Agences immobilières, agences de placement, de communication de courtage de tous genres… Elles sont nombreuses, ces micro-entreprises qui envahissent progressivement Bamako et dont la plupart sont de véritables bureaux d’escroqueries, de surenchère et de spéculations.
Si pendant longtemps, les agences immobilières ont défrayé la chronique et continuent de susciter la méfiance de la part des potentiels bailleurs (de maisons et terrains), les agences de placement, de communication et de courtage tous azimuts suscitent de plus en plus des inquiétudes…
Les Bamakois ainsi que les Maliens vivant dans certains centres urbains du pays le vivent et le savent bien : les coûts de location d’immeubles à usage d’habitation ne sont pas à la portée de leurs bourses. Et pour cause.
Traditionnellement, les propriétaires d’immeubles traitaient directement avec les locataires. Ces derniers s’acquittaient de leurs loyers auprès du bailleur. Bien que simple, cette procédure s’est avérée peu efficace, suite notamment, aux défaillances de certains locataires.
Les agences immobilières ont alors fait leur irruption pour proposer aux propriétaires d’immeubles l’alternative idoine. Désormais, le propriétaire d’immeuble s’efface, au profit de l’agence qui s’occupe du recouvrement des créances, des éventuels contentieux de paiement, bref de la gestion.
Très vite, ces services proposés par les agences immobilières ont séduit les propriétaires d’immeubles notamment les “ gros bonnets ” qui ont construit des quartiers entiers (avec parfois l’argent volé au contribuable).
Outre la location, d’autres agences achètent des terrains, des maisons, qu’elles mettent en valeur en vue de les revendre ou de les louer.
L’activité s’étant avérée juteuse, les agences immobilières se sont alors multipliées à travers la capitale. Mais, le constat est triste et scandaleux.
En effet, en plus des frais de leurs prestations qui oscillent entre 20 et 40% des immeubles loués ou vendus, très souvent, les agences spéculent sur les loyers. Concrètement, le propriétaire fixe son prix, l’agence fixe le sien qui peut souvent atteindre le double de celui fixé par le propriétaire. Et, les conséquences de cette spéculation grotesque sont supportées par le locataire qui parfois, après avoir passé près d’une décennie en location, moyennant le payement des mêmes frais, est désagréablement surpris d’apprendre par l’agence que les prix ont grimpé. Ce, indépendamment de toutes modifications ou réaménagements des locaux.
Et ces abus ne préoccupent guère les autorités publiques qui semblent plutôt les cautionner. Cela, dans la mesure où, aucune réglementation ne détermine un plancher pour la fixation des locations d’immeubles. Il en est de même pour les transactions (achats ou ventes) d’immeubles qui n’obéissent à aucune norme. Les prix étant arbitrairement fixés par les propriétaires ou promoteurs immobiliers, ce sont les pauvres populations qui payent les frais, nourrissent les propriétaires, de véritables « vaches à lait », les animateurs des agences et même… les « coxeurs ».
Des « communicateurs » douteux…
Ils sont nombreux aujourd’hui à écumer la capitale, autour d’un PC posé sur un modeste bureau dans un local qui porte l’enseigne « Agence de communication… »
Lorsque vous approchez le promoteur de cette « initiative », il pourra bomber sa poitrine, pour vous cracher en face, ses supposées activités : « relations publiques, publicités, lobbyng, conseil en communication, relation-presse, conseil pour le changement de comportement… »
Mais, vérifications faites, certains de ces « experts en communication » n’ont aucun diplôme dans ce domaine. Très peu parmi ces « communicateurs » ont la moindre qualification, ne serait-ce qu’en journalisme ou dans un domaine connexe.
Or, ce qu’on constate, c’est que les gérants de ces cabines de communication se préoccupent souvent d’approcher les départements ministériels et des personnalités du secteur privé (des VIP) pour quémander (négocier, si vous voulez) des « marchés », portant sur l’organisation d’ateliers, séminaires, points de presse, etc. Le clou de l’opération est de se remplir les poches sur les budgets affectés auxdites rencontres.
Ainsi, régulièrement, nombre de promoteurs d’agences de communication ou leurs gérants s’en sortent avec des millions de nos francs en roulant les entreprises de presse dans la farine (comme le dirait quelqu’un), en leur donnant des miettes comme perdiems de journalistes ou autres frais d’insertions dans les colonnes des journaux. C’est de cette façon que ces entreprises de communication d’un genre nouveau, par leur soif insatiable de gains pécuniaires faciles, finissent par tuer, à petit feu, nos entreprises de presse qui sont pourtant les symboles vivants du quatrième pouvoir au sein des Etats modernes.
