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Occupation illicite de la Forêt classée de Tienfala par des particuliers : Les populations réclament l’intervention du ministre Bathily
Publié le mardi 28 juillet 2015  |  Le Tjikan
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© aBamako.com par Androuicha
Visite de terrain effectuée par le ministre Mohamed Aly Bathily
Bamako, le 30 juin 2015. Le ministre des affaires foncières et des domaines de l`Eta, M. Mohamed Aly Bathily a effectué une visite de terrain à Souleymanbougou dans le cercle de Kati en région de Koulikoro pour s`enquérir du niveau d`occupation illicite de la servitude de la rivière Farako.




Sur sa superficie initiale de 3000 ha, la forêt classée de Tienfala en a déjà perdu plusieurs centaines. Selon nos investigations, les auteurs de ce délit seraient un réseau de jeunes spéculateurs fonciers basé à Sala, un des villages voisins de Tienfala, en complicité avec certains agents véreux des services des domaines de Kati.

Excédé par ces pratiques, le collectif des villages riverains de la forêt classée de Tienfala, réclame l’intervention du ministre des Affaires Foncières des Domaines de l’Etat et du Patrimoine Mohamed Aly Bathily pour restituer à l’Etat son patrimoine et traduire les auteurs devant les juridictions compétentes.

Domaine privé et patrimoine forestier de l’Etat et de la Nation malienne, la forêt classée de Tienfala est, depuis quelques années, devenue une des cibles privilégiées des spéculateurs fonciers et leurs complices qui rodent comme des vautours autour des villages environnants de Bamako. Pour eux, toute portion de terre est bonne à vendre ou presque, pourvu que leur tube digestif ne souffre pas de faim. Selon nos investigations, c’est une bande de spéculateurs fonciers basée à Sala, village voisin de Tienfala, qui serait en train de vendre des parcelles dans la forêt classée de Tienfala. Et ce en complicité avec certains agents des services des domaines de Kati. Le nom d’un conseiller communal à la mairie de N’Gabacoro Droit est également cité. Ainsi contre espèces sonnantes et trébuchantes, plus de 150 titres fonciers ont été délivrés par le service des domaines de Kati sur les espaces de la forêt classée de Tienfala. Au nombre des occupants figurent : N’Dèye Fadiga, un puissant opérateur économique, qui, selon nos investigations y posséderait environ 80 hectares situés aux abords de la RN6 un autre opérateur économique, Mafa Haïdara, posséderait quant à lui 2 hectares. D’autres personnes comme Seydou N’Diaye, patron de la société d’import-export (SNF), les frères Simpara, la société d’Import Export Diarra SOMASSAF SARL sont également cités parmi ceux qui possèdent plusieurs hectares de parcelle dans la forêt classée de Tienfala. Mais aussi un douanier dont le nom nous est encore tenu secret, aurait acheté sa parcelle à environ 70 millions de Fcfa. Ainsi que plusieurs autres têtes couronnées de l’administration publique dont qui y possèdent des parcelles de terre. Au cours de notre visite sur les lieux, nous avons pu constater également des constructions en plein centre de la forêt dont un étage appartenant à un haut gradé de l’armée.

Selon une source locale, en 2012, certains militaires avaient aussi profité du désordre créé par le coup d’Etat du 22 mars, pour morceler une grande partie de la forêt en parcelles. Des bornages qui ont été enlevés par le soin des services des Eaux et Forêts après le retour du pays à la normale. Toute chose qui prouve à suffisance l’amateurisme ou du moins le degré de gravité de la corruption qui règne dans l’administration publique malienne. Car, si l’on se réfère aux textes, la procédure d’attribution du titre foncier exige aux services compétents, à savoir les services des domaines de l’Etat, l’envoi des agents sur le terrain pour mener des enquêtes commodo et incommodo, afin de savoir si le titre doit être délivré ou pas sur l’espace en question. Un des principes clés de la longue procédure d’attribution de titre foncier, qui depuis des décennies est foulé par des agents publiques. Curieusement, suite à l’interpellation des populations des villages riverains de la Forêt classée de Tienfala depuis l’époque d’ATT à nos jours, environ cinq ministres se sont déjà rendus sur les lieux pour constater les faits. La dernière en date est celle effectuée par l’actuel ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maïga en 2014, précédemment ministre de l’Environnement et de l’Assainissement. Des visites de terrain que certains assimilent à tord ou à raison à une promenade de santé, car n’ayant abouti à aucune mesure pouvant sauver la forêt.

Les campagnes de reboisement : de la poudre aux yeux

Le hic qui fait paradoxe en est que tandis que des centaines d’hectares d’arbres sont en train d’être rasés au fil des années, les autorités avec en premier chef, le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement organisent chaque année des campanes de reboisement financées à coût de millions de Fcfa. Et comme dans plusieurs autres forêts classées à travers le Mali, cette année la Forêt classée de Tienfala a été prise en compte par la campagne nationale de reboisement.

« C’est du gâchis. Il est plus facile de sauvegarder l’existant. La forêt classée doit être enrichie» martèle un vieux notable de Tienfala, qui connaît bien l’histoire de la forêt classée de Tienfala. « Dans les années 1970 dans cette forêt, il y avait encore des lions. Mais aujourd’hui on y voit même plus les singes », nous a-t-il confié avec tristesse. Avant d’ajouter : « Nous nous battons pour la sauvegarde de cette forêt depuis plusieurs années et nous ne relâcherons jamais quoi qu’il arrive. L’histoire retiendra quand même que nous avons fait de notre mieux pour sauvegarder un pan important de notre patrimoine ».

Les agents des Eaux et Forêts laissés pour compte

Quant aux agents des Eaux et Forêts qui sont chargés de la protection de la forêt classée de Tienfala, ils travaillent avec toutes les peines du monde. Comme nous l’avions si bien dit dans notre édition précédente, un d’entre eux a été interpellé au camp I de la gendarmerie par l’opérateur économique N’dèye Fadiga. Son crime : avoir fait son travail de surveillant de la forêt classée, en empêchant des employés de N’Deye Fadiga de défricher la forêt pour en faire un champ ou construire des fermes. Selon nos investigations, bien qu’ayant été informée de l’interpellation d’un de ses agents au camp I, la direction régionale des Eaux et Forêts de Koulikoro n’a jamais bronché. Et aussi triste que cela puisse paraître, ils sont dépourvus de tout moyen. Pis selon nos sources, près quatre agents des eaux et forêts ont été mutés, rien que pour s’être opposé à l’occupation de la forêt classée.

Pauvre Mali !

A suivre…

Lassina NIANGALY
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