Le ministre Mohamed Aly Bathily fait encore parler de lui. Après ses frasques à la tête du département de la justice, voilà qu’il se retrouve au cœur d’une nouvelle affaire. En effet, après avoir ordonné, le jeudi 23 juillet dernier, la démolition d’une soixantaine de maisons à Souleymanebougou (sud-est de Bamako) ; Bathily aurait été contraint de faire marche arrière, avec l’arrêt immédiat de la « casse ». Ce, après que plus de la moitié des bâtiments ciblés aient été réduits en poussières. Pourquoi ? Aucune explication officielle n’est encore disponible. Cependant, il nous revient que des villas (de haut standing) appartenant à des dignitaires du régime auraient été concernés si l’opération avait été conduite à terme.
Le jeudi 23 juillet, l’atmosphère était très tendue à Souleymanebougou, un quartier situé au sud-est de Bamako. Et pour cause. Les habitants dudit quartier ont été réveillés par trois bulldozers, venus démolir leurs habitations que l’on dit construites dans le lit du fleuve Niger. C’est du moins le motif invoqué par le ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières, Mohamed Aly Bathily qui aurait ordonné le déguerpissement, sans au préalable avertir les occupants du lieu. Inédit !
Pour ce faire, une armada d’agents de forces de l’ordre (policiers et gardes) avaient été mobilisés. Ainsi, sans ménagement, les victimes ont été expulsées de leurs maisons qui ont été réduites (avec leurs contenus) en poussière par les bulldozers. « La plupart d’entre nous n’ont pas eu le temps de prendre même une aiguille » témoigne une victime. Les dégâts sont estimés à plus de 10 milliards de francs CFA.
Selon des observateurs, le ministre a manqué de clairvoyance dans la conduite de cette affaire qui, faut-il le rappeler, dure depuis 30 ans. Il aurait agi conformément aux vœux de l’ACI, la SEMA et d’autres agences immobilières qui se disent propriétaires de la zone concernée. En effet, ces agences se seraient plaintes auprès du ministre qui a aussitôt effectué, précisément le 30 juin dernier, une visite à Souleymanebougou. Cette thèse, selon laquelle les constructions démolies se trouvent sur des parcelles appartenant à des agences immobilières, est battue en brèche par des victimes qui affirment avoir acquis leur parcelle auprès des autorités compétentes de Kati, d’où relève Souleymanebougou.
Le hic dans cette affaire, c’est que l’opération a été brusquement interrompue, sans que l’on ne sache réellement pourquoi. En effet, après que 51 villas et immeubles aient été démolis, l’équipe aurait reçu l’ordre d’arrêter l’opération, le vendredi. Si aucune explication n’a été fournie jusque-là par le ministre Bathily; des indiscrétions rapportent cependant que des dignitaires du régime IBK auraient des immeubles dans la zone concernées par la démolition. Sont cités : Karim Keïta, fils du président de la République, et Issaka Sidibé, président de l’Assemblée nationale. Ces deux personnalités, tous membres de la « famille présidentielle » auraient des immeubles gigantesques (finis ou en chantier) dans la zone.
Cette situation de deux poids, deux mesures, en ajoute à la colère de ceux qui ont assisté impuissamment à la destruction de leur maison, fruit de dur labeur. Ils enchainent sit-in et manifestations, espérant qu’ils seront mis dans leur droit. Il est à préciser qu’aucune zone de recasement n’a été proposée aux victimes. Reste à savoir si la justice aura les coudées franches pour régler cette affaire qui défraie la chronique.
Sambou Diarra