Le 21 juillet dernier, les nouvelles n’étaient pas bonnes au Ministère de l’Education nationale. Avec la proclamation des résultats du Baccalauréat Malien, session de juin 2015, les 131.103 candidats à cet examen scolaire le plus populaire, ont été fixés sur leur sort. Le taux de réussite est à la limite maigrichonne et squelettique. C’est pratiquement la récidive de la douleur du Bac 2014 avec un pourcentage de 17,99%. Et le Ministre de l’Education nationale Barthélémy Togo ne doit être si fier. Il n’a pas encore réussi, là où son prédécesseur Jacqueline Nana a lamentablement échoué. Pourquoi ce fiasco ?
Les résultats obtenus ces dernières années aux examens nationaux sont à la fois maigrichons et squelettiques. Ils sont loin de plaider en faveur d’une école formatrice de cadres pour relever les grands défis. Avec un taux de réussite de 34% au Diplôme d’Etudes Fondamental en 2015 et de 17,99% au Baccalauréat Malien, l’on est en droit de s’interroger sur les causes fondamentales des échecs scolaires. Pourquoi ce fiasco qui n’honore personne ?
En réalité, l’école malienne est confrontée depuis plus de deux décennies à de sérieuses difficultés. Des grèves intempestives, des cours bâclés par de pseudo enseignants, des effectifs pléthoriques, en passant par des années scolaires lacunaires, la création anarchique des écoles privées et des salaires impayés. Bref, difficile d’épuiser la liste de la pelle de difficultés qui assaillent l’école malienne.
La proclamation, le 21 juillet dernier, des résultats du Baccalauréat Malien, session de juin 2015 aura été une épreuve douloureuse à supporter tant pour les candidats que pour les parents. Les enfants sont tout simplement partis pour la boucherie au regard du pourcentage catastrophique, même s’il bat le record de l’année dernière à une virgule près. A preuve, le taux de réussite est de 17,99% en 2015 contre 16,27% en 2014.
Les statistiques sont, à la limite, écœurantes pour une nation en crise et qui place son espoir dans la fleur de l’âge. En effet, sur les 131.103 candidats au Baccalauréat Malien en 2015 dont 127.948 du Bac général et 3.155 pour le Bac technique, seulement 17, 99% des candidats sont admis. Ce taux de réussite assez maigre montre les efforts à fournir. N’en déplaisent à ceux qui affirment qu’il dépasse celui de l’année dernière. A l’heure de la culture de l’excellence et de l’intégration, doit-on continuer à se glorifier avec ces maigres récoltes en milieu scolaire ?
Autres chiffres qui ne plaident pas en faveur d’une école malienne performante: au Bac général, le taux de réussite des filles est de 16,18% contre 18,74% pour les garçons. A l’analyse l’on se rend compte que les jeunes filles ont ravi la vedette aux garçons. Toute chose qui mérite des félicitations de la part des Organisations de Femmes qui se battent tant bien que mal pour une scolarisation massive des filles.
Cependant, le total définitif du Bac général n’est pas à la hauteur des attentes. Il est fort malheureusement au bas étage : 17,82% en 2015 contre 16,24% en 2014.
S’agissant du Bac technique, là aussi les filles ont enregistré un taux de succès de 21,20% contre 26,18% pour les garçons. Considérant que les garçons ont un effectif qui dépasse de loin celui des filles, sans risque de se tromper, ces dernières ont pu tirer leur épingle du jeu. Le taux de réussite du Bac technique est de 24,42% de succès contre 17,33% l’année dernière.
La Rive Droite de Bamako a plus travaillé que la rive gauche. Elle a enregistré un taux de succès de 19,30% tandis que la Rive gauche a fait 18,40%.
Dans les régions administratives du Mali, c’est la région de Mopti qui tient la tête du classement au Bac Malien en 2015 et celle de Gao occupe la queue du peloton. Les chiffres : Gao a enregistré un taux de réussite de 6,31%, Kayes (14,76%), Koulikoro (16,18%), Mopti (22,05%), Ségou 20,22%), Sikasso (15,89%).
Le taux définitif est de 17,99% contre 16,27% en 2014.
Causes réelles du fiasco au Bac
Le Baccalauréat est menacé au Mali pour plusieurs raisons.
D’abord, quoi qu’on dise, notre système éducatif ne s’alignera jamais sur la ligne de la performance tant que les années lacunaires continuent à se succéder. Les élèves passent chaque année d’une classe à une autre avec des lacunes. Pis ceux qui doivent être renvoyés passent. C’est certainement le début d’une longue histoire dont l’héroïne s’appelle la Nouvelle Ecole Fondamentale(NEF).
La seconde cause, c’est la responsabilité des enfants qui ne veulent fournir aucun effort pour réussir. Ils veulent gagner tout sur un plateau d’argent. A l’approche des examens, ils comptent plutôt sur les fuites de sujets et les réseaux maffieux que sur leurs valeurs intrinsèques. Ils passent toute l’année scolaire à faire l’école buissonnière au su et au vu d’une administration scolaire laxiste et impuissante.
En troisième lieu, il ya de la prolifération d’écoles privées avec des promoteurs véreux et des professeurs souvent non qualifiés qui enseignent du n’importe quoi aux enfants. Parmi ces derniers, figurent cependant de bons professeurs gonflés d’heures, évoluant dans les écoles publiques, qui n’ont même pas le temps de préparer les leçons.
En outre, la correction a pénalisé les candidats quelque part. Des correcteurs qui ne tenaient pas de classes d’examen ont corrigé avec une plume rapide, les épreuves du Baccalauréat à cause de l’appât du gain. Il y avait aussi ceux qui sont tapis au fond des Bureaux qui sont devenus correcteurs.
Enfin l’Etat avec ses multiples difficultés ne peut plus orienter des milliers de bacheliers dans les Universités publiques pour ensuite faire face à la bataille des bourses. Peut -être une astuce de pouvoir contrôler les effectifs pléthoriques.
C’est en partie ce qui justifie le faible taux de réussite au BAC. Le Ministre de l’Education Nationale Barthélémy Togo doit redoubler d’efforts pour réussir là où ses prédécesseurs ont échoué.
Moussa Wélé Diallo