Les populations du cercle de Dioïla, communément appelé Banico, entendent compter parmi les artisans de la paix au Mali. Elles se sont engagées à soutenir la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation signé le15 mai 2015 à Bamako. Mais, pour que cela soit, encore faut-il que cet accord soit bien compris, pour le défendre.
C’est pourquoi, à l’initiative de la jeunesse du cercle de Dioïla, le Dr Baba Berthé, Conseiller du Haut représentant du Président de la République dans le dialogue inter-Maliens à Alger, a animé une conférence-débat à la Maison des jeunes de la localité, le dimanche 12 juillet dernier, pour expliquer l’Accord du 15 mai aux populations du Banico.
Cette initiative était soutenue par les députés du cercle, avec en tête le 1er Questeur de l’Assemblée nationale, Mamadou Diarrassouba, parrain de l’évènement. C’était sous la présidence du Préfet du cercle de Dioïla, Dédéou Maïga, et en présence du représentant du chef de village et des représentants de la Police et de la Gendarmerie.
La rencontre a aussi enregistré la présence de l’ensemble des communes du cercle. Elle a réuni toutes les communautés du Banico, de tous bords politiques et la société civile du Cercle. L’objectif de cette conférence était d’expliquer et d’édifier les populations de Dioïla sur l’Accord du 15 mai 2015, afin de mettre fin aux supputations, aux mauvaises interprétations et aux récriminations pas assez objectives dont il fait l’objet.
Manifestement, les populations de Dioïla ne comptent pas rester en marge du processus de paix et de réconciliation au Mali. Du moins à en juger par les slogans sur les banderoles et les affiches dans la salle. On pouvait lire «Oui à l’Accord de paix!». Le plus édifiant, c’était les enfants debout dans la salle avec des affiches disant «Nous, les enfants de Dioïla, on veut la paix et la réconciliation».
Ces bonnes paroles ont été corroborées par le représentant de la jeunesse de Dioïla, Seydou Sangaré, qui a fait savoir que les jeunes du Banico veulent la paix et la réconciliation. Car, selon lui, «s’il n’y a pas de paix dans un pays, on ne peut pas y parler de développement». C’est pourquoi il a invité l’assistance à être attentive aux propos du conférencier, pour qu’à son tour, elle soit un porte-parole et sache véhiculer le message de la paix dans les différentes localités.
Pour sa part, le Préfet du cercle a salué la présence massive des populations à cette rencontre, qui se voulait un espace de dialogue et de partage. Selon lui, c’est le signe de l’attachement de ses administrés à la paix. Il a demandé d’édifier ces populations sur ce document, combien important sur le devenir de notre pays et a fait savoir que Dioïla était prête à soutenir la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation.
Après ces propos et l’exécution de l’hymne national par les Pionniers du cercle, le conférencier s’est longuement penché sur l’Accord du 15 mai. D’emblée, il a précisé que cette date est bel et bien la date de signature officielle par le Gouvernement malien et la médiation internationale. A l’en croire, la signature du 20 mai n’était que l’adhésion d’une partie à l’accord.
Ensuite, il a indiqué que notre pays avait connu 4 cycles de rébellions, celles de 1963 à 1964, de 1990 à 1994, de 2006 et de 2012. Selon lui, il n’y a pas eu de négociation pour la rébellion de 1963. Il a ajouté que de cette période à 1990, d’aucun pensait qu’il n’y aurait plus de rébellion au Mali vu la manière avec laquelle celle-ci avait été réglée. Selon le conférencier, de tous les accords signés par le Mali, c’est-à-dire surtout le Pacte National et l’Accord d’Alger de 2006, celui-ci est le plus inclusif que notre pays ait connu.
Il a martelé que l’ensemble des populations maliennes ont été associées au processus. En effet, conscient des limites de l’option militaire, Dr Berthé a indiqué que le Mali a opté pour la solution politique, à travers le dialogue. Visiblement très à l’aise sur le sujet, avant de décortiquer l’accord le conférencier a rappelé les lignes rouges tracées par le Président de la République avant le début des négociations. Il s’agit notamment de l’intégrité du territoire, de la forme républicaine et laïque de l’Etat du Mali et du rejet du fédéralisme et de toute forme d’autonomie. Selon lui, aucune de ces lignes rouges n’a été franchie par l’Accord.
Par rapport à certains termes considérés comme gênants dans cet accord, notamment l’appellation «Azawad», il a fait savoir que cette appellation existait déjà dans le Pacte National et dans l’Accord de Ouagadougou. Sur ce point, il a noté que la médiation avait pris le soin de renvoyer les parties dos à dos pour une conférence d’entente nationale. Aux dires de Baba Berthé, la médiation s’est limitée à dire simplement que ce terme «est une réalité socioculturelle et mémorielle», en réaffirmant avec force que l’Accord du 15 mai ne reconnaît pas «l’Azawad» comme une entité politique.
Autre point considéré comme gênant, l’attribution de 30% du budget aux collectivités. Sur ce point, le conférencier a été on ne peut plus clair: «il ne s’agit pas seulement des collectivités du Nord. Il s’agit de l’ensemble des collectivités du Mali». S’agissant des questions de défense et de sécurité, il a précisé que l’accord renforce l’unicité des forces de défense et de sécurité du Mali.
«Toutes les unités relèveront du pouvoir central. Bref, il s’agit de bâtir une armée républicaine. C’est-à-dire qu’il n’y aura pas une armée pour Sikasso, et une pour Kidal à part. Elles seront toutes soumises au pouvoir central. L’accord offre la garantie que l’armée sera redéployée en fonction des besoins du pouvoir central», a-t-il déclaré.
S’agissant de la justice, le conférencier a soutenu qu’il n’y aurait pas d’impunité et annoncé la mise en place d’une commission d’enquête internationale pour identifier les crimes. A l’en croire, les résultats de cette commission seront transmis à la justice. Il est allé plus loin en affirmant que l’accord prévoit qu’il ne saurait y avoir d’amnistie pour certains crimes. Donc, pour lui, il n’y a pas d’impunité, parlant de l’élargissement de certains prisonniers. Il a conclu en invitant les Maliens à se donner la main pour combler les lacunes de cet accord durant sa mise en œuvre.
A la suite du conférencier, le parrain de la rencontre, Mamadou Diarrassouba, a indiqué qu’ils ne permettront pas à qui que ce soit de faire une mauvaise interprétation de cet accord. «Oui à l’accord! Parce que les lignes rouges du Président de la République ont été préservées. Oui! L’accord ouvre la voie à la paix. Oui à l’accord! Parce qu’il approfondit la décentralisation. La régionalisation ne peut plaire qu’à Dioïla. La régionalisation va amener le développement au plan local», a-t-il déclaré.
L’Honorable Diarrassouba a invité ses mandants à plus de collaboration avec les forces de l’ordre dans la localité et demandé aux populations de déclarer tout individu ou mouvement suspect dans la ville et hors de la ville. La cérémonie a pris fin par un lâcher de colombe en signe de paix.
Youssouf Diallo