizaines de minutes sans que le propriétaire et ses amis, qu’ils ont dépassé à la porte en train de causer tranquillement, se doutent de quelque chose.
Dans les conditions maliennes actuelles, on peut dire que la note de l’opération est vraiment salée. Car ce sont 6 millions de FCFA qui sont partis dans la nature et plusieurs téléphones portables emportés. Les malfrats ont également laissé sur le planché un blessé par balle. Il s’agit du comptable de la boite qui a voulu faire de la résistance en refusant de leur donner la bonne clé de la caisse. Pour cela, il a reçu une balle dans le dos en guise d’avertissement. Sinon le langage était clair, ou il donne la bonne clé ou on le « bute ». Il a finalement opté pour la vie en leur indiquant la bonne clé pour avoir la vie sauve en dépit de la blessure grave. Ce coup de feu tiré à bout portant sur le comptable a créé la peur chez les autres qui leur ont obéi, sans murmures encore moins de cri d’alerte pour aviser le propriétaire et ses amis assis tranquillement à la porte.
Mais, à en croire nos sources, tout n’est pas perdu. Comme dira l’autre le délinquant laisse toujours des indices qui peuvent servir de fil conducteur pour les enquêteurs. Ce qui fut le cas. Les malfrats ont eu la malchance de se faire accompagner par un ancien bagnard bien connu du milieu carcéral. Celui-ci a été distinctement identifié par un usager des lieux des heures avant. Lequel aurait attiré l’attention des agents de l’établissement sur sa présence suspecte. Car, dira t-il, le garçon est un bandit de grand chemin. Sa présence sur les lieux constitue de graves menaces pour l’établissement. Mais apparemment, ces conseils sont tombés dans les oreilles de sourds. Car, ils n’ont pris aucune disposition pour prévenir l’opération. Toutefois, la trace laissée par l’ancien pensionnaire de Bamako-Coura servira à mieux éclairer la lanterne des enquêteurs du 10ème arrondissement qui ont déjà ouvert une enquête.
Le rocambolesque cambriolage concerne Abdoul Salam Sawadogo, propriétaire du bureau de change. L’établissement est situé en face des Halles ‘’Houphouët Boigny’’ de Sogoniko. Comme dans la plupart des cas de braquage, le mode opératoire n’avait rien à envier à un véritable film Hollywoodien.
« On se croirait dans une rue à New York » expliquent des témoins rencontrés sur les lieux. Selon eux, les quatre malfrats étaient armés de pistolets de fabrication artisanale. Trois sont entrés dans le bureau et le quatrième est resté derrière la fenêtre pour monter la garde en trompant la vigilance des passants. Car, la fenêtre débouche sur une rue. Selon le propriétaire, Abdoul Salam Sawadogo, « trois des employés (ses jeunes frères) travaillaient à l’intérieur. Et lui il était assis non loin delà en train de causer avec des amis. Selon lui, les faits se sont déroulés aux environs de 17 heures, mais que quelques heures avant, un des bandits est venu vers 13 heures, se faisant passer pour un client. A l’en croire, ce dernier a demandé le coût de change et l’heure de la fermeture du bureau en promettant de revenir plus tard. Histoire pour lui de bien se renseigner avant de passer à l’action.
« Aucun de nous, qui étions à la porte, ne pouvait imaginer qu’on avait de la visite des malfrats à l’intérieur et non de simples clients, comme on le croirait » regrette-t-il. Et d’expliquer « Ils ont menacé mes employés avec des armes à feu. Le caissier qui avait la clé du coffre a essayé de résister. Ils lui ont tiré dessus et il a fini par leur remettre la clé pour ne pas se faire tuer ». Avant de poursuivre : « pendant qu’ils étaient en pleine opération, un de mes amis sans le savoir est entrée dans le bureau. Et un des bandits qui était à la porte lui a gentiment ouvert la porte avant de la refermer brusquement en le menaçant de le tuer, s’il faisait des bruits ».
A le croire, les choses sont allées tellement vite que personne n’a rien vu venir.
« Nous étions assis dehors, nous n’avons entendu aucun bruit (probablement à cause des portes vitrées et du bruit des moteurs (ndlr). Et quand nous nous sommes rendus compte qu’il se passait quelque chose d’anormale, il était déjà trop tard » dit-il. « Après avoir terminé leur opération ils sont sortis en proférant des injures et l’un d’entre eux avait encore un pistolet en main qu’il dissimula sous son pantalon. Ils étaient venus sur deux moto, les trois qui étaient à l’intérieur se sont transportés sur la première et le quatrième sur la seconde », raconte-t-il. Avant d’assurer qu’ils ont emporté la rondelette somme d’environ 6 millions de FCFA.
Alertés, les éléments du commissariat du 10ème arrondissement se sont rendus sur les lieux pour constater les faits. Et une enquête est déjà ouverte.
Pour rappel, cette attaque à main armée d’un bureau de change en face des Halles de Bamako, intervient quelques jours après un braquage spectaculaire d’une boutique de ‘’bazin’’ à Korofina.
Lassina NIANGALY