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Chronique satirique : Les divagations du vice-président du MNLA
Publié le mardi 14 juillet 2015  |  Le Procès Verbal
Mahamadou
© AFP par DR
Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du Mouvement national pour la libération de l`Azawad (MNLA)
Mercredi 5 juin 2013. Ouagadougou.




Depuis la signature, le 20 juin 2015, du document de capitulation du Mali, les leaders rebelles font la pluie et le beau temps. Il ne leur manque plus que de se rouler joyeusement dans la neige. Et où font-ils tout ce cirque ? Dans l’Azawad ? Que non ! En plein Bamako, où ces bandits de grand chemin, grands coupeurs de routes et grands égorgeurs de préfets devant l’Eternel, multiplient les méchouis, les virées nocturnes et les entretiens. Tantôt c’est LadjiBourama qui les invite à couper le jeûne (comme s’ils jeûnaient!); tantôt, c’est tel ministre ou tel sous-ministre qui les reçoit sous les lambris dorés d’un prestigieux hôtel. Apparemment, les compères enturbannés ne déclinent aucune cérémonie, tout heureux de se voir masser les pieds après avoir chassé l’armée « coloniale », pardon!, l’armée nationale de leur cher Azawad.

Dans sa parution du 10 juillet 2015, L’Indicateur du Renouveau publie une interview de Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). L’interviewé commence, sans rire, par souligner la profonde « unité » qui unirait les membres de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Une unité que la CMA s’engage à « renforcer ». Et il annonce : « Après la fête de Ramadan, il y aura une très grande rencontre pour prouver que nous sommes un seul grand bloc. Ça ne sera jamais deux ou trois ». Alors, bon! Comment Maiga explique-t-il qu’après la signature des accords de paix, les leaders du MNLA en Europe s’en soient publiquement désolidarisés ? Pourquoi, malgré la signature, les attentats continuent sans susciter la moindre réaction de la CMA qui, pourtant, contrôle le terrain militaire ? Prétendre, comme s’y essaie Maiga, que l’insécurité est le fait des terroristes, ne convainc que les sots: d’abord parce qu’il n’y a pas de différence entre les groupes rebelles et les groupes terroristes du nord; ensuite parce que si la CMA ne peut pas ramener la paix, il n’y a aucune raison que le Mali lui abandonne le nord.

Mahamadou Djeri Maiga affirme, le plus sérieusement du monde: « Nous pensons qu’il faut faire la paix, mais la paix ne peut pas empêcher les poursuites judiciaires. On a demandé la mise en place d’une commission d’enquête internationale qui enquêtera sur des crimes qui ont été commis de part et d’autre de 1960 à nos jours. Donc, celui que la commission va inculper répondra de ses actes ». En lisant entre les lignes, Maiga écarte d’office la compétence de la justice malienne qui, à ses yeux, n’a pas à trancher des crimes commis dans l’Azawad. Le bonhomme, du haut de sa vice-présidence du très puissant MNLA, se moque royalement du Code de procédure pénale malien qui déclare prescrit, c’est-à-dire insuceptible de poursuites, tout crime commis depuis plus de 10 ans: Maiga propose, en effet, d’aller réveiller dans leur tombe les dirigeants du Mali indépendant pour leur demander compte de prétendus méfaits datant de 1960. L’idée du chef bandit est simple comme bonjour: en s’en prenant aux pères de l’indépendance, il veut faire oublier les crimes les plus récents qui ont consisté, de 2012 à nos jours, à piller, à amputer, à violer et à égorger les Maliens du nord. Vous parlez d’un cirque! Bien entendu, au cas où un chef rebelle serait « inculpé », Maiga et les siens ne manqueront de demander qu’il soit renvoyé devant un tribunal azawadien présidé peut-être par …eux-mêmes.

Le vice-président du MNLA laisse entendre que les vrais crimes de guerre sont imputables à l’armée malienne qui s’en serait toujours prise, non à des combattants armés, mais à de malheureux marchands de poulets de l’Azawad. « Il y a des prisonniers qui ont été pris, non pas du fait de la guerre, mais dans les marchés. Ceux-ci remplissent les prisons de Bamako. Il faudrait les libérer », prêche-t-il. Quant aux Maliens détenus par la CMA, ils sont, aux yeux de Maiga, les seuls véritables prisonniers de guerre: « De notre côté, les militaires que nous avons, nous les libérerons. Car ils sont nos frères. Vous allez les voir, ils sont dans toutes les conditions ».

On sent, dans ses propos, que l’interviewé connaît parfaitement ceux qui poursuivent les violences et que celles-ci visent à obliger le Mali à appliquer les accords de capitulation au plus vite:« Il urge qu’on fasse une application stricte de l’accord. Parce qu’il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas la paix et ce n’est pas tout le monde qui asigné non plus. Il y a des mouvements obscurantistes qui n’ont pas signé l’accord et qui ne le signeront jamais. Il faut que le gouvernement sache qu’il y a une urgence sur le terrain et qu’il faut appliquer l’accord à la lettre. Une fois l’accord appliqué, on aura la solution à tous ces problèmes. Des gens font des mouvements sur le terrain; quand on commencera à appliquer l’accord, leurs marges de manœuvre seront réduites. Nous sommes victimes et les forces obscurantistes profitent du désordre ».

Maiga, qui a toutes les raisons de se croire en territoire conquis, exige que l’armée malienne et les milices amies se tiennent tranquilles au nord, sous peine de jeter les accords dans un puits: « Après les événements du 21 mai 2014 qui ont vu des affrontements entre nous et l’armée malienne à Kidal, un cessez-le-feu du 23 mai a été signé sous l’égide du président mauritanien. Ce cessez-le-feu confère à chaque partie une position. On a demandé à chaque partie de garder ces positions jusqu’à l’aboutissement de l’accord. Et c’est le cessez-le-feu qui fait deMénaka une position de la CMA. On a été attaqué àla veille où on a donné la lettre à MongiHandi afin de lui manifester notre bonne volonté d’aller parapher… Nos gens ont laissé leurs positions et, à notre grande surprise, elles ont été récupérées par la Plateforme (GATIA, ndrl). A Alger, le 5 juin,nous avons signé l’arrangement sécuritaire. Il a été demandé que la Plateforme quitte Ménaka et retourne dans ses positions initiales et que l’armée retourne dans le camp de la Minusma. Nos forces qui étaient à Ménaka doivent partir à une vingtaine kilomètres de la ville pour laisser lasécurisation de la ville à la Minusma et à Barkhane. C’est l’application de l’arrangement sécuritaire que nous demandons. Si on ne parvient pas à l’appliquer, ce n’est pas l’accord qu’on pourra appliquer. C’est la responsabilité de la communauté internationale qui est engagée ».

Enfin, Maiga et ses camarades, qui ont de l’appétit à revendre, attendent impatiemment que LadjiBourama leur donne du pain au raisin, du lait Nido, le tout agrémenté de beurre blanc. Cela passe, on s’en doute, par le partage du gâteau gouvernemental: « On a demandé un partage de pouvoir. Il y a les portefeuilles ministériels, on est des Maliens aussi, on a signé l’accord, on veut la paix. Ce n’est pas un préalable mais une manière de partager le pouvoir: il faut qu’on ait des représentants dans les ministères, les chancelleries et les ambassades. Nous n’avons pas spécifié de ministères, nous avons dit seulement qu’il faut qu’on discute avec le gouvernement par rapport au partage du pouvoir et le gouvernement l’a accepté et signé. Nous avons signé et la communauté internationale a signé ».

Voilà donc le fin mot de l’histoire: manger ! Question à mille dinars azawadiens: où siégeront les braves ministres azawadiens : à Bamako ou à Kidal ? Bardés d’armes plutôt que de diplômes, dans quelle langue rédigeront-ils leurs décisions: en arabe ou en tamachek ? Et puis, combien côuteront les ministres azawadiens au trésor public, lequel est déjà saigné à blanc par la promesse d’allouer, sur 20 ans, 40% du budget national à l’Azawad ?



Tiékorobani
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