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Tominian: l’armée traque les djihadistes
Publié le jeudi 16 juillet 2015  |  Info Matin
Patrouille
© AFP par PHILIPPE DESMAZES
Patrouille de l`armée malienne et française à Goundam
Patrouille de l`armée malienne et française entre Goundam et Tombouctou




Arrivées avant-hier, lundi, à Tassilema, dans le cercle de Tominian, pour neutraliser des djihadistes qui y avaient pris leur quartier, les forces de défense et de sécurité sont confrontées à une difficile équation : la population ne veut être mêlée ni de loin, ni de près à l’opération de ratissage en cours.
Selon un élu local interrogé hier sur l’évolution de la situation, depuis qu’un détachement de l’armée et de la gendarmerie est arrivé, lundi dernier à Tassilema, dans la commune de Timessa, le casse-tête actuellement pour ces éléments arrivés en grande partie de Sévaré, ne connaissant pas par conséquent le terrain, est d’avoir un guide.
Notre source indique que dès leur arrivée, les militaires ont décidé de mettre le cap sur Flakoroni là où les djihadistes ont été vus pour la première fois, il y a environ trois semaines. Ils avaient besoin de guide qu’ils n’ont pas obtenu, nous a-t-il dit.
La même source rapporte que la population a argué qu’elle ne connaissait pas suffisamment l’endroit pour ne pas accéder à la demande des militaires dont la présence a pourtant été ardemment souhaitée. Ce qui est considéré par le conseiller communal comme un refus de collaborer avec l’armée. C’est visiblement hors de lui qu’il a lancé : « ils vont aller, même s’il faut les fouetter ». En clair, il penche pour la contrainte de la population pour permettre à l’armée de mener à bien sa difficile mission.
Ce qui s’explique difficilement, c’est qu’il n’y ait pas d’agent au niveau local à même de servir de guide aux militaires qui sont arrivés à bord de plusieurs pick-up. La gendarmerie qui collecte les renseignements est censée connaître le terrain et mieux apte à servir de guide aux militaires dépêchés depuis Sévaré. À la décharge de la population, il faut dire que c’est une mission très risquée pour elle que de se trouver parmi des militaires qui vont en opération contre des djihadistes qui ne feront nécessairement pas la différence entre les personnes du camp d’en face.
Contre mauvaise fortune, il faut faire bon cœur, dit-on. Arrivée lundi à Tassilema, l’armée a donc mené sa première opération de ratissage de la zone. L’on apprend que les militaires ont passé la nuit à Jamakan pour retourner hier à Tassilema qu’ils comptent prendre pour leur Quartier général.
L’on apprend qu’avec l’arrivée de l’armée, les djihadistes se sont évaporés dans la nature comme s’ils n’avaient jamais existé. S’agit-il d’une ruse ou d’une appréciation objective du rapport des forces qui ne leur est pas favorable ? La vigilance doit être plus que jamais de mise autant du côté de la population que des forces de défense et de sécurité. Ce, d’autant, avait fait savoir un conseiller municipal, qu’il s’agit de gens ordinaires qui peuvent facilement se fondre dans la population. Ce qui expliquait ses appréhensions quand il s’est demandé comment les forces de défense et de sécurité allaient procéder pour débusquer les djihadistes et les mettre hors d’état de nuire.
C’est d’ailleurs là toute la complexité de la traque des djihadistes qui mène une guerre asymétrique à laquelle la plupart de nos armées africaines ne sont pas encore préparées.
La situation sécuritaire est devenue préoccupante quand dans la nuit de vendredi à samedi un conseiller municipal a été assassiné chez lui par les djihadistes à Tassilema. L’on a appris qu’ils lui ont reproché de les avoir dénoncés et d’avoir demandé le déploiement d’un détachement de l’armée pour la sécurisation de la population. Cette mort a fait souffler un vent de panique sur la population qui naturellement s’est mise à fuir.
Du côté des personnalités également, ce n’est jusque-là pas la grande sérénité. Et pour cause, apprend-on, les djihadistes ont décidé de s’en prendre à elles en priorité.
D’où vient un tel malheur ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres dans le cercle de Tominian où la population n’aspire qu’à vivre tranquillement pour mener ses activités quotidiennes.
La réponse est pourtant donnée par notre source qui est formelle. Pour ce conseiller communal, les djihadistes qui causent l’insécurité en ce moment ne viennent pas d’ailleurs. Il s’agit d’autochtones qui se sont radicalisés, a-t-il soutenu sans ambages. Une situation qui impose à la population d’ouvrir les yeux et de collaborer à tout moment avec les forces de l’ordre et de sécurité. Cela, partout sur le territoire national.
Par Bertin DAKOUO
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