Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Think tank : Vivre avec la crise
Publié le jeudi 16 juillet 2015  |  Le 22 Septembre
Le
© AP par DR
Le MNLA sur ses positions du nord.
11 avril 2012.Tombouctou,Mali.Une incursion sur les terres du Mouvement National pour la Libération de l` Azawad




L’après-signature de l’Accord d’Alger n’est pas la fin de la crise au Mali. Loin s’en faut. La meilleure stratégie en la matière, c’est de s’adapter à la nouvelle donne. Une donne caractérisée par l’affaiblissement des Etats au profit de groupes et groupuscules armés, une sorte d’internationale du crime organisé, avec comme résultat la déstabilisation d’une bonne partie du monde, ce qu’il nous est, malheureusement, donné de constater dans le golfe arabo-persique et en Afrique.

Nouvelle preuve de l'insécurité au nord du MaliSouvent, tout est mis en œuvre pour déclencher les forces centrifuges, en vue de désintégrer les Nations. Historiquement, ce sont les puissances occidentales, les Etats-Unis en tête, qui sont à l’origine de cette dynamique. Au plus fort de la guerre froide, c’était principalement pour contrer l’avancée du communisme sur la planète. N’oublions pas que Ben Laden est un pur produit de la guerre d’Afghanistan. Formé par les Américains, il était utilisé par ceux-ci pour barrer la route à l’ex-URSS communiste.

S’étant rendu compte, avec le temps, qu’il s’était laissé manipulé par la CIA, Ben Laden se rebiffa, fit volte-face et devint l’irréductible ennemi de ses ex-employeurs. Dans la foulée, les Américains, via la CIA, suscitèrent et financèrent nombre de groupes extrémistes. Ce sont les mêmes Américains qui ont armé l’Irak de Saddam Hussein contre l’Iran. Au bout de cette guerre, qui a fait des milliers de victimes, Saddam Hussein, à la tête d’un pays exsangue, siphonné par huit années d’efforts de guerre, n’a rien trouvé de mieux que d’envahir le Koweït. On connait la suite.

Ce sont les partisans de Saddam Hussein, que l’Amérique de Bush Jr a fait pendre en pleine fête d’Aïd el Kebir, qui constituent aujourd’hui le noyau dur de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL). Ce sont les mêmes Occidentaux, avec leurs techniques de subversion, qui ont suscité et soutenu ce qu’on a appelé «les printemps arabes». Des printemps qui ont fini par se transformer en véritables «enfers arabes» comme on peut le constater en Tunisie, en Syrie, au Yémen, en Libye.

S’agissant de la Libye, il sied de rappeler que la France de Sarkozy a joué un rôle prépondérant dans la déstabilisation de ce pays. A la tête d’une coalition de pays de l’OTAN, l’ancien Président français s’est démené comme un beau diable pour tailler la Libye en pièces, sous le prétexte fallacieux de sauver les gens de Benghazi des griffes du Frère Guide. En réalité, il avait les yeux rivés sur le pétrole libyen. Aujourd’hui, il se fout du sort des habitants de Benghazi comme de la première peau d’un lézard. Seul l’intéresse son retour à l’Elysée.

Le successeur de Sarkozy, un certain François Hollande, poursuit la même politique de défense des intérêts français, en ayant pris soin de l’envelopper du manteau de l’humanisme, de la solidarité et de la fraternité. Avec une Libye plus déstabilisée que jamais, un Iyad Ag Ghaly qui se promène dans le Sahel comme dans son jardin personnel, malgré son inscription par les Américains sur la liste noire des terroristes – n’a-t-il pas donné suffisamment de preuves de sa capacité de nuisance? – un monde de plus en plus caractérisé par l’impunité des groupes criminels, il serait contreproductif pour les Maliens de se réfugier dans une sécurité illusoire, au motif qu’on a signé un accord de paix.

Face à une telle situation, il se serait plus réaliste de faire preuve d’une vigilance de tous les instants et de faire montre d’une proactivité de bon aloi, en anticipant les problèmes au lieu de jouer toujours au sapeur-pompier. En somme, il s’agit de vivre avec la crise.

Dans une telle stratégie, une large place doit être faite au renforcement du renseignement et des contrôles et à la réhabilitation de l’armée, à travers, entre autres, l’augmentation de son effectif et sa dotation en matériel performant, y compris les indispensables vecteurs aériens.

Au plan politique, les maîtres mots doivent être la bonne gouvernance, l’équité, la compétence et la justice sociale. Les gouvernants doivent tout faire pour réduire la fracture sociale, au lieu de l’amplifier. Il n’est un secret pour personne que c’est dans le vivier des chômeurs, des laissés pour compte et des desperados, mentalement perméables à leurs discours, que les narcojihadistes recrutent fantassins et … kamikazes.

Yaya Sidibé
Commentaires