Le président du Faso, Blaise Compaoré, a, au lendemain de la commémoration du 52e anniversaire de l’Indépendance du Burkina à Koudougou, donné une conférence de presse à son pied-à-terre. Ce point de presse a porté essentiellement sur l’organisation de la fête nationale, sur la situation au Mali notamment la démission du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, et sur la crise à l’Université de Koudougou.
La démission du Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra risque de porter un coup dur au processus de sortie de crise que conduit le médiateur de la CEDEAO, Blaise Compaoré.
Une situation qui l’inquiète tout comme la communauté internationale, a-t-il affirmé au cours de la conférence de presse qu’il a donnée le 12 décembre dernier. Cette inquiétude est fondée sur le fait que le processus qui a conduit au départ du Premier ministre n’a pas suivi les règles du droit, a-t-il indiqué, avant d’ajouter qu’il a, à plusieurs reprises, attiré l’attention de la communauté internationale sur le manque de cohérence, de visibilité dans les choix politiques de l’Etat malien de transition. Cela pouvait bien sûr, a-t-il renchéri, conduire à des situations aussi graves que ce que l’on a pu vivre ces derniers moments. Mais il dit espérer que bientôt, un gouvernement sera mis en place et va s’atteler avec détermination à assurer un dialogue intérieur beaucoup plus fécond et à mobiliser l’ensemble des composantes sociales du Mali. A la question de savoir si la situation actuelle aura un impact sur le processus de médiation, Blaise Compaoré dira que les contacts qu’il a eus avec le président Dioncouda Traoré, indiquent qu’il est entièrement disposé à travailler avec eux sur le processus de paix ; donc, il ne pense pas qu’ils auront une difficulté particulière. Ce qui était difficile pour eux, a-t-il dit, c’était de ne pas savoir avec qui discuter à Bamako. Mais il espère que cette fois-ci, la Constitution a indiqué l’homme qui doit être à la tête des orientations pour ce dialogue avec les mouvements rebelles. Pour éviter la situation de désordre que l’on constate au sein des autorités de Bamako, il fallait, selon le président du Faso, que très tôt, le président Dioncouda prenne en charge la gestion des affaires de l’Etat, conformément à la Constitution. Mais à partir du moment où l’on n’a pas senti à l’époque cet engagement, il était, a-t-il mentionné, certain que cela ouvrait la voie à des débordements et à des dérives.
Le respect strict de la Constitution
Il faut que l’on puisse ramener les uns et les autres au respect strict de la Constitution. Il y a un président intérimaire qui assure la transition et c’est lui qui doit être le chef au Mali ; et c’est ce qui amènera les uns et les autres, a-t-il fait noter, à oublier les autres (NDLR notamment le capitaine Sanogo). Concernant l’ONU qui tarde à donner une réponse sur l’intervention militaire au Mali, le médiateur a soutenu que l’UA et la CEDEAO attendent qu’il y ait une prise de position claire de la communauté internationale. Selon le président du Faso, il faut un engagement de la communauté internationale aux côtés des Maliens d’abord pour l’assistance humanitaire, et ensuite politique pour la formation des militaires maliens aux fins de leur permettre de libérer militairement leur territoire. Même si cette formation ne les met pas dans une position d’opérationnalité, que cette communauté internationale et les Africains puissent s’assumer, faire en sorte que le Mali recouvre son intégrité territoriale, a-t-il laissé entendre. « Nous attendons que l’ONU clarifie la position de la communauté internationale qui, pour nous, doit être du côté du Mali », a-t-il souhaité. Répondant à une question relative aux sanctions infligées aux étudiants de Koudougou, le chef de l’Etat a confié qu’il s’agissait là d’actes répréhensibles au regard des règlements de l’Université. Cependant, le gouvernement, en dehors d’accompagner les parties dans la médiation, n’a pas voulu, a-t-il révélé, prendre une position qui pourrait régler la question pour un camp et non pour l’ensemble et surtout créer une situation qui amènerait certains à penser qu’il soutient des pratiques qui ne doivent pas exister dans les écoles. La citoyenneté, la paix et le dialogue dont on parle, ne peuvent, a-t-il fait remarquer, passer que par le respect des uns et des autres. Pour lui, si on veut construire le pays, il vaut mieux que l’on dise aux enfants qu’ils doivent se comporter mieux. Réagissant sur l’organisation du 52e anniversaire à Koudougou, le chef de l’Etat a salué le mérite de l’ensemble des populations du Centre-Ouest pour la qualité de l’accueil et la bonne gestion de l’agenda des événements commémoratifs de cette fête nationale. Il y a eu beaucoup d’énergie déployée, a-t-il souligné, pour l’exécution des actes des festivités. Toutefois, comme à Bobo et ailleurs, il y a eu beaucoup de difficultés et particulièrement dans cette région où des problèmes d’eau se sont posés. Le fait d’avoir déplacé cette fête d’une année à l’autre, n’a pas été, a-t-il estimé, une source de motivations pour les populations, notamment les opérateurs économiques qui attendaient de s’assurer qu’elle aura lieu avant de s’engager. Comme réponse à une question relative au temps imparti pour la réalisation des d’infrastructures dont certaines n’ont pu être achevées, le président du Faso fera savoir que le gouvernement va poursuivre la réflexion afin d’avoir une approche beaucoup plus pragmatique pour éviter que ce genre de situations ne revienne dans l’organisation de ces événements.