Le comité de suivi de l’accord de paix et de réconciliation mis en place après la signature de l’accord, poursuit ses travaux dans la capitale malienne. Après la validation du règlement intérieur par les différentes parties, il est question du calendrier et des membres devant siéger dans le comité. Joint au téléphone par Sahelien.com, Sidi Brahim Ould Sidati, chef de la délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), fait le point du déroulement des travaux.
Sahelien.com: Après l’adoption du règlement intérieur, où en êtes-vous avec la désignation des membres des commissions?
Sidi Brahim Ould Sidati, chef de la délégation de la CMA: Les travaux ont pris fin hier, aujourd’hui c’est des concertations pour achever certains détails. Il y a un point qui n’a pas été défini et qui concerne les membres statutaires. C’est ce point qui demande beaucoup plus de réflexion et de concertation. En fait, il y a certains mouvements dissidents qui ont signé l’accord le 15 mai qui ne représentaient aucune partie. L’accord était entre le Gouvernement, la Coordination et la Plateforme. Donc il faut essayer de leur trouver un moyen de représentativité, c’est ça le point de discorde qui en réalité n’est pas un blocage mais demande des réflexions et une solution originale. Donc à un certain moment, politiquement ils les ont acceptés, finalement en les acceptant, ils ont créé une entorse à la procédure. Maintenant il faut trouver un moyen de remédier à ça.
Sahelien.com: Combien de personnes doivent siéger dans les commissions ?
Sidi Brahim Ould Sidati : Ce n’est pas une question de quota mais plutôt de principe. Il y a trois parties et non quatre. Les signatures sont admises pour les parties. Si les mouvements se détachent pour signer, ils doivent rentrer dans l’une ou l’autre entité. C’est un problème de principe, parce que ceux qui ont signé se réclament de qui ? S’ils se réclament de la Coordination, elle n’a pas signé le 15 mai, ni délégué personne pour signer ce jour-là. La Plateforme aussi ne les reconnait pas. Une fois qu’on détermine dans quelle partie du processus ils sont, c’est facile de trouver la représentativité.
Sahelien.com: Quelles sont les priorités de la commission ?
Sidi Brahim Ould Sidati: La commission est composée de sous-commissions thématiques. Il s’agit entre autres de la sous- commission institutionnelle, la sous- commission défense et sécurité, la sous-commission développement et la sous- commission justice et réconciliation. Chacune de ces commissions a ses priorités. Mais avant, il y a les urgences, c’est-à-dire l’arrêt des hostilités, les mesures de confiance, pour permettre la libre circulation des personnes et de leurs biens, dont va s’occuper la sous-commission défense et sécurité. C’est cette commission qui a plus de problèmes, car il y a les accords de cessation des hostilités à faire respecter, les prisonniers à libérer etc. Sans oublier, l’appui d’urgence aux populations dans les zones les plus touchées. Voilà en gros les urgences à régler avant d’arriver aux priorités. Ces priorités sont transversales entre les quatre sous-commissions, car en réalité toutes les commissions doivent travailler ensemble pour que les choses avancent. Elles ont toutes des priorités interdépendantes.
Sahelien.com: Comment fonctionne le comité de suivi ?
Sidi Brahim Ould Sidati : J’attire d’abord l’attention sur deux choses qui sont différentes : il y a la commission d’exécution et a le comité de suivi. L’exécution c’est plutôt, le gouvernement et les parties qui doivent le mettre en œuvre. Donc il faut une exécution pour qu’on puisse faire un suivi. Cela veut dire que le gouvernement doit présenter un projet d’exécution, comme un accord avec les autres parties, à l’appréciation du comité de suivi.
Sahelien.com: Avez-vous déjà adopté le budget de fonctionnement des commissions?
Sidi Brahim Ould Sidati : Par rapport à la commission de suivi dont je suis membre, il y un budget parce qu’il faut que la commission de suivi soit indépendante, en terme de secrétariat, par exemple. c’est pas un budget colossal mais pour permettre une certaine indépendance à la commission.
Sahelien.com: La CMA serait-elle dans le gouvernement s’il y a remaniement ?
Sidi Brahim Ould Sidati : Ce n’est pas la volonté de la CMA de faire partir du gouvernement, mais c’est l’accord qui définit les prochaines étapes d’exécution. Cela veut dire qu’à un moment donné, le Mali et la CMA étaient en belligérance et maintenant ils ont signé un accord, donc ils doivent construire tout le reste ensemble. Bref, il s‘agit de refonder tout le système démocratique du pays pour que chacun s’y retrouve. Donc obligatoirement, il faut qu’ils (membre de la CMA) participent, qu’ils s’y reconnaissent, pour qu’après on se dit que le nouveau Mali, on l’a construit ensemble.
Sahelien.com: Quels sont les portefeuilles que vous envisagez ?
Sidi Brahim Ould Sidati : Il n’est pas question de postes, il s’agit d’abord de trouver une concertation sur le partage du pouvoir et des responsabilités. Maintenant qu’on a trouvé un accord, il s’agit pour nous, de nous asseoir à table pour trouver un consensus prouvant qu’actuellement on est ensemble et les responsabilités seront partagées. Je pense que la question de poste ne sera pas un problème. Il s’agira plutôt de responsabilité à assumer.
Sahelien.com: Comment voyez-vous la mise en œuvre de l’accord de paix?
Sidi Brahim Ould Sidati :Il est très difficile de se prononcer maintenant. Pour moi, c’est une étape. On vient de signer un accord il y a un mois, mais je pense que plus on fait vite plus c’est mieux. Si toutes les parties ont la volonté et nous avons les partenaires au développement qui sont avec nous, je pense que c’est une opportunité à saisir pour construire quelques de positive et avancer très vite dans l’exécution.
Sahelien.com: Quels sont les obstacles, selon vous ?
Sidi Brahim Ould Sidati: La vie c’est des obstacles. Mais tant qu’il y a la volonté et le courage d’assumer nos responsabilités, il n’y a pas d’obstacle qu’on ne puisse surmonter. Depuis le début des négociations, il n’y avait que des obstacles, mais avec le courage, la détermination et la volonté politique on y arrivera.