Le mardi dernier, la capitale malienne n’a enregistré aucun mouvement ou attroupement allant dans le sens de la protestation contre la démission forcée du Premier ministre Cheick Modibo Diarra. En effet, comme si de rien n’était, et sans dramatiser cette affaire, les Bamakois ont tranquillement vaqué à leurs affaires.
Nommé le 17 avril dernier conformément à l’Accord-cadre élaboré par le CNRDRE et la CEDEAO, le Premier ministre de « plein pouvoir » a été contraint et forcé de quitter la Primature. Après l’avoir empêché d’aller à son rendez-vous médical à Paris, les hommes armés du Capitaine Sanogo ont finalement arrêté Cheick Modibo Diarra avant de l’amener à Kati, QG des putschistes. Suite à une discussion houleuse qui a duré des heures entre lui et le Capitaine Sanogo, Cheick Modibo Diarra s’est enfin plié à la volonté des militaires. C’est ainsi que le matin du mardi dernier, il a fait sa déclaration de démission aux environs de 4 heures.
Cette démission du Premier ministre n’a fait objet d’aucune révolte dans la ville de Bamako, en tout cas pas le mardi-là. Comme si les populations de la capitale sont désormais blasées de ces changements qui n’en finissent plus au sommet de l’Etat. Les activités commerciales et les services n’ont pas été atteints par ce coup forcé. Quant aux forces politiques, la société civile et les confessions religieuses, elles se sont réjouies de la démission forcée de Cheick Modibo Diarra, du moins si l’on se réfère au fait qu’aucune autre déclaration n’a été prononcée le jour de ladite démission par aucune organisation de ces forces vives de la Nation. Autrement dit, le climat était à la normale dans la capitale malienne, même si certains craignaient un autre soulèvement populaire. D’ailleurs, ces derniers ont fini par s’occuper de leurs différentes activités quotidiennes.
En réalité, ce lourd silence des populations bamakoises qui a suivi la démission de Cheick Modibo Diarra indique qu’il n’était plus leur chouchou depuis longtemps. La preuve : des affiches réclamant sa démission étaient bien visibles sur certaines artères et ronds-points de la ville. D’ailleurs, ces affiches étaient là depuis plus d’un mois. Quant aux alliés d’hier du Premier ministre déchu (la communauté musulmane), ils ont précisé, par voix de presse, qu’ils ne sont pas avec Cheick Modibo Diarra et ont donnant des détails. Pire, les putschistes et leurs alliés de la société civile avaient crié à sur tous les toits que Cheick Modibo Diarra est incompétent et qu’il ne fait pas l’affaire du Mali. A l’occasion, Kati et l’Etat-major des armées ont divulgué à la commission Défense et Sécurité de l’Assemblée nationale que c’est le Premier ministre qui a empêché l’intervention militaire de l’armée malienne au Nord-Mali pour la reconquête des régions occupées par les bandits armés. En plus, le forum des organisations de la société civile et le front démocratique avaient déclaré inacceptables les concertations nationales organisées par la Primature. Aussi, cette démission forcée du Premier ministre n’a pas été une surprise pour les Bamakois. Mais les gens s’attendaient plutôt à la manière dont il a été contraint de quitter son poste. Quoi qu’il en soit, il faut admettre que « du feu couve toujours sous la cendre ».