Dans la vie ici-bas, certains hommes trouvent leur compte dans le désordre, le chaos et n’épargnent rien pour parvenir à leur fin. A la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), ces genres de personne qui sont prêts au pire pour leurs propres intérêts font légion. A chaque élection de l’institution consulaire, ils refont surface.
Les élections consulaires de la CCIM d’octobre 2006, qui ont abouti à l’élection de Jeamille Bittar comme président de l’institution ont été celles de toutes les trahisons. Les commerçants entre eux se sont mis les bâtons dans les roues et l’Etat qui devait jouer son rôle d’arbitre avait au contraire mis son grain de sel en prenant directement position pour Jeamille Bittar, qui a été élu avec plus de procurations que de votes physiques. Fort de cette expérience, Abdoul Karim Konaté dit Empé, ministre du Commerce et de l’Industrie a relu la loi portant création de la CCIM. Beaucoup d’innovations allant dans le sens de la transparence et la sécurisation des élections consulaires y ont été apportées. Parmi celles-ci, l’abrogation de la disposition relative au vote par procuration.
Le nouveau challenge cette année reste l’entente entre les acteurs concernés, qui semblent à présent hantés par les démons de la division. Les mauvais diables de la félonie et de la mascarade ont ressurgi comme en 2006. Cela n’est pourtant pas l’appréhension du patronat malien ni du Groupement des commerçants maliens. Ces deux grands syndicats d’hommes d’affaires et de commerçants de notre pays ont travaillé conjointement à conjurer le mal dans le sens d’aller dans des élections consulaires consensuelles et apaisées.
A peine la démarche de réconciliation entamée et acceptée par la majorité du secteur privé, les mêmes actes de trahison qui ont entamé la cohésion des milieux d’affaires recommencent. Comme un phénomène récurent, ce sont les mêmes individus qui avaient leurs noms salis dans les coups bas ayant entraîné le scandale électoral de 2006 qui sont pointés du doigt.
Aux élections des membres consulaires de la CCIM prévues pour le dimanche 26 juillet prochain, de lourdes accusations sont portées contre Hamma Abba Cissé, directeur de campagne de Boubacar Tandia, tête de liste B et président de la Coordination du groupement des commerçants détaillants du Mali. Les raisons invoquées sont que la liste consensuelle établie de commun accord sous la houlette du Groupement des commerçants maliens (GCM) présidé par Soya Golfa a malicieusement été mise aux oubliettes par la tendance Boubacar Tandia. Ce dernier qui avait accepté le principe de la liste consensuelle en donnant les noms de ses candidats membres consulaires au même temps que ceux des listes A commerce, service et industrie, n’a plus tenu parole. Son camp a déposé une liste parallèle au niveau de la commission électorale, qui a ainsi constaté un doublon.
A cause du refus du camp d’en face de corriger l’impaire, le groupement a été obligé de revenir sur la constitution de ses listes avec les noms de ses ténors comme Ousmane Guittèye au commerce, Mamadou Tiény Konaté au service et Tahirou Sy à l’industrie et qu’il a déposées auprès de la commission électorale dans un délai de 48h.
Malgré cette incongruité, le directeur de campagne de Boubacar Tandia, Hama Abba Cissé accuse de trahison ses adversaires de la liste B. il se défend que le dépôt d’une deuxième liste a été faite par certains de leurs éléments qu’ils ne contrôlent pas sans pourtant daigner retirer la liste controversée. Il prétend même que c’est la liste A qui leur a joué un sale tour en refusant de prendre leurs listes en compte. Selon lui, « c’est parce que nous n’avions pas confiance en nos interlocuteurs que nous sommes allés déposer une autre liste ». M. Cissé a ajouté qu’ils sont ouverts au dialogue.
Aux dires de Mamadou Baba Sylla, coordinateur de la liste A, « les arguments de Hama Abba Cissé sont légers et sans fondements ». Selon lui, le consensus accepté par tous a été brisé par la liste B, qui était dès le départ animé par une velléité divisionniste. « Malgré leurs explications alambiquées sur la présence d’une deuxième liste, ils n’ont pas voulu la retirer », a-t-il dit. Avant d’ajouter que « c’est quand ils ont compris qu’ils ont été lâchés par le gotha des commerçants à cause de leur forfaiture qu’ils ont voulu faire marche arrière. Ils ont même essayé d’intimider certains en disant qu’ils ont été envoyés par des autorités de la place ».
Youssouf Bathily, lui aussi membre de la liste A, a expliqué que ces manœuvres sont le travail fractionnel de quelques individus tapis dans l’ombre et qui prennent leur vessie pour des lanternes. « L’important est d’être élu d’abord membre consulaire sans lequel nul ne peut être élu membre du bureau de la CCIM », a dit M. Bathily.
Hamma Abba Cissé, par qui le scandale est arrivé, est connu comme un mouton noir dans le secteur privé malien. Certains de ses camarades évoquent comme si c’était encore hier la crise née des élections consulaires de 2006. A cette époque-là, le mouton noir a encore joué des manœuvres dilatoires et frauduleuses pour aider Jeamille Bittar dont il était le directeur de campagne à se faire élire président de la CCIM. Commerçant détaillant devant l’éternel, il a réussi à s’inscrire sur la liste des commerçants grossistes alors qu’il y a une liste cette année pour les commerçants détaillants. Il est da ses œuvres pour rééditer le coup pernicieux dont il est seul à avoir le secret en faveur de son poulain Boubacar Tandia. La vérité des urnes éclatera au grand jour.
Amadou SIDIBE