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Jihadistes à Tominian: un détachement de l’armée arrivé
Publié le mercredi 15 juillet 2015  |  Info Matin
Patrouille
© AFP par PHILIPPE DESMAZES
Patrouille de l`armée malienne et française à Goundam
Patrouille de l`armée malienne et française entre Goundam et Tombouctou




Une douzaine de pick-up de l’armée, remplie de militaires, a été dépêchée hier dans le cercle de Tominian pour faire face aux jihadistes qui ont assassiné dans la nuit de vendredi à samedi dernier un conseiller municipal de Kérédaga, dans la commune Timéssa. Au même moment, la Gendarmerie procédait à l’arrestation de personnes accusées de sympathie pour ces jihadistes qui depuis quelques semaines font régner la terreur sur la population qui fuit massivement depuis le week-end dernier pour se mettre en lieu sûr.
La présence des jihadistes dans le cercle de Tominian est de plus en plus prise au sérieux par les autorités. L’on apprend de sources locales qu’une douzaine de véhicules remplis de militaires et de gendarmes est arrivée hier, dans la matinée, à Tassilima où des éléments jihadistes se manifestent depuis plusieurs jours. Ces militaires, apprend-on, sont arrivés de Sévaré, de San et Tominian. Leur mission est claire : anéantir tous les éléments jihadistes.
Mission compliquée
Toutefois la mission de ces militaires s’avère compliquée. En effet, nous a fait savoir hier un conseiller municipal, l’ennemi en face ne vient pas forcément d’ailleurs. Il s’agit, selon ses témoignages, en grande partie des autochtones qui se sont radicalisés et qui ont la possibilité de se fondre dans la population et vaquer aux mêmes activités quotidiennes qu’elle. Ce qui rend leur traque très difficile.
« Je ne sais pas comment les services de sécurité feront pour trouver et arrêter ces jihadistes. Ils sont d’ici. Ils ne sont pas non plus en tenue militaire comme on le voit souvent ailleurs. Ils portent les mêmes tenues ordinaires et peuvent facilement se mêler à la population et passer inaperçus », s’est lamenté cet élu local. Il en a donné la preuve en rapportant que son propre oncle a été arrêté hier, parce que faisant partie du groupe jihadiste qui écume le cercle de Tominian. Dès lors la question est de savoir qui en est membre et qui ne l’est pas. Il revient à la Gendarmerie de trouver la bonne réponse. Les villageois de Tassilima sont formels : tous les jihadistes parlent la même langue. Il s’agit d’un précieux indice pour les services de sécurité pouvant permettre de les extirper de la population et leur réserver le sort qu’ils méritent
Selon nos sources sur place, les éléments jihadistes ciblent en priorité les personnalités qu’ils cherchent à éliminer.
Pour ce qui est de l’assassinat du conseiller municipal, l’on indique qu’il s’agissait de se venger de lui pour avoir donné l’alerte et demandé l’intervention des forces de l’ordre pour la sécurisation de la population qui commençait à céder à la panique.
Un conseiller municipal précise que c’est vers 1 heure du matin que les jihadistes sont allés le réveiller pour ensuite l’exécuter après lui avoir dit ce qui était à leurs yeux un crime, à savoir les dénoncer.
Depuis la mort du conseiller de Kérédaga, apprend-on, c’est la panique générale. Des élus locaux font savoir que de nombreuses personnes sont en train de fuir Tassilima, dans la commune de Timessa. C’est justement dans ce village de Tassilima que l’armée a été dépêchée hier aux premières heures de la matinée. Cette présence suffira-t-elle à rassurer la population ? Il y a lieu de l’espérer pour qu’elle revienne reprendre ses activités agricoles en cette période hivernale.
Des munitions retrouvées
Il faut dire que si la mort d’un conseiller municipal, le week-end dernier, a placé Tominian sous le feu des projecteurs, la présence des jihadistes dans la localité ne date pas de la semaine dernière.
Selon une source locale, ils ont été signalés il y a au moins trois semaines. Un capitaine de la Gendarmerie aurait été envoyé sur place pour recueillir le maximum de renseignements sur ces individus non fréquentables dans la perspective de les neutraliser.
La source rapporte qu’il s’est rendu à Flakoroni en empruntant une route très peu praticable.
Avant la mission de cet officier de la Gendarmerie, rapporte un élu local, un accrochage avait eu lieu entre les forces de l’ordre et les jihadistes qui, selon la population, étaient au nombre d’une trentaine de personnes.
Des villageois sont allés faire le constant de visu et ont donné l’information. Ne faisant pas le poids, les illuminés s’étaient alors enfuient laissant derrière eux des munitions. Ce qui atteste de leur intention belliqueuse, même si jusque-là ils ne s’en sont pris qu’à une personne dont le seul tort a été de donner l’alerte comme tout bon citoyen le ferait en pareilles circonstances.
En outre à Bamako, l’alerte est maximale du point de vue sécuritaire. Ce depuis l’arrestation d’un individu le week-end dernier à Ouan. Proche d’Iyad Ag Ghaly, selon les sources, il se rendait dans la capitale pour alimenter en argent des cellules dormantes d’Ansar Eddine, le mouvement créé par Iyad et qui prône l’application de la charia, (loi islamique).
Pour rappel, récemment le mouvement islamiste avait fait un communiqué dans lequel il menaçait la Minusma et Les FAMA et promettait d’appliquer la charia sur ce qu’il considère comme ses « terres ».
Le péril sécuritaire est indéniable dans la capitale comme ailleurs. Il est aussi établi que la menace peut venir de toute part. Pour autant ne faudrait-il pas céder à la panique. Le bon réflexe de citoyen, dans un tel contexte, serait de collaborer étroitement avec les forces de l’ordre et de sécurité en dénonçant tout individu au comportement bizarre.
Par Bertin DAKOUO
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