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Circulation de Bamako : Comme si ça ne touchait personne
Publié le jeudi 23 juillet 2015  |  L’Indicateur Renouveau




Il est de notoriété publique qu’à Bamako, l'indiscipline dicte sa loi dans la circulation. A longueur de journée, conducteurs de moto, chauffeurs de taxi et Sotrama, s’invectivent, se bagarrent le long des axes de la capitale au vu et au su d’agents de sécurité. Un doigt accusateur est pointé sur la police qui ne prendrait pas ses responsabilités et marcherait sur sa déontologie. Enquête.

Les disputes entre conducteurs de moto et chauffeurs de Sotrama sont monnaies courantes à Bamako. Pour parler terre-à-terre, ils sont comme chiens et chats. Le non-respect du code de la route et le manque de civilité en sont les causes profondes. La situation est insupportable quand on sait les algarades, voire les corps-à-corps se passent sous yeux de forces de l’ordre indifférentes. Des conducteurs, qui ont accepté d’en parler, dénoncent le manque de responsabilité de policiers.

Sidi Berthé est un conducteur de moto. Pour lui, les chauffeurs de Sotrama sont »le principal poison » dans la circulation routière à Bamako. « Ils provoquent des situations désagréables et bénéficient de la protection des policiers », soutient-il, ajoutant que des agents de la circulation ne cessent de tendre la sébile aux chauffeurs comme des mendiants autorisés.

« Des billets de banque sont glissées ainsi dans leurs mains. Si, au départ, ils se cachaient pour les prendre, aujourd’hui ils le font au vu et au su de la population. Pourtant, les policiers sont avant tout des éducateurs. Beaucoup d’entre eux, à peine sorti des camps de formation, oublient le sens de la morale et de la déontologie policières… », déplore-t-il.

Pour Djibril Traoré, un usager, « la circulation à Bamako est un véritable méli-mélo. Les conducteurs circulent comme ils veulent puisqu’on ne peut pas compter sur les autorités policières, nous ne pouvons que nous en remettre à Dieu ».



Tous coupables ?

Habibatou Diarra est une cliente de Sotrama, qui fait régulièrement le trajet Magnambougou-Rail da. Notre interlocutrice ne cache pas son amertume envers les chauffeurs de minibus. « C’est du n’importe quoi dans les Sotrama, sans aucune considération pour la personne humaine. Les conducteurs roulent n’importe comment. Nous ne pouvons pas continuer à faire les frais de leur irresponsabilité. Ils doivent aller doucement », dit-elle.

Et pour Djénéba Dembélé, la situation va de mal en pire. « Certains ne se gênent pas de stationner à la hauteur d’un commerce pour marchander le prix d’un produit, contraignant les autres usagers se trouvant derrière eux à une longue attente… »

Les agents de la circulation aussi se plaignent de l’indiscipline de certains conducteurs. Les disputes dégénèrent le plus souvent en scènes de violences. « Ils se garent mal. Si on les prend, ils sont les premiers à nous insulter. Dès fois nous sommes obligés de recourir à des sanctions plus sévères », témoigne le sergent-chef Boubacar Coulibaly de la Compagnie de circulation routière.

Pour s’imprégner de la situation, un tour au Rail da est largement suffisant. Ils vivent quotidiennement au cœur du goulot d’étranglement que constituent les abords de la célèbre rue dite Rail da. Dans ces rues fréquentées de la capitale, les comportements des usagers provoquent des embouteillages monstres. Les usagers endurent chaque jour des situations chaotiques aux différents points névralgiques de la ville.

Le plus irritant dans cette affaire, c’est le comportement de certains automobilistes qui brûlent la politesse aussi bien aux autres usagers qu’aux agents de la circulation déployés aux différentes intersections pour gérer le trafic.

En effet, il n’est pas rare de voir des automobilistes sortir de la longue file de véhicules pour dépasser tout le monde et aller plus loin bloquer le passage à ceux qui viennent en sens inverse. Un comportement qui aboutit à des situations d’impasse.

Le fait prouve le manque de respect à l’égard des autres usagers, du code de la route et des agents chargés de veiller à l’application correcte de la loi. Il est temps que nous nous imposions une certaine

discipline dans la circulation. On peut dire sans risque de se tromper que les vrais problèmes de la circulation à Bamako sont l’inconscience, l’incivisme parfois même le comportement irresponsable de certains usagers.

Hawa Sy

Stagiaire
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