Il y a eu de la violence terroriste avant le 20 juin. Et curieusement, il y’en a eu après. Et pire encore, nous avons assisté à un transfert surprenant des attaques du nord vers le sud après la signature de l’Accord de paix.
L’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali a été finalisé vers la fin du mois de février. Et une copie a été remise à chacune des parties belligérantes. Le gouvernement du Mali a signé aussitôt en « bon élève de la démocratie » - le 15 mai. La Plate-forme a signé aussi sans faire de problèmes. Quant à la CMA, elle a traîné les pattes, fait des objections et imposé la reprise des négociations. Pour se faire entendre, elle a redoublé de violence, d’actes terroristes et d’assassinats. Jusqu’ à ce que les maîtres du mode cèdent à ses exigences. Elle a alors paraphé avant de relancer la violence. Et elle a fait monter la cadence et procédé à un vaste nettoyage ethnique des régions du nord durand le mois de mai jusqu’à obtenir toute satisfaction. Elle a alors arrêté le cycle infernal pour signer l’Accord le 20 juin 2015, date historique.
L’on a alors cru que la paix était là et que la nouvelle sécurité qui allait aussitôt favorisé la relance de la machine économique. La pauvreté ayant fait beaucoup de mal au plus grand nombre des citoyens, l’espoir était grand de voir le retour de la paix. C’était sans compter avec les projets et la stratégie de la CMA pour atteindre ses objectifs. Concomitamment, deux séries de choses se passent de concert. L’on apprend par des voix non proches des cercles de la médiation (ou de l’ex médiation, si l’on veut), que les responsables de la CMA réclament des postes dans le gouvernement du Mali, dans l’armée et dans l’administration. Des positions qui, si elles ne sont acquises par eux, vont instaurer au Mali un nouvel apartheid béni par la communauté et consacrer petit à petit la suprématie de la toute petite minorité blanche.
On ne change pas une méthode qui a fait ses preuves depuis le début des années 90. Ces nouvelles exigences sur la table du dialogue sont donc appuyées par la reprise de la violence terroriste. Et cette fois-ci au sud. Une sorte de chantage qui fait rendre responsable le gouvernement du Mali de tout ce qui va arriver aux populations. Et de faire croire aux populations que si jamais elles ne font pas pression sur leurs autorités, malheur leur arrivera. Une question pourrait se poser au passage à propos de cette diabolique tactique : et si les populations noires décidaient elles aussi de pratiquer la violence sur les sujets blancs – puisque ce sont les dirigeants de la CMA qui posent le problème en ce terme - pour faire pression sur leurs dirigeants afin qu’ils modèrent leurs exigences et arrêtent de tuer sur une base raciale ? Le problème n’est toutefois pas à ce niveau.
Donc la violence terroriste a repris et menaçant même les pays voisins. Nara, Misseni et Fakola en font les frais. Et subitement, c’est le calme plat. Pourquoi ? Une hypothèse angoissante pourrait fournir une explication : que le pouvoir a accédé aux exigences de la CMA. Dieu nous en garde.
Amadou Tall