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Engrais frelatés : Une affaire de gros sous qui implique ATT aussi
Publié le jeudi 23 juillet 2015  |  Le Matin
Amadou
© Autre presse
Amadou Toumani Toure
Le président déchu du mali




Le problème a éclaté cette année sous IBK et BocariTreta. Mais il date des années 2000. Mais là où il y a gros sous, il y a la politique. Grosse difficulté pour IBK qui devra sévir contre lui-même.

Le président Ibrahim Boubacar Keïta - sillon
ATT et IBK
L’homme par qui la boîte à pandore a été ouverte est un baron du parti au pouvoir, le Rpm, et un élu à l’Assemblée nationale- c’est lui Bafotigui Diallo qui a fait analyser les engrais pour prouver qu’ils étaient de mauvaise qualité, peu performants et surtout nocifs écologiquement parlant. Mais si le problème a éclaté cet été 2015, il date en fait des années 2000 ; les années ATT. Elu en 2002, il vient trouver en place un système performant qui fait le bonheur des paysans dans leurs champs. Mais un bonheur on en découvre la valeur après sa disparition. Et tous les paysans et exploitants terriens sont dans le même état d’esprit aujourd’hui (c’est vérifiable) : avant l’engrais était ‘’puissant’’, il donnait plus à l’année et donnait encore l’année suivante. Et même après. Aujourd’hui, tu mets ton engrais et il ne ‘’fond’’ même pas ! (caractère insoluble dans la terre).

Avec l’accession d’ATT à Koulouba, les Maliens ont élu un président sans parti. Un bélier sans mur derrière lui. Du coup, ils ont mis au pouvoir un orphelin politique qui, (pour rester en paix et populaire) a dû cultiver le laisser-aller, l’impunité, le clientélisme et la gabegie. Faire plaisir à tout le monde et ne léser personne était sa planche à salut. Mais le populisme beat a un prix. Et les paysans vont le payer très cher et nous avec eux, ici maintenant et demain.

Les engrais venaient du Sénégal et ils étaient de la bonne qualité. Un système huilé était en place, mais ATT-sans parti- devait se faire aider pour arriver à Koulouba. Et une fois là-haut, il fallait renvoyer l’ascenseur. A titre d’exemple, c’est ainsi que Bakary Togola s’est retrouvé président de l’Apecam et Vice-président du Pdesplutard. Entre les deux, il a plongé ses deux mains dans les affaires, notamment de l’engrais. Lui et bien d’autres, jusqu’à l’éclosion de nouveaux milliardaires à vue d’œil. Les paysans se souviennent de pauvres petits négociants qui venaient acheter le peu d’engrais qu’ils vendaient et qui brassent des milliards depuis. Car, l’importation et la distribution des engrais a vu de nouveaux operateurs politiquement récompensés qui sont allés chercher dans d’autres pays (Europe de l’Est par exemple) des engrais moins chèr et de qualité douteuse. Ils ont mis en place de nouvelles structures d’importation et de distribution et partageaient gracieusement les fameuses retro-commissions que vient justement de dénoncer IBK le jour de la fête.

Pour rester là, BocariTréta n’est coupable dans le départ des engrais ‘’frelatés’’. Mais il le deviendra s’il ne fait rien. Et la tranche n’est pas facile : les requins prédateurs d’ATT ont viré dans son parti, le Rpm. A commencer par Bakary Togola. Donc, si IBK veut sévir il devra se frapper lui-même. Pas facile, mais il a parlé.

Amadou Tall
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