Si 19% des mendiants sont originaires du District de Bamako, les autres viennent selon les statistiques d’autres régions du Mali. Ainsi, 36% des mendiants « travaillant à Bamako », sont originaires de la région de Koulikoro et 16% de la région de Sikasso. Quelques 9% des mendiants et 8% viennent respectivement des régions de Mopti et de Kayes. Les régions de Ségou, Toumbouctou, Kidal et Gao se partagent seulement 1% des mendiants vivants à Bamako.
S’agissant des enfants mendiants, 27,71% de 1052 (âgés de 11 à 18 ans) recensés sont originaires de la région de Sikasso. Le District de Bamako se taille 20,50% des enfants mendiants contre 15,68% pour la région de Koulikoro.
Suivent respectivement les régions de Ségou avec 14,73%, de Mopti avec 9,79% et de Kayes avec 7,79% des enfants mendiants de Bamako.
De même, 2,75% des enfants mendiants viennent de Tombouctou contre 1,04% pour Gao et 0,38% pour Kidal.
Après lecture de ces chiffres qui parlent d’eux-mêmes, on se demande pourquoi tous les mendiants ont élu domicile à Bamako.
A priori, la raison semble être la proximité de Bamako avec les lieux d’origine.
Les mendiants en provenance de Koulikoro sont les plus nombreux, suivis de ceux de Sikasso, de Mopti et Kayes.
Aussi, la proportion de mendiants originaires des trois régions du nord (Toumbouctou, Gao et Kidal) est presque insignifiante.
Si Ségou, deuxième région la plus proche de Bamako n’y a pratiquement pas de mendiants c’est dû au fait que Ségou est un carrefour qui nourrit son mendiant.
Mais la vraie raison de la prédilection des mendiants pour Bamako est d’ordre économique. En effet, plus de 77% des mendiants pensent exercer le « métier » pour assurer leur propre prise en charge.
Vrai aussi que dans l’imaginaire populaire malien, Bamako est synonyme de « tout », en particulier d’argent. Un peu « l’Eldorado » occidental délocalisé.
On comprend pourquoi nos provinciaux sont prompts à abandonner leurs métiers, pour s’incruster dans la gueule du caïman magique, le «Bamada ! ».
Ainsi, de source officielle, la majorité des mendiants recensés ont été cultivateurs ou autres dans leur lieu d’origine. Et, près de 15% d’entre eux ont fait le petit commerçant ou le marchand ambulant.
La mendicité, un métier qui rapporte ?
A voir la frénésie qui s’empare des mendiants à se ruer sur Bamako, on en déduit que la mendicité rapporte.
En effet, 57% des enfants mendiants soutiennent n’obtenir pas plus de 100 francs CFA par jour.
Quelques 29% d’entre eux gagnent entre 200 et 500 francs CFA. Seulement, 3% des enfants mendiants obtiennent entre 1000 et 2000 francs CFA.
Si tous ne gagnent pas la même somme d’argent, tous encourent d’énormes risques et se partagent les conséquences néfastes du « métier ». Et, ils en sont conscients.
Ainsi, 100% des enfants mendiants se savent menacés par la circulation.
Pour autant, 32% entendent faire carrière dans le métier, voire y finir leur vie. Et, quel qu’en soit le prix à payer. En ce sens qu’ils voient en la mendicité « leur destin » et leur seule alternative de survie.
Hawa Diallo