Un mode opératoire assez simple basé sur des relations : après deux petites années dans la presse, comptant sur quelques soutiens, le néo-communicateur ouvre son kiosque baptisé « agence de communication X », arrache l’organisation d’un séminaire de 3 jours pour le compte d’un ministère, dont le chargé de mission/communication est son ami. Bilan : sur les 3 millions débloqués par le ministère, l’habile promoteur se tape 2 500 000 Fcfa et « dépense » 500 000 Fcfa pour le compte de l’opération (presse, couverture médiatique…). Voilà toute trouvée un nouvelle voie d’enrichissement illicite, d’escroquerie à peine voilée au frais du contribuable ! Brimant au passage les véritables organes de presse, crédibles au profit de quelques… feuilles de choux !
L’Etat doit prendre de vigoureuses dispositions pour mettre fin à ce phénomène qui commence par prendre de l’ampleur.
Ne faut-il pas instaurer des conditions rigoureuses de création d’une agence de communication ? Imposer par exemple l’obligation pour le promoteur d’avoir un agrément ? Document dont la délivrance sera livré par exemple à la possession d’un diplôme en communication, ou en journalisme, ou au moins une expérience avérée dans l’exercice de la profession de journaliste, etc ?
Il urge, en un mot, de réglementer ce secteur où plusieurs escrocs opèrent impunément.
Agences de placement et bureaux de courtages « mafieux »…
Conscient de la crise mondiale de l’emploi ; de la situation de chômage généralisé dans laquelle se morfond la jeunesse de nos pays, des individus malintentionnés n’hésitent à « improviser » des bureaux de placement et autres Entreprises de Travail Temporaire (ETT) qui n’existent que de nom.
Selon nos enquêtes, il ressort que certains agences de placement se créent sans aucune base juridique. Un petit local, un bureau et peut-être un micro-ordinateur et le tour est joué !
Le promoteur s’empresse de lancer des avis de recrutement presque fantaisistes, à travers des affichages sur les murs, les pylônes, dans les rues. Au finish, sur la pléthore de candidatures (avec des demandes timbrées et pièces légalisées), aucun candidat à l’emploi (fictif), n’est retenu.
On rapporte que certains responsables de ces farces le font avec des buts inavoués dont la possibilité d’exploiter les timbres (des demandes manuscrites et ceux des pièces légalisées) à… d’autres fins. Certains diplômes légalisés de ces demandeurs d’emploi seraient même utilisés pour alimenter des réseaux de faussaires.
Par ailleurs, certaines agences de placement, dont nous taisons les noms, exigent des sortes de cautions dont le montant oscille entre 20 000 et 40 000 Fcfa, pour enregistrer le dossier de recherche d’emploi de différents postulants. Or, nul n’ignore que le chômeur, le jeune diplômé sans emploi est justement à la recherche du minimum vital. Il est donc difficilement en mesure de répondre à une telle sollicitation…
Crise de l’emploi aidant…
En outre, au fait d’emplois, nombre d’agences sous le prétexte de formule gentiment « revalorisée », grugent plusieurs jeunes chômeurs, de véritables manœuvres dolosives dans la conclusion de suffocants « contrats de travail ».
Ainsi, les avis de recrutement seront pompeusement formulés comme : « une importante société (ou une organisation internationale) de la place recherche des techniciens en vente… avec rémunération intéressante ». Au finish, il s’agit d’un opérateur économique recherchant des vendeurs à rémunérer à la commission. Triste constat !
Ils sont nombreux ces jeunes, manipulés dans cette forme moderne d’esclavage, par le travail de vendeurs, dont les pièces légalisées ont été « saisies » par l’employeur, sans percevoir aucun rond. Certains de ceux-ci, naïfs, avaient cru en la possibilité d’une embauche réelle dans un secteur de marketing. Parmi eux, il y en qui ont engraissé les pattes des recruteurs (ceux chargés de l’entretien d’embauche), avant de découvrir le pot aux roses !
Pour récupérer les sous, ainsi injectés dans le circuit, ils sont obligés de se promener (cravate au cou) sous le chaud soleil de Bamako, avec divers articles, en véritables vendeurs ambulants.
A côté de ces agences de placement, de nombreux bureaux de courtages aux activités frauduleuses, se créent de façon anarchique dans notre capitale…
Si une des missions de l’Etat est de protéger (au sein d’une société qui se veut moderne) les « faibles », contre les « forts » (économiquement), alors l’Etat malien doit réagir pour réglementer également le secteur des agences de placement et autres bureaux de courtage, pour l’assainir. Et mettre ainsi toutes les brebis galeuses hors d’état de nuire.
B.D.S.