La transition au Mali est une fois encore à la croisée des chemins avec la démission mouvementée de Cheick Modibo Diarra en poste depuis huit mois à la tête du gouvernement.
Au moment où nous écrivions ces lignes, la présidence de la République par intérim n’a pas pris acte de la démission du désormais ancien PM pp. »Moi Cheick Modibo Diarra, je démissionne à compter de ce mardi 11 décembre 2012 avec mon gouvernement », a déclaré sur le petit écran de la télévision nationale aux environs de 04 Heures du matin, celui, qui était jusqu’ici, Premier Ministre plein pouvoir. Habillé d’un costume cravate sombre, l’homme était visiblement fatigué et démoralisé.
Le film des événements
Selon des sources concordantes, à 23 Heures CMD est informé que des hommes armés occupent le salon d’honneur de l’aéroport international de Bamako-Sénou. L’ancien PM se doute qu’on veut l’empêcher de voyager sur Paris où il avait décidé de faire son bilan de santé dans un hôpital. Il souffrirait de problèmes respiratoires.
Peu de temps après une vingtaine d’hommes armés débarquent chez lui à domicile et l’amènent manu militari à bord de trois pick-up à la garnison militaire de Kati. Là ; après une longue entrevue avec le capitaine Amadou Haya Sanogo chef de l’ex-junte, CMD rejoint les locaux de la radiotélévision nationale à Bozola.
A quatre heures du matin celui, qui, pendant 8 mois a dirigé l’appareil exécutif, rend le tablier. Dans une déclaration laconique il a évoqué les difficultés que vivent ses compatriotes à qui il a présenté ses excuses. En ses collaborateurs il a salué le sens de la loyauté et de l’esprit civique.
A l’heure où nous mettions sous presse le leader de l’ex-junte ne s’est pas exprimé sur les raisons de la démission de l’ancien PMpp.
De sources sûres Cheick Modibo Diarra est en résidence surveillée chez lui.
Selon Bakari Mariko, porte parole de l’ex-junte contacté par RFI, l’arrestation et la démission de CMD sont consécutives au fait que l’ancien locataire de la primature a un »agenda incompatible avec le Mali ». Toujours, selon lui, le démissionnaire a joué au blocage des concertations nationales. Il a fait mention dans l’entretien avec RFI de deux cassettes interceptées par les forces de sécurité, des enregistrements dont l’objet était d’inciter des groupes de jeunes à empêcher la tenue des concertations nationales. Enfin, le porte-parole de l’ex-junte affirme que l’armée a pris ses responsabilités dans l’arrestation et la démission de CMD tout en réfutant toute idée de coup d’Etat.
Par ailleurs, pendant quasiment toute la journée du mardi, aucune information officielle n’a filtré au sommet de l’Etat en vue d’édifier les Maliens sur l’événement d’une part et sur l’avenir immédiat d’un gofernement 03 de la transition d’autre part.
Ce mutisme officiel et assourdissant étonne plus d’un. En effet, le pays fait face à une crise sécuritaire et institutionnelle sans précédent et pour la solution de laquelle la CEDEAO, l’UA et l’ONU sont mobilisées pour la reconquête de l’intégrité du territoire des griffes des djihadistes et autres narcotrafiquants, en tous genres.
Il sied de savoir très rapidement l’architecture d’un nouveau gouvernement en vue de faire face à la complexité des défis. En effet, le pays vit dans l’attente de la nouvelle résolution du Conseil de Sécurité sur le chapitre VII et dans celle des concertations nationales, toutes choses qui déterminent l’urgence du temps et des contraintes auxquelles le pays tout entier est confronté.