es destins s’accomplissent toujours. Celui de Django Cissoko nommé Premier ministre hier par Dioncounda Traoré n’y aura pas fait exception lui qui fut plusieurs fois annoncé à ce poste par le passé. Cette fois c’est fait. Mais au tournant le plus délicat de l’histoire du Mali indépendant. Les deux-tiers du territoire sont annexés ; la gouvernance de la transition a besoin de la cohérence maximale ; et nous devons donner des gages à une communauté internationale sans laquelle le pays raillé et meurtri mijotera dans son jus.
Ces défis spécifiques s’ajoutent au fardeau traditionnel d’un pays pauvre dont l’offre est sans proportion avec la demande. Administrateur chevronné, fin connaisseur de l’Etat porté sur le compromis plutôt que l’affrontement, Django Cissoko a indiscutablement le physique pour son nouvel emploi qui demande une grande capacité d’écoute et l’habileté dans la négociation.
Mieux, il connaît le dossier de la crise malienne pour avoir très tôt de sa gestion. Une gestion dans l’ombre mais il a été là chaque fois qu’il était sollicité. Très peu de Maliens savent le rôle qu’il a joué pour que l’ex junte accepte les solutions de la Cedeao dont les principaux leaders l’apprécient. Django Cissoko est un pas décisif dans la bonne direction. Mais il ne sera fait aucun cadeau à cet ancien collaborateur de Moussa Traoré et Att qui est caricaturé dans certains cercles en « Talleyrand malien ».
Dans la culture du maroquin qui nous ravage ici, on ne s’éternise pas impunément. Et plus qu’à ses postes précédents, le désormais ex-médiateur de la République, le nouveau Chef du gouvernement connait cette fois-ci un degré d’exposition sans précédent. Alors que son arme c’est la persuasion, dans le pays de sourds qu’est devenu le Mali, Django doit savoir faire comme son homonyme mythique des western spaghettis : dégainer.