Selon des sources dignes de foi et généralement très bien informées, notre Consul général Mangal Traoré vient d’être rappelé à Bamako. Son rappel fut-il pour lui aussi un deuil comme c’est le cas pour presque tous ses prédécesseurs et assimilés ? L’avenir nous édifiera.
Nos Consuls si faibles
Nous nous souvenons, il y a quelques années, d’un bouillant Consul qui était en France. Il voulait mettre de l’ordre au sein du consulat. Il ordonna un jour l’ordre à une dame, recrutée locale, de bien faire son travail. Celle-ci appela aussitôt le président de la République du Mali. 30 minutes plus tard, le président appelait le Consul en question et l’intima l’ordre de laisser tranquille la bonne dame. Ah oui, vous ne rêvez pas ! Hélas. C’est cela aussi le Mali. Cette histoire est bien connue. Par élégance, nous avons tu les noms. Nous ne tirons jamais sur une ambulance. L’un des protagonistes de cette affaire est incapable aujourd’hui de se défendre.
Mangal a vite compris à travers cette histoire qu’il a sans doute entendu qu’il ne pourra rien changer. En carriériste convaincu, il a essayé d’être l’ami de tout le monde. Mangal a vite compris aussi que pour faire carrière au Mali, il faut être conciliant, servile et serviable. Au sein du Consulat, tous les agents savent que le Consul n’a aucun pouvoir. Il ne recrute et ne peut licencier personne. C’est l’ambassadeur qui est l’homme-orchestre même si très souvent le président de la République intervient en personne. Recrutement de Mata Bagayoko par IBK.
L’ambassadeur
Nous avons publié le 24 mars 2015 un article dont le titre était : «Condamné à perpétuité, Mamadou Diarra dit John est pourtant agent consulaire». Suite au silence de mort des pouvoirs publics, nos sources très bien introduites au sein de la diplomatie malienne nous ont avancé la raison. Mamadou Diarra dit John, certes, n’a aucun lien de famille avec l’ambassadeur Cheick Mouctary Diarra, l’ami d’IBK. Mamadou Diarra dit John a été condamné avec Koroma à la prison à perpétuité et puis solidairement au payement de 72 000 000 FCFA. En vérité, l’ambassadeur Diarra était devant un cas de conscience. Pour les pires ennemis de la nation, il y a souvent une certaine conscience, certes dans l’immoralité, mais une conscience amorale tout de même. Les mots sont pesés.
Cheick Mouctary Diarra ne peut renvoyer du consulat Mamadou Diarra dit John pour avoir été condamné à perpétuité, si en même temps, les siens Tidiane Diarra et ses amis bénéficiaient d’un non-lieu pour 1.900.000.000 FCFA (Affaire Banque Régionale de la Solidarité) par notre justice. Cette justice si complice envers les puissants mais si dure, si cruelle, si féroce envers les faibles. Maître Fanta Sylla, ex-garde des Sceaux, a raison quand elle disait : «La justice malienne est indépendante de tout sauf de l’argent sale.» Au Mali, aucune affaire de vol de milliards n’aboutit. Le peuple regarde passif. Moussa Traoré avait raison de dire : «...Rien ne fait mal aux Maliens...».
Dans un pays tout est lié
Si les jihadistes ont brûlé les symboles de l’État à Fakola sans s’en prendre aux populations locales, c’est qu’ils ont compris le ras-le-bol des populations vis-à-vis des potentats locaux. Tant que Koulouba reste l’épicentre de la corruption, comment voulez-vous que nos magistrats soient honnêtes ? Comment ne pas comprendre l’essor du mouvement d’un Amadou Kouffa ? Comment ne pas comprendre que quelques bandits armés nous mettent en déroute ? Mangal, nous avons appris que vous n’avez pas couru à votre arrivée en France pour demander directement ou indirectement le changement de statut, c’est-à-dire quitter le ’’statut diplomatique’’ pour le statut ’’vie privée et familiale’’ en faisant des demandes de bas étage. Si cela est vrai ? Ne serait-ce que pour cela, merci pour le Mali.
Espérons simplement que le nouveau Consul aura les moyens de sa mission. Qu’il ne se souciera pas de comment lui et sa famille pourraient s’implanter à jamais en Occident, mais plutôt de comment nous honorer. Très digne République du Mali aujourd’hui trimballée. Sans repères. Nous n’avons rien contre à ce que des gens veuillent s’installer en France. Point de raccourcis. Cependant, quand l’on vient en mission comme cadre, il y a des seuils à ne pas franchir. Puisque au-delà de sa petite personne, il y a l’honneur de la patrie. Le respect se mérite même pour les nations. IBK doit comprendre que le Mali n’est pas son héritage. Maintenir le vieux, l’obligé, l’ami Cheick Mouctary Diarra, comme ambassadeur et désigner le novice-arriviste, le pistonné Oumar Keïta comme sous-ambassadeur à l’Unesco, est une insulte faite à l’ensemble des cadres maliens. Oumar Keïta n’aurait pas dû prendre les escaliers, mais il a emprunté l’ascenseur. Chronique d’un Mali qui marche sur la tête.
Il est temps de doter notre représentation diplomatique à Paris de cadres de valeur, sûrs et patriotes. Il est temps de mettre fin aux connexions mafieuses : sexe et argent à travers des stages bidon de belles-sœurs débouchant sur des recrutements. Cela est une autre histoire que le peuple saura. Parole d’honneur. Pour le reste, toute déviance, toute indignité sera décriée. S’agiter n’y changera absolument et résolument rien.
Un engagement inébranlable
Que des néo-analphabètes, prétentieux, très mal formés, avides, cupides, méprisables, en quête de pitance, apatrides sans dimensions morales en bande, puissent faire distiller çà et là des informations selon lesquelles ils écriront contre nous pour nous faire taire, est non seulement affligeant mais surtout infamant. Qu’ils comprennent juste que selon un prix Nobel Wole Soyinka: «Un tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore». Rien ne nous fera taire. Allah wa soubana wa ta la nous suffit comme Témoin.
Le drame du Mali d’aujourd’hui, c’est l’absence de volonté politique d’IBK à redresser le Mali. C’est triste, mais, hélas, c’est ainsi malheureusement. C’est cela qui est inquiétant.
Boubacar SOW
boubacarsow@hotmail.fr