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Installation de la radio MIKADO des Nations-Unie au Mali : La partition programmée du pays par la France
Publié le mercredi 29 juillet 2015  |  Le Reporter
Radio
© Autre presse par DR
Radio Mikado de la Minusma




Depuis le 16 juin 2015, une nouvelle radio appelée MIKADO émet sur les fréquences
106.6 à Bamako, 94.0 à Gao, 92.6 à Tombouctou et 91.8 à Mopti, 94. C’est une nouvelle
radio, celle des Nations-Unies qui vient s’ajouter à la kyrielle de radios privées qui
existent au Mali.

Dans un pays où les radios ne manquent pas et où on dénombre plus de 300 radio libres, pourquoi une telle radio de plus ? Pourquoi la Minusma n’a-t-elle pas tout simplement lancé, comme l’Unesco l’avait fait avec les Centres MultiMedia Communautaires (CMC) financés par la Coopération suisse de 2003 à 2011, un vaste programme de renforcement des capacités des radios existantes pour en faire ses véhicules pour la paix et la réconciliation nationale ? Ce ne sera pas plus efficace, si ce n’est que pour résorber le chômage ambiant des pays donateurs qui envoient leurs ressortissants pour occuper les meilleurs postes aux frais des aides allouées au Mali pour la crise, au détriment d’une véritable mise à niveau des radios libres existantes que l’on aurait pu aider à mieux se porter. Nous n’avons pas de bons pressentiments quand ce sont directement les Nations-Unies qui créent leur radio dans un pays en guerre qui engage un processus difficile de paix et de réconciliation nationale.


La crainte est que la Minusma privilégie l’opinion publique jugée plus favorable à la minorité arabo-touarègue au détriment de la grande majorité des populations noires du Mali qui voient en elle, un prolongement de la politique extérieure de la France sous couvert des Nations-Unies. Dans une interview réalisée par nos confrères de Journaldumali.com, à travers des questions habiles de Mame Diarra Diop, en date du 26/06/2015, la chef de la radio, Hélène Papper, reconnaissait que «MIKADO FM a été lancée pour contribuer à établir une paix durable et promouvoir la cohésion nationale en servant à établir un dialogue plus direct entre tous les acteurs qui participent au processus de paix en cours et les populations du Mali». C’est un désaveu de taille pour dire que l’Ortm et ses démembrements ainsi que la kyrielle de radios privées du Mali ne font pas bien leur travail. Dans la forme, l’analyse n’est pas fausse et interpelle le ministère en charge de l’Ortm et de L’Essor, médias d’Etat. Mais dans le fond, cette attitude cache bien un dessein inavoué : celui de contribuer, sous le prétexte d’une radio de la paix, à préparer les esprits pour une partition future du Mali. Comme pour le projet avorté avec les Kurdes en Irak, la

France envisage de se racheter en créant, par tous les moyens, son vieux rêve de l’OCRS dont le projet de création demeure encore à ce jour une loi en vigueur de la République française, qui n’a jamais été abrogée. Elle oublie gravement que les grands empires ne meurent jamais et que le Mali aura le ressort nécessaire, cent ans après un tel forfait, de recouvrer par tous les moyens possibles son intégrité quand de dignes fils de ce pays prendront un jour les rênes du pouvoir d’Etat. Le Mali ne se limite pas à ses dirigeants actuels et l’avenir d’un peuple ne se joue pas en l’espace d’une mission, fût-elle celle des NationsUnies. Ici, aucun Malien n’acceptera de céder un centimètre de notre territoire à qui que ce soit. Si la France n’a pas accepté de donner l’indépendance aux Corses ou aux Basques, l’Algérie à la Kabylie et le Sénégal à la Casamance, pourquoi c’est au Mali de se priver d’une partie de son territoire pour donner l’indé- pendance à une poignée d’Arabo-touaregs manipulée par

la France pour ses intérêts géostratégiques. Le Mali sous tutelle Le Mali est décidément sous tutelle voilée, sinon comment comprendre que MIKADO puisse, comme Mme Hélène Papper le dit, être un outil pour la Minusma, le système des Nations-Unies et ses partenaires internationaux à être mieux à l’écoute des citoyens maliens pour mieux cibler leurs besoins. La Chef de cette radio poursuit que cette «MIKADO a pour but de créer un cadre qui favorise l’échange, le partage d’informations dans tous les domaines. Mais aussi de baisser les tensions qui naissent souvent d’un manque d’information ou d’une information erronée». Est-ce à dire que les informations officielles données par les organes de presse de l’Etat malien et par les radios libres sont erronées et non fiables ? Mikado connaî- trait-elle le Mali mieux que les Maliens eux-mêmes ? Et c’est à MIKADO de «s’assurer que les auditeurs qui ne comprennent que le Songhaï, le Tamasheq, le Bambara, l’Arabe ou le Peuhl puissent accéder aussi aux informations», ajoute-elle. C’est un désaveu et un aveu d’échec de l’Ortm et de L’Essor qui doivent revoir leur copie de la conception de m é d i a d’Etat. Sur ce point, le constat est juste qu’autant les Maliens qui parlent Fran- çais ont droit à l’information tous les jours, autant ceux qui ne parlent que les langues nationales ont besoin d’informations pour vivre et cela, tous les jours aussi. Les cantonner à une information sélective, juste une fois par semaine dans «Dogokun Kibaru» est mal faire son métier d’informer dans le contexte d’un pays en crise. C’est pourquoi une autre lecture est de comprendre et de dire que le programme de la TM2 et de l’Ortm doit être totalement repensé pour en faire non une presse d’Etat, mais un média du Peuple. Pour revenir à notre sujet, MIKADO a quelles expertises, si ce n’est celles d’autres Maliens qu’on débauchera des radios libres, qu’on aurait dû tout simplement renforcer pour une paix durable, pour tenir compte de la question linguistique en parlant aux auditeurs dans la langue qu’ils comprennent. Et en choisissant de ne couvrir que les seules régions du Nord, MIKADO viole le principe d’universalité qu’elle entend défendre.

Un logo qui en dit long sur la partition programmée du pays Il faut reconnaître que les questions de justice équilibrée sont des jugements de valeur et cela dépend de sous quel angle on traite les informations et selon quelle ligne éditoriale. Ce qui nous inquiète de plus est que le logo choisi en dit long sur le dessein caché de cette radio. Nous pensons qu’on veut avoir le peuple malien à l’usure et que la radio va tout simplement contribuer à pré- parer les esprits pour accepter une partition programmée de longue date par la France et ses alliés des Nations-Unies au Mali. Regardez bien le logo de cette radio, que vous inspiret-elle, si ce n’est la partition du Mali entre un Mali du Sud noir et un Mali du Nord supposé blanc, et voulue comme telle. Les deux Mali sont séparés par le travail d’une radio qui informera audelà du Mali et fera admettre à l’extérieur le faux cliché que l’Occident a d’une population arabo-touarègue du Mali, dirigée par un pouvoir noir de mauvais dirigeants qu’il faut déstabiliser. Notre inquiétude se renforce doublement quand nous constatons qu’Hélène Papper est aussi celle qui a dirigé la radio des Nations-Unies lors du réfé- rendum pour l’indépendance au Sud Soudan. Les mêmes schémas sont supposés produire les mêmes effets et c’est le schéma du Sud Soudan qui est écrit pour nous. On veut l’appliquer au Mali aujourd’hui ou demain. C’est à nous de le savoir et de dé- fendre chaque centimètre carré de notre pays comme s’il s’agissait de la prunelle de nos yeux. Suivons bien cette radio, écoutons-là pour éviter qu’elle ne fabrique et prépare les esprits au Nord du Mali, à exiger un référendum ficelé d’auto-détermination, quand ils sentiront que les esprits sont réceptifs à une telle idée. Une école de pensée particulière On ne pouvait mieux dire en reconnaissant que «la dé- marche de MIKADO s’inscrit dans une école de pensée particulière». On ne décortique jamais l’actualité nationale et internationale sans ligne éditoriale précise, tout comme RFI n’ira jamais à l’encontre des orientations de la politique étrangère française dont elle est le bras vocal. Donc, une ligne éditoriale est toujours au service d’une cause. Une langue et une région à

l’honneur sur la radio MIKADO Qui sait ce qu’on dira en la langue tamasheq quand la région de Kidal sera à l’honneur sur Mikado ? Forcé- ment, on dira des choses pour conforter leur logique d’abandon des régions du Nord par le pouvoir en place, en oubliant que le Sud a depuis toujours les mêmes revendications de développement et demande la même attention comme la région de Sikasso, reconnue par l’Unicef comme une zone de malnutris bien que regorgeant de tout. C’est aussi une sorte d’abandon. Mais jamais, le Sud n’a pris les armes pour revendiquer. Mais est-ce que la radio MIKADO est prête à assener de telles vérités à nos compatriotes touaregs en langue tamasheq ? Reste à voir et à entendre. Nos autorités devraient commencer par faire un audit des radios comme Onuci en Côte d’Ivoire ou Okapi en RDC pour prévenir les dérives éventuelles de MIKADO au Mali.

La vigilance doit être de mise C’est donc aux Maliens de se préparer pour participer massivement dans le sens du respect de l’intégrité du Mali à la libre antenne que MIKADO ouvrira par télé- phone, SMS, sur les ré- seaux sociaux. La radio se donne une soupape en disant que les interventions doivent s’inscrire dans une logique de réconciliation. Il faut faire attention ici, pour que les appels à la justice ne soient pas refusés quand il s’agira de demander que les narcotrafiquants et les pré- tendus jihadistes arabes et touareg de la CMA soient remis à la CPI pour les exactions commises sur nos militaires à Aguelhok et à Kidal. On ne doit jamais accepter, au nom de la paix, que ceux qui ont égorgé de sang-froid des personnes humaines comme des moutons, parce qu’elles sont tout simplement noires, restent impunis. Sauf à reconnaître que la vie d’un noir équivaudrait moins à celle d’un blanc, qu’il soit Arabe ou Touareg. Parler ainsi n’est pas refuser la paix, mais

c’est une exigence de justice transitionnelle et pour le repos de ceux qui ont donné leur vie pour le Mali. Espérons que nos critiques aideront à alerter et à prévenir les Maliens de rester toujours vigilants pour faire en sorte que MIKADO soit comme le jeu auquel elle emprunte son si joli nom, celle de dire que l’Unité fait la force.

Correspondance particulière

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