Pression fiscale, hausse des tarifs de l’électricité et coupes drastiques dans certains budgets sont autant de conséquences des derniers cas d’endettement du Mali, selon la Coalition des alternatives africaines Dette et Développement (CAD Mali). Pour cette organisation de la société civile, la crise grecque est l’occasion de dénoncer de nouveau le cycle infernal de la dette qui tue l’économie du Mali et compromet l’avenir des jeunes.
Le niveau de l’endettement du Mali demeure inquiétant, a estimé Broulaye Bagayogo jeudi dernier lors d’une conférence de presse à Bamako. Toutefois, ajoute l’expert de CAD Mali, les derniers rapports de la Direction nationale de la dette publique se font attendre sur la situation de l’endettement du pays pour le premier semestre 2015 et le dernier semestre 2014.
A en croire Babagyogo, dans le cadre de la mobilisation des fonds de Bruxelles pour la reconstruction du Mali, le gouvernement malien et le FMI ont signé une lettre d’intention le 2 décembre 2013. Cette lettre contient des mesures d’austérité déjà mises en application par le Mali: l’augmentation des tarifs d’électricité, l’arrêt de la subvention du gaz et surtout la non accumulation des arriérés de dette.
Il y a quelques mois, le gouvernement malien a annoncé l’annulation de la dette monétaire du Mali par la France d’un montant de 43 milliards de francs CFA. Mais pour CAD Mali, cette annulation est une fausse bonne nouvelle. Depuis 1984, la France détenait cette créance sur le Mali, dont le montant initial était de 150, 2 milliards de francs CFA.
Cette dette en question est née au moment de la réintégration du Mali dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en 1984. Elle avait été annulée en partie en 2003 pour être par la suite plusieurs fois réaménagée. Depuis 2007, un mécanisme d’annulation-conversion de la dette existe. Ainsi, les échéances de remboursement du Mali sont, dès leur versement à la France, converties en aide budgétaire revenant au Mali. Hors, la date d’échéance de la dette annulée par la France était fixée à 2019.
La crise de la dette de la Grèce justifie la sortie de CAD Mali dont les responsables affirment leur soutien au peuple grec. Pour Issa Sacko, président de CAD Mali, depuis les indépendances, les pays africains vivent ce que la population de la Grèce vit actuellement. Des mesures d’austérité, indique-t-il, sont imposées aux populations du sud par les créanciers à travers les programmes d’ajustement structurels, les fonds des Pays pauvres très endettés (PPTE) et les Initiatives d’allègement de la dette multilatérale (IADM).
Le président de CAD Mali demeure convaincu que l’objectif principal des créanciers reste toujours le même: assurer le remboursement de la dette. Pour mémoire, les conditions de la dette malienne ont eu des conséquences économiques graves, entrainant la fermeture et la privatisation d’un certain nombre d’entreprises publiques.
Sur 90 entreprises publiques créées en 1985, il ne restait plus que 36 en 1998, 26 ayant été liquidées et 28 privatisées.
Les effectifs de la fonction publique passent de 45 000 en 1991 à 37 000 en 1998, et les salaires publics subissent une baisse comprise entre 11 et 18%. La pression fiscale est passée de 8,5% en 1988 à 14% en 1998. La masse salariale des fonctionnaires qui absorbait 75% des recettes fiscales du gouvernement en 1988 ne représente plus que 27% en 1998.
Soumaila T. Diarra