La psychose fut forte en fin de semaine dernière. Les chancelleries et et les agences onusiennes étaient montées d’un cran dans l’alerte sécuritaire. Ce plan Vigipirate local consiste en courriels et sms adressés aux ressortissants occidentaux et aux employés onusiens partageant la capitale avec trois millions de Maliens. Ces derniers peuvent remercier les médias privés qui les ont mis au parfum des risques. Car pour nos compatriotes seuls les médias privés ou internationaux ont fait écho à ladite alerte. Ni communiqués officiels ni appels à la prudence à la télévision et à la radio nationales. Pourquoi? L’alerte donnée par les partenaires n’était pas crédible? Elle était exagérée? Elle n’a pas été concertée avec les autorités maliennes ? Répondre que la vigilance policière a été renforcée en fonction de la menace redoutée ne dédouane pas. L’information en ce domaine vital s’il en est n’étant aucunement négociable. On ne peut donc pas river l’index sur le seul Sada Samake pour toutes les défaillances concernant notre sécurité. La vérité est que celle-ci résulte d’une chaîne de responsabilités et de réflexes impliquant plusieurs niveaux dont le citoyen lui- même. Il est hautement pitoyable en tout cas que la primeur de l’information sur la sécurité des Maliens ne soit pas donnée par les médias publics nationaux mais par les radios étrangères même si elles sont de grande écoute locale. Là où Sada Samake seul doit être blâmé c’est quand il jure devant la nation qu’il n’y a pas de pénurie de passeports et cartes d’identité nationale. Or les queues devant les commissariats ne faiblissent pas. La grogne non plus. Nombreux sont nos compatriotes qui ont renoncé l’an dernier au pèlerinage à cause de la difficulté pour eux d’avoir des passeports. Un jeune cadre Malien vient de perdre une opportunité d’emploi international pour la même difficulté. Et hier le cri de cœur indigné de Rokia Traoré notre megastar chouchoutée partout en dit long sur une crise totalement surréaliste.
Adam Thiam