L'humanitaire n'est plus signe de philanthropie. Certaines organisations non gouvernementales opérant dans l'humanitaire servent d'antichambre à des groupes religieux aux relents extrémistes. Un devoir de vigilance s'impose à l'Etat qui leur délivre les accords-cadres.
rebelles_nord
Les éléments du Mnla (photo archives)
Les déviances voire les violences religieuses qui défraient de nos jours l’actualité nationale et internationale appellent à des analyses surtout dans le secteur de certaines ONG d’obédience religieuse. Si, comme le disait Karl Marx, « la religion est l’opium du peuple « , la situation de paupérisation des populations est, bien souvent, une prédisposition à des conquêtes religieuses malintentionnées. C’est ainsi que de lugubres individus débarquent dans de nombreuses contrées, avec des vivres et autres dons pour appâter les paisibles populations et leur inculquer, en même temps, leurs idées extrémistes. Ce fut le cas dans la localité de Misséni, dans le cercle de Kadiolo, comme l’attestait récemment le député Souleyamane Ouattara de la localité. Pour cet élu, » les populations doivent être vigilantes vis-à-vis de certaines pratiques religieuses qui font l’apologie de l’intolérance et du fanatisme « . Il faut, disait-il, se méfier des gens qui viennent d’ailleurs, sous le vocable de la secte Dawa et qui finissent par s’installer dans les mosquées en prêchant Dieu seul sait quoi. Ces individus ne sont que des éclaireurs des terroristes et des jihadistes. Ils viennent souvent tâter le terrain pour voir ce qu’ils peuvent faire… « , assure-t-il. Avant de se faire tragiquement entendre sous des noms comme Boko Haram, AQMI, Al Mourabitoune, Ançar Eddine, MUJAO, etc.
Il a expliqué que l’attaque de Misséni, qui a fait un mort et des dégâts importants, est le fait d’assaillants venus d’un pays voisin pour commettre leur crime. Mais avant, on observait un certain nombre d’ingrédients du fanatisme religieux : la floraison de mosquées avec les adeptes de la secte Dawa, des écoles coraniques et une multiplication de prêcheurs non seulement à Misséni mais ailleurs aussi au Mali. « Nous devons nous demander si nous n’avons pas été défaillants en vigilance par rapport à ces individus dont les propos sont proches des croyances des jihadistes » relève-t-il.
Ces constats alertent sur les suspicions dont font l’objet certains bienfaiteurs modernes, qui peinent à démontrer leur distance vis-à-vis des courants religieux. Karl Marx ne disait-il pas que » la religion naît de l’impuissance du sauvage devant la nature » ?
Dans une de ses publications, le professeur associé à l’Institut d’études politiques de Grenoble et président de Médecins du Monde France de 2006 à 2009, Pierre Micheletti, écrivait : » Les ONG évoluent dans un contexte international qui s’est transformé. Les relations internationales s’organisent aujourd’hui sur les logiques d’un monde multipolaire. Des grandes puissances émergent sur tous les continents.… »
L’auteur de «Humanitaire : s’adapter ou renoncer» estime que les principales ONG présentes à travers le monde, en volume, sont d’abord et avant tout des organisations issues des pays occidentaux. En 2005, sur les quelque 10 milliards d’euros dépensés dans le monde pour l’action humanitaire, une forte proportion de ce budget a été engagée par des ONG occidentales. Les poids lourds de ces ONG sont anglosaxons : World Vision, Care, Oxfam et ses différentes sections.
Toute chose qui pousse les groupes extrémistes réfractaires aux » valeurs occidentales » à casser leur tirelire pour sponsoriser des organisations à relent fondamentaliste. C’est pourquoi nos Etats devraient être plus regardants sur les sources de financement de nombre d’ONG qui courent nos rues et surfent sur la misère des populations. Quelques tonnes de vivres, des vêtements, des médicaments, des intrants agricoles, voire des semences et autres et le tour de la conquête aux idées de la… » vraie religion » est joué. Il leur suffira de simplement laisser croître ces germes d’intolérance meurtrière pour aller à des cellules dormantes du terrorisme qui fait tant de dégâts. Et » le chemin de l’enfer étant pavé de bonnes intentions « , les potentiels terroristes, qui endeuillent nos villes, ne sont plus si loin !
Bruno D SEGBEDJI