Le marché bamakois serait inondé de pommes de terre impropres à la consommation. Produites, dit-on, par un opérateur économique de la place, qui aurait utilisé l’engrais dit frelaté, ces pommes de terre auraient fait de nombreuses victimes, souvent une famille entière, souffrant du même mal des problèmes gastriques.
« Suite à l’usage de l’engrais frelaté, toute la production de pomme de terre d’un opérateur économique de la place est vouée à la poubelle. Car, elle est impropre à la consommation », confiait, dès la semaine dernière, un homme politique à un de nos collaborateurs.
Produites dans la région de Ségou où, cet opérateur économique dispose de plusieurs centaines d’hectares de terres destinées à l’agro-alimentaire, ces pommes de terre seraient, selon de sources concordantes, sur le marché bamakois. Avec, à la clé, des victimes à la pelle. Maux de ventre, vomissements, problèmes gastriques…. sont, entre autres, leur lot quotidien.
Mais à ce jour, ni le ministère de la Santé, ni l’Agence nationale du contrôle sanitaire des aliments n’ont daigné mener la moindre enquête sur cette affaire. Qui prend, chaque jour que Dieu fait, des proportions alarmantes.
Intitulé, « Témoignage alarmant de Sanoussi Bamani, ophtalmologiste au CHU-IOTA sur la mauvaise qualité de la pomme de terre locale : « Tous les membres de ma famille sont tombés malades », un article de presse, publié la semaine dernière par un confrère de la place, revient sur cette affaire à travers des témoignages qui donnent froid dans le dos.
Domicilié à Bacodjicoroni-Golf, Mr Bamani aurait, selon notre confrère, contacté le journal pour témoigner du calvaire de sa famille. Tout a débuté, selon lui, par l’achat de deux sacs de pomme de terre par sa femme pour la consommation de la famille. Mais coup de théâtre : avant même qu’elle ne passe à la casserole, constate l’ophtalmologiste, le contenu du premier sac était déjà pourri. Pour ne pas perdre le second sac, son épouse aurait décidé d’en utiliser une partie pour le dîner. Mal lui en pris.
« Quand nous avons consommé cette pomme de terre, nous avons eu de sérieux problèmes gastriques dans ma famille. Tous les membres de la famille sont, pratiquement, tombés malades », précise Mr Sanoussi Bamani. Avant d’ajouter, dans les colonnes de notre confrère : « Je me suis renseigné sur la qualité de la pomme de terre et d’autres personnes m’ont, effectivement, dit qu’elles ont été confrontées à ce problème ».
Le silence assourdissant de l’opérateur économique incriminé
Cette affaire tombe dans un contexte marqué par l’affaire dite des « engrais frelatés ». Ou de « mauvaise qualité ». Livrés à nos paysans par des fournisseurs indélicats, environ 40.000 tonnes d’engrais « frelatés » ou de « mauvaise qualité » circulent en zone CMDT/OHVN. En dépit des mises en garde du ministre « y-voit-rien », pardon ivoirien de l’agriculture à son homologue malien, ces engrais « pourris » auraient été livrés aux paysans. Plus grave, encore : en dépit des promesses faites au peuple malien de les retirer des magasins de stockage, ces engrais auraient été utilisés dans les champs de coton ; mais aussi, de céréales. Et ce qui devrait arriver, arriva.
Pour permettre à l’opérateur économique incriminé de se défendre et, du coup, nous permettre de recouper nos informations, nous avons tenté de le joindre au téléphone. Sans succès. Pour augmenter nos chances de réussite, nous lui avons adressé le SMS suivant : « Nous avons appris, de sources concordantes, que les pommes de terre produites dans vos champs, à Ségou, seraient de mauvaise qualité. Mieux, elles auraient fait des victimes, certaines auraient même témoigné dans la presse. C’est pour recouper nos informations que nous souhaitons vous rencontrer ». Une semaine après, il ne nous a ni rappelé, ni répondu à ce message. Auparavant, la directrice de Lawal International aurait, dans les colonnes de notre confrère, demandé au ministre de la Santé de procéder à l’analyse des pommes de terre produites par cet opérateur économique. Peine perdue.
D’où viennent ces pommes de terre dites « toxiques » ? Sont-elles cultivées avec les engrais « frelatés » ? Qui les a produites ? Et dans quelles conditions ?
Nos enquêtes se poursuivent !
Oumar Babi