La mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation à peine commencé, le Mali est, actuellement, confronté à un autre problème de taille dont la maîtrise semble être difficile pour les autorités : le terrorisme. Bamako, Nara, Misseni, Fakola et plus récemment Tominian, ont subit des attaques terroristes. Même si l’armée malienne est de plus en plus efficace dans ses opérations de ratissage, le dispositif sécuritaire global déployé par l’Etat pour contrer le phénomène ne semble pas être à hauteur de souhait.
La menace terroriste a pris de l’ampleur et s’est transporté du Nord vers l’Ouest et le Sud du pays, avec les mêmes objectifs et cibles. Le groupe Ansar Eddine a revendiqué une série d’attaques perpétrées dans des villes et des villages situés au sud et à l’ouest du pays, dont la capitale Bamako. Dans le cercle de Tominian, après l’attaque du 15 juillet contre le poste de contrôle de Djenné installé dans un endroit couramment appelé « carrefour de Djenné et l’exécution d’un habitant du village de Djamakan, les populations ne dorment plus que d’un œil.
Les habitants du cercle sont sur le qui-vive et les activités champêtres sont au ralenti. Les forces armées et de sécurité essaient tant bien que mal d’endiguer le fléau. En effet, suite à une opération de ratissage menée le 11 juillet, un camp d’entraînement des djihadistes dans la région de Sikasso a été démantelé par les forces de défense et de sécurité du Mali.
Bilan : une trentaine de djihadistes tués, 15 autres arrêtés. Une vingtaine de présumés djihadistes ont été arrêté à Zégoua dont deux de nationalité française dans la nuit du lundi à mardi 14 juillet. Ces opérations coups de poing des militaires maliens sont certes rassurantes, mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Les djihadistes progressent dangereusement. Et une insécurité profonde s’installe. Nos autorités sécuritaires ne semblent pas avoir une stratégie cohérente face à la menace.
La négligence des autorités en charge de juguler le phénomène a, sans doute, permis aux groupes terroristes, de mieux s’organiser et de mieux coordonner des attaques vers d’autres régions du Mali, ce qui n’était pas fréquent, il y a des mois de cela. Ces attaques mettent en évidence non seulement la force de nuisance des groupes terroristes. Mais, aussi, leur capacité de se déplacer librement avec des armes de guerre sur l’ensemble du territoire national. En clair, la situation sécuritaire s’est détériorée et la stabilité du Mali et celle des pays frontaliers est menacée.
Ces attaques et ces menaces terroristes dont le Mali fait face après la signature d’un accord, annoncent-elles, le début d’une insécurité profonde contre laquelle les Maliens doivent composer avec ? Rien n’est moins sûr ! Cette menace inquiète plus d’un et vu la manière dont les autorités gèrent cette nouvelle donne, il est clair que nous n’allons pas voir le bout du tunnel de sitôt.
Car, la gestion actuelle de la menace terroriste, pilotage à vue et les patrouilles a minima selon le degré des alertes, met en évidence les limites de nos autorités à contenir cette situation nouvelle. Dans la lutte contre le terrorisme, l’anticipation est la clé. Les récentes attaques des groupes terroristes montrent à suffisance qu’ils sont déterminés à se déployer sur toute l’étendue du territoire malien. Et pour ne rien arrangé aux choses, les obscurantistes semblent avoir la maîtrise du terrain plus que nos forces armées qui les traquent.
Madiassa Kaba Diakité/ Ousmane Baba Dramé