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Imam Mahamoud Dicko : «Tant que le pouvoir piétinera les plus faibles, il n’y aura aucun bonheur pour ce pays»
Publié le mercredi 22 juillet 2015  |  Le Reporter
Cérémonie
© aBamako.com par A.S
Cérémonie de présentation de vœux des notabilités au chef de l`Etat
Koulouba, le 29 décembre 2014. Les notabilités et les chefs religieux du Mali sont allés présenter leurs vœux de nouvel an au chef de l`Etat.




«Je vous salue tous, par la grâce de Dieu, Maître du monde. Monsieur le président de la République, nous commençons par rendre grâce à Dieu et faire des remerciements. Dieu qui nous a montré ce jour dans la paix et la tranquillité. On vous salue tout comme le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale. Nous saluons tous les chefs d’institutions présents ici, vos collaborateurs, les familles fondatrices et les chefs coutumiers. Nos parents avec lesquels nous partageons la même dignité, même si nous ne sommes pas de la même religion, qui sont nos collaborateurs avec lesquels nous travaillons ensemble, nous les remercions aussi. Nous demandons à Dieu de nous donner bonheur, santé et prospérité. À vous-même personnellement, que Dieu vous donne bonne santé, longévité et la force nécessaire pour gérer ce pays. La patience et la compréhension nécessaires, que Dieu vous les accorde et à tous les Maliens.
Cette tradition que vous avez instaurée nous on rappelle la Sounata assanata. Notre prophète (PSL) dit que celui qui instaure une bonne tradition, Dieu lui accordera sa bénédiction, ainsi qu’à tous ceux qui lui donnent des conseils jusqu’à la fin du monde. Vous avez votre part dans toutes ces bénédictions. Rendre le jour de la fête un grand jour, un jour mémorable, un jour d’entente et de partage, comme vous l’avez fait, Dieu vous le payera en bénédictions. Cela doit se faire dans notre pays. Nous sommes une République, nous sommes laïcs, nous sommes démocrates, mais avant d’être tout cela, nous étions autres. Des hommes de dambé (d’honneur) et de religion. Dans notre pays, si on respecte la religion, si on la respecte comme il le faut, cela est normal ; cela est dans l’ordre des choses dans ce pays. Ce pays peut tanguer, mais il ne chavirera jamais. Le jour où les gens pensent qu’il est détruit, c’est ce jour qu’il les surprend et prend la bonne voie. Au moment où les gens désespèrent, Dieu vient au secours de ce pays. On dit qu’on a fait des sacrifices pour préserver ce pays. Mais où a-t-on fait cela ? Qui est-ce qui a fait ces sacrifices ? Vous devriez chercher à le savoir. Hier seulement, j’ai rappelé cela aux journalistes, au peuple malien, et à moi-même. Il y a des pages de notre histoire que nous ne devrions pas oublier.
Askia Mohamed, El Hadj Askia Mohamed Amir Almouminou, on l’appelait ainsi, était un Kalifa. El Hadj Askia Mohamed a quitté ici pour aller à la Mecque, en 1495. Le jour où il est arrivé à la Mecque, le Chérif qui était à la tête de la Mecque s’appelait Hassane Moulaye Albass. Il était le gouverneur de la Mecque. Au regard des honneurs rendus, et la manière dont il est arrivé à la Mecque, avec déférence et considération, le Chérif gouverneur de la Mecque a coiffé de son propre bonnet Askia Mohamed. Il lui a aussi remis son turban pour ensuite le présenter à tout le monde comme le Kalifa…
Ce qui a été fait à la Mecque, l’or qu’ils ont donné, les sacrifices qu’ils ont fait ; l’immense bonheur qu’ils ont fait pour les Chérif, c’est ce respect dont notre pays bénéficie toujours. Très souvent, on se demande comment on parvient à s’en sortir. Quand les choses tournent mal, on trouve vite la solution grâce à Dieu, on est toujours préservé. Nous ne devrions pas oublier certains fondements de l’existence de notre pays. Nous ne devons jamais oublier les piliers de notre pays. C’est à partir de la Mecque qu’ils ont fait des bénédictions pour notre pays, afin que le Mali soit un pays de religion musulmane par excellence. Tout chef qui accédera à la tête de ce pays et aura aidé la religion musulmane, Dieu lui accordera succès et réussite. C’est la bénédiction faite par le Chérif de la Mecque. C’est pourquoi tous ceux qui aident cette religion vont réussir. Ce sont des secrets du pays qu’on doit vous dire, vous, les dirigeants de ce pays. Ce travail que nous sommes en train de faire pour notre bien-être, l’entente entre les religions, c’est un travail important et capital. Ce qu’on peut ajouter, c’est ce que je vais vous dire à vous-même, Monsieur président de la République, c’est ce que Dieu nous recommande. Si les hommes sont droits, Dieu leur donne le bonheur. Quand les gens sont honnêtes, Dieu leur fait des facilités. Quand il n’y a pas de mal gouvernance, Dieu aide le pays. C’est ce que nous enseignent nos érudits. Dieu aide et lui facilite la gestion même à un mécréant qui détient le pouvoir et agit dans le droit chemin, qui ne cause de tort à personne. Vous pouvez prier jusqu’à fendre votre front, tant que les gens se plaignent, en réclamant leur part, tant que vous oubliez les pauvres, le malheur surviendra, et rien ne sera facile à gérer. Tout ce qui doit être facile ou simple pour nous conduire vers le bonheur deviendra difficulté insurmontable. Tout ce qui peut amener cela dans le pays, c’est de causer du tort aux populations. Vos collaborateurs doivent faire attention à cela, qu’ils soient gouverneurs, maires, responsables de la police, de la gendarmerie ; tous ceux qui gèrent une parcelle du pouvoir doivent y veiller. Les gens doivent avoir protection auprès des pouvoirs publics… On doit vous dire cela parce que vous êtes le président de la République. Vous êtes président à un moment difficile, mais les grands hommes de Dieu sont faits pour les épreuves difficiles. C’est dans ce contexte qu’être président a un sens. C’est dire que vous devriez avoir patience et tolérance, plus qu’hier, avant-hier et demain. Vous devez accepter de tout endurer. Mais il faut vous mettre debout avec le fardeau que Dieu vous a donné. Les pauvres qui vous ont choisi, en vous faisant confiance, ils sont toujours là, présents. Même avec les rumeurs des derniers jours, tout le monde était soucieux. Ça veut dire que la confiance demeure. Tant que vous gardez votre bonne foi pour votre pays, ceux qui vous ont choisi vous feront toujours confiance pour bâtir ce pays. Le pays sera rebâti, Inch Allah, dans la paix, l’entente et la confiance mutuelle entre nous. Tant que les dirigeants resteront corrects et honnêtes dans la gestion, les populations leur feront confiance ; c’est ce qui fera avancer le pays dans la paix et le bonheur. C’est ce que je disais ici il y a trois jours, que notre pays est un pays religieux et c’est le pays de toutes les religions. Nous nous comprenons ici en parfaite harmonie. Il n’y a pas de malheur sur notre pays. J’avais lancé un appel sur ce même lieu que je vais relancer pour dire à nos chefs religieux, surtout les musulmans : nous avons adopté la religion musulmane dans l’honneur et la dignité, car notre tradition, nos us et coutumes vont avec la religion musulmane. Ici, on ne peut pas nous forcer ; on ne prend pas de fusils ici ; on n’attache pas des bombes aux gens ici. Cela n’est pas notre tradition, ce n’est pas dans nos coutumes. Nous n’avons pas connu notre religion comme ça. Nous lançons des appels aux populations et à la jeunesse, de faire attention, ce n’est pas notre manière de faire. Quand on voit cela, on doit le dénoncer. Notre religion est basée sur la bonne hospitalité légendaire. Un marabout en voyage peut habiter partout. On lui donnera une maison, une femme ; et autre chose, sa famille deviendra une famille maraboutique. Nos villages ont été installés comme ça. La religion est arrivée sans force ni violence dans nos villages. Il n’y a pas de village dans notre pays où il n’y a pas une mosquée, mais elles n’ont pas été construites par des armes. Ce n’est pas avec des armes que nous sommes devenus des musulmans, et ce ne sont pas les armes qui vont nous faire sortir de cette religion. S’il plaît au Bon Dieu, nous allons vivre et mourir musulmans, et nous allons nous entendre avec les autres. Notre religion n’est pas contraignante ; elle prône l’harmonie, la compréhension et le vivre-ensemble. Nous allons vivre ensemble !
Je dois profiter de cette tribune, face à la situation actuelle du pays, pour lancer des appels à la jeunesse de notre pays, qu’ils fassent attention. Je sais comment est le monde d’aujourd’hui, les jeunes sont dans la confusion. Il n’y a pas de travail ; ils sont exposés au chômage ; les encadrements ne sont pas faits comme il le faut, et cela c’est partout même dans les écoles, les centres de formation et dans l’administration. Rien n’est facile. Mais nous devrions nous donner la main, nous devrions bien former nos jeunes pour qu’ils ne soient pas les proies faciles dans ce monde de nos jours. Rien de tout cela n’est possible sans que le pays même ne songe à revoir les centres d’éducation, les lieux de formation des jeunes, et même nos familles. On doit se donner la main pour que nos jeunes ne soient pas dans le Sahara, sur les océans et les mers… Nous sommes des marabouts, nous parlons beaucoup. Mais nous allons nous arrêter ici en faisant des bénédictions. Que Dieu vous accorde meilleure santé, longue vie, vous inspire afin que vous puissiez mettre en application vos bonnes résolutions pour le bonheur de notre pays. Je vous souhaite prompt rétablissement... Qu’Allah nous accorde paix, entente et compréhension mutuelle. Nous sommes sûrs qu’il y aura la paix, si les Maliens se donnent la main dans la paix, parce que nous sommes un peuple ; nous sommes une seule famille. Nous implorons Dieu pour qu’il nous donne une bonne saison des pluies, sans ravages. Je vous remercie.»
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