L’armée malienne a fui le nord, abandonnant les populations aux souffrances liées à l’arrêt des approvisionnements alimentaires et autres à partir du sud et aux exactions barbares et inhumaines méthodiquement appliquées par les bandits armés, les radicaux islamistes d’Ançar dine, les salafistes algériens désormais renforcés par des comparses venus du Pakistan, les mercenaires de tous poils originaires de toute l’Afrique de l’Ouest, les criminels de haut vol vivant de toutes sortes de trafics.
C’est ainsi qu’on a assisté à des exécutions massives et sommaires du prétendu « mouvement national de libération de l’Azawad », des mutilations physiques (section de la main ou du bras) de la milice de Iyad Ag Ghali au nom de la charia’a, des profanations de monuments historiques et de tombes d’érudits considérés comme des saints à l’actif de la même milice, des viols et violences corporelles sur des jeunes filles pratiqués par les djihadistes du MUJAO.
Les agressions, les humiliations de toutes sortes, les dépouillements de biens, surtout des maisons et des véhicules, sont devenus le lot quotidien des populations du nord qui n’ont pu rallier les localités du sud ou se refugier dans les pays voisins, comme 200 000 de leurs congénères ont réussi à le faire, souvent dans des conditions relevant du miracle.
La coupe est devenue pleine lorsque les nouveaux maîtres du nord Mali ont entrepris, ces derniers jours, d’isoler nos frères de cette partie du pays du monde entier et de les « ramener au moyen âge » (l’expression est de l’un d’entre eux qui s’est exprimé sur une radio étrangère) en les frappant d’une série d’interdictions. Comme celle de regarder des chaines de télévisions non islamiques, diffusant de « la musique impie » et montrant des « images obscènes ». Même les images de groupes musicaux africains se contorsionnant sur la scène ne sont plus tolérées, ce qui rend la télévision malienne elle-même impropre à la consommation.
La pratique du football, considérée comme une valeur occidentale corruptrice, a été bannie et les jeunes de Gao, Tombouctou et Kidal qui s’y livraient invités à remplacer les matches de quartiers par la lecture du Saint Coran pour sauver leur âme.
En somme, c’est bien l’afghanisation du nord Mali qui a débuté et les jeunes de cette zone, qui ne veulent pas être soumis aux rigueurs d’un islam obscurantiste, ont décidé de s’y opposer. Prenant leur courage à deux mains, ils sont sortis massivement dans la rue pour braver les fusils et les canons des envahisseurs, dire non à l’étouffement des libertés, à l’écrasement de leur dignité, exhiber le drapeau du Mali et crier fort leur attachement indéfectible et indestructible à ce pays. Aux dernières nouvelles, ils auraient commencé à s’organiser en petits groupes d’autodéfense et auraient même tué deux de leurs oppresseurs.
C’est le début de quelque chose qui pourrait aller jusqu’à la libération de l’Azawad de l’emprise des bandits armés et des contingents islamistes étrangers. Surtout si elle est accompagnée et soutenue avec les moyens appropriés par le gouvernement Cheick Modibo Diarra. Ce dernier promettait, dès sa désignation comme Premier ministre « de pleins pouvoirs » de ne pas céder un centimètre du territoire national à qui que ce soit et pour quoi que ce soit.
Le moment est venu pour lui de prouver sa détermination à tenir sa promesse